Dans une rare confession publique, le nouveau PDG de KTM, Gottfried Neumeister, a brisé le silence sur la crise qui a failli faire disparaître le géant autrichien de la moto. Dans un entretien exclusif, il l’admet sans détour : la catastrophe a été causée de l’intérieur.
« Ce n’est pas le marché qui nous a lâchés. C’est nous qui avons abandonné notre cap », résume Neumeister. Le cocktail toxique ? Erreurs stratégiques, surestimation du marché et acquisitions mal gérées.
Trois décisions majeures ont précipité KTM dans le gouffre : l’échec de l’investissement dans les vélos électriques après la pandémie, avec 400 millions d’euros de pertes à la clé. L’achat précipité de MV Agusta, qui a creusé un trou de 220 millions supplémentaires. Une distribution déconnectée du terrain, avec plus de 70 000 motos saturant les concessionnaires en 2022… et rebelote en 2023.
Le résultat ? Une dette explosive de 1,6 milliard d’euros en 18 mois, contre 240 millions auparavant. La production s’est arrêtée. Une procédure d’insolvabilité a été lancée. Et plus de 100 banques partenaires ont sombré avec le navire.
Pour éviter le naufrage, Neumeister a mené une restructuration musclée : accords avec les fournisseurs. Maintien des emplois contre des baisses de salaires. Et surtout, l’injection de 600 millions d’euros par le partenaire indien Bajaj, fidèle depuis 17 ans.
Gottfried Neumeister PDG de KTM : « nous ne voulons plus être les plus gros. Nous voulons redevenir les meilleurs »
Les chaînes de production en Autriche tournent de nouveau, mais l’ère de l’expansion effrénée est terminée. Place à la simplification et à l’efficacité.
« Nous avions trop de modèles, des slogans sans fond et trop peu d’acheteurs. Nous devons revenir à l’essentiel », affirme le patron sur motomag. Des coupes sévères ont suivi : MV Agusta sera revendue La X-Bow, voiture de sport emblématique, est en voie de disparition. CFMoto ne sera plus distribuée en direct.
KTM se recentre sur son ADN : légèreté, performance, rentabilité. « Nous ne voulons plus être les plus gros. Nous voulons redevenir les meilleurs. »
Concernant l’avenir en MotoGP, Neumeister reste pragmatique : « nous continuerons… mais pas à n’importe quel prix. Tout dépendra du règlement 2027 et du budget cap. Si ce n’est pas viable, nous ne resterons pas par orgueil. »
KTM tire une leçon que beaucoup devraient méditer : vendre en masse ne garantit ni la stabilité ni le succès. Il faut savoir écouter, s’adapter et surtout, rester fidèle à ce que représente son nom. « Notre nom est notre plus grand atout. À nous maintenant d’être à la hauteur » termine le patron.