Fantic Motor, icône italienne, vacille sous une dette colossale de 136 millions d’euros. Comme KTM, le constructeur a misé gros sur les vélos et scooters électriques, un pari qui s’est transformé en cauchemar. Alors que ses motos, comme la Caballero 500 ou l’Enduro XEF 450, séduisent toujours, les stocks invendus d’e-bikes et e-scooters asphyxient l’entreprise. Voici comment Fantic en est arrivé là et pourquoi son avenir reste incertain, malgré un plan de sauvetage ambitieux.
Fantic a surfé sur la vague post-Covid, où les vélos et scooters électriques semblaient promis à un avenir radieux. « Pendant la pandémie, les ventes d’e-bikes ont explosé », rapporte motorradonline.de. Mais le marché s’est effondré en Italie, où la mobilité électrique urbaine n’a pas décollé. Résultat : des entrepôts remplis de produits invendus, vidant les caisses de l’entreprise. « Les scooters et vélos électriques ont asphyxié la liquidité », confirme Visordown.com. Ce scénario rappelle l’insolvabilité de KTM, qui avait aussi diversifié vers l’électrique sans anticiper le retournement du marché.
La situation s’est aggravée avec les répercussions de l’insolvabilité de KTM en 2024. Partageant des fournisseurs avec le géant autrichien, Fantic a souffert des exigences de paiements anticipés imposées par des sous-traitants échaudés, qui n’ont récupéré que 30 % des dettes de KTM. « Sans pièces, pas de motos. Et sans motos, pas d’argent », résume Motorradonline.de. Ce cercle vicieux a stoppé la production des modèles phares comme la Caballero 500, malgré une forte demande.
Depuis son rachat par VeNetWork en 2014, Fantic a vu grand : passant de quelques motos off-road à 20 000 unités annuelles, incluant e-bikes, e-scooters et vélos urbains. L’acquisition de Minarelli en 2020, une collaboration avec Yamaha pour le moteur CP2 de la Caballero 700, et des engagements en Moto2, MXGP et Dakar ont gonflé les coûts. « Cette croissance rapide a dépassé les capacités financières », note Visordown.com. Les programmes de course, bien que prestigieux, ont également détourné des ressources des priorités commerciales.
Malgré ces déboires, Fantic bénéficie du soutien de VeNetWork, un consortium de 31 entrepreneurs italiens, et du géant du ciment Buzzi, qui a injecté des capitaux en 2023, 2024 et prévoit une nouvelle levée fin 2025. L’entreprise a accumulé une dette de 136 millions d’euros et a été contrainte de demander un moratoire judiciaire de six mois pour éviter la faillite. Obtenu en juillet 2025, il gèle les dettes pour donner du temps à la restructuration.
Fantic, KTM, la leçon à retenir : miser aveuglément sur la mobilité électrique peut ruiner une marque historique
Costantino Sambuy, ex-dirigeant de Piaggio et Peugeot, prend les rênes avec un plan clair : recentrer Fantic sur ses motos à succès, comme la Caballero et l’Enduro XEF, tout en réduisant la dépendance aux e-bikes et e-scooters. Les 140 employés ont accepté un « contrat de solidarité », réduisant salaires et heures de travail pour soutenir l’entreprise.
Le cas de Fantic, comme celui de KTM, est un avertissement : miser aveuglément sur la mobilité électrique peut ruiner une marque historique. La demande pour les motos classiques reste forte, mais l’engouement pour l’électrique s’est révélé un mirage, exacerbé par la concurrence chinoise à bas prix. Fantic n’est pas seul : des marques comme Juiced Bikes aux États-Unis ont aussi fait faillite après un pari similaire. Pour 2026, Fantic prévoit de relancer la production de ses modèles phares, comme la Caballero 700 (avec moteur Yamaha) et les nouveaux Stealth 500 et Imola 500, présentés à l’EICMA 2024.
Avec le soutien financier de VeNetWork et un management expérimenté, Fantic a une chance de rebondir. La marque a une base solide et des modèles attractifs. La collaboration avec Yamaha, notamment pour les moteurs off-road et le CP2, reste un atout. Cependant, le succès dépendra de la capacité à écouler les stocks d’e-bikes et à rétablir la production moto. Si le plan de Sambuy fonctionne, Fantic pourrait accélérer à nouveau en 2026, mais le chemin reste semé d’embûches.
Fantic Motor, comme KTM, paie le prix d’un pari trop ambitieux sur l’électrique. Alors que ses motos continuent de séduire, les invendus d’e-bikes et e-scooters ont plongé l’entreprise dans une crise profonde. Avec un plan de restructuration solide et le soutien de ses actionnaires, Fantic peut espérer un retour en force, mais l’industrie moto retient une leçon : l’électrique, sans une demande durable, peut être un piège fatal. Le Red Bull Ring, où Fantic est engagé ce week-end en Moto2, pourrait être le symbole d’un renouveau… ou d’un dernier tour de piste.