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Kawasaki

C’est un affrontement que l’on n’attendait pas sur le terrain judiciaire, mais qui en dit long sur l’état actuel de l’industrie mondiale. Kawasaki Heavy Industries a décidé de se joindre à la procédure engagée aux États-Unis contre les droits de douane imposés sous l’ère Donald Trump, une mesure qui continue de produire ses effets bien au-delà de son mandat. Derrière cette action en justice se cache une réalité bien plus large : celle d’un constructeur pris en étau entre souveraineté industrielle, mondialisation et survie économique.

Les droits de douane instaurés par l’administration Trump visaient officiellement à protéger l’industrie américaine face aux importations étrangères. Dans les faits, ils ont bouleversé des chaînes de production profondément mondialisées, où la notion même de « produit national » est devenue floue.

Kawasaki en est l’exemple parfait. Le constructeur japonais assemble certaines de ses motos hors du Japon, notamment en Thaïlande, avant de les exporter vers le marché américain. Résultat : des modèles emblématiques se retrouvent frappés par des surtaxes pouvant atteindre 25 %, alourdissant brutalement leur prix final.

Pour Kawasaki, l’équation est simple et brutale. Soit absorber ces coûts au détriment de sa rentabilité, soit les répercuter sur le client américain, au risque de perdre en compétitivité face à des rivaux locaux ou à des marques mieux positionnées sur le plan fiscal. Aucune de ces options n’est viable à long terme. C’est précisément ce qui a poussé le groupe à soutenir l’action intentée contre ces mesures, jugées disproportionnées et économiquement contre-productives.

Mais le combat dépasse largement le cas Kawasaki. Derrière cette procédure, c’est toute une frange de l’industrie mécanique et motocycliste qui remet en question une politique commerciale pensée pour un monde qui n’existe plus.

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Kawasaki s’aligne sur d’autres entreprises et industries qui estiment que ces tarifs sont préjudiciables à l’économie et aux consommateurs américains

Les motos modernes ne sont plus des produits purement nationaux : moteurs, cadres, composants électroniques et assemblage final sont souvent répartis sur plusieurs continents. Taxer un produit sur la base de son lieu d’assemblage revient à ignorer cette réalité industrielle.

L’ironie de la situation est que ces droits de douane, censés protéger l’emploi américain, fragilisent également le tissu économique local. Concessionnaires, distributeurs, fournisseurs et consommateurs se retrouvent pris dans une spirale de hausses de prix et de marges compressées. À terme, ce sont aussi des emplois américains qui sont menacés, non par la concurrence étrangère, mais par une politique protectionniste rigide.

En se joignant à cette action judiciaire, Kawasaki ne signe pas un acte politique au sens idéologique, mais un geste de survie industrielle. Le constructeur envoie un message clair : l’avenir de la moto, comme celui de l’automobile ou de l’aéronautique, ne peut plus être pensé à coups de barrières douanières héritées d’un autre siècle. Il repose sur l’équilibre, la coopération et une compréhension fine des chaînes de valeur mondiales.

Ce bras de fer juridique pourrait faire jurisprudence. S’il aboutit, il ouvrirait la voie à une remise en question plus large de ces taxes et offrirait un signal fort à l’ensemble du secteur. Dans le cas contraire, il acterait durablement une fracture entre politique commerciale et réalité industrielle.

Une chose est sûre : quand un géant comme Kawasaki choisit d’attaquer frontalement ce type de mesure, ce n’est ni un coup de communication ni un caprice. C’est le symptôme d’un système sous tension, où même les marques les plus solides ne peuvent plus se permettre de subir en silence.

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