Le virage stratégique est enclenché chez KTM. Après avoir injecté près de 800 millions d’euros pour sauver la marque autrichienne, le groupe indien Bajaj s’apprête à devenir actionnaire majoritaire de Pierer Mobility, la société mère de KTM, Husqvarna et GasGas. Et la nouvelle direction n’a pas l’intention de faire dans la demi-mesure : réduction des coûts, remaniement du conseil de surveillance et changement d’identité sont au programme.
Dès novembre 2025, Bajaj deviendra officiellement le propriétaire majoritaire de Pierer Mobility. L’opération a été validée par la Commission européenne des OPA, ouvrant la voie à une transformation en profondeur du groupe autrichien.
L’industriel Rajiv Bajaj souhaite imposer une gestion plus rigoureuse : “les coûts doivent être réduits, l’efficacité doit augmenter.”
Mais contrairement à ce que certains redoutaient, le plan d’austérité ne portera pas directement sur la production industrielle. L’objectif est plutôt de réduire les coûts unitaires — en agissant sur les dépenses marketing, administratives et structurelles.

Le grand ménage de Bajaj dans la gouvernance
Les changements ne s’arrêtent pas aux finances. Plusieurs membres du conseil de surveillance nommés par Stefan Pierer, le fondateur historique, vont quitter leurs fonctions.
Le conseil sera réduit à quatre membres, avec l’arrivée de Pradeep Shrivastava et Wulf Gordian Hauser, deux profils alignés sur la stratégie de Bajaj.
Ce remaniement symbolise la fin de l’ère Pierer — et le début d’une intégration progressive dans la galaxie industrielle du groupe indien.
Autre changement majeur : le siège social de Pierer Mobility quitte ses bureaux historiques de Wels (Edisonstrasse), propriété d’une société immobilière liée à Stefan Pierer.
Les activités seront transférées à Mattighofen, à quelques mètres du siège de KTM AG, pour mutualiser les ressources et simplifier la structure du groupe.
Symbole ultime du changement : le nom même de la maison mère va disparaître. « Pierer Mobility AG » deviendra « Bajaj Mobility AG », une décision qui sera officialisée lors de l’assemblée générale du 19 novembre 2025.
Cette transformation marque une rupture historique : pour la première fois depuis sa fondation, KTM évoluera sous une bannière qui ne porte plus le nom de son créateur.
Bajaj ne rachète pas KTM pour la brider, mais pour la rendre rentable et plus compétitive à long terme.
L’enjeu est considérable : restaurer la confiance des investisseurs et renforcer la stabilité d’un constructeur affaibli par sa crise financière et les difficultés de son programme MotoGP.
Mais une chose est certaine : avec Bajaj aux commandes, KTM ne sera plus jamais gérée comme avant. Le “Ready to Race” va désormais rimer avec « Ready to Restructure ».
































