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MV Agusta

Le mythe MV Agusta, longtemps synonyme de motos d’art inaccessibles réservées à une élite, est sur le point de vivre sa plus grande révolution. Après son rachat par Art of Mobility, la marque lance une offensive pour briser son propre carcan du luxe exclusif. L’objectif est clair : élargir sa base de clients sans diluer son âme, une équation que peu de constructeurs premium ont réussi à résoudre.

Pendant des décennies, MV Agusta a cultivé une image à part. Celle d’un constructeur presque hors du temps, produisant des motos d’exception davantage guidées par la passion et l’émotion que par la logique industrielle. Une marque d’ingénieurs et d’esthètes, parfois admirée, parfois critiquée, mais toujours respectée. Aujourd’hui, cette vision évolue.

De retour sous le contrôle total d’Art of Mobility S.A., MV Agusta engage une transformation structurelle majeure. L’objectif est clair : sortir d’un modèle trop étroitement lié au luxe pur pour bâtir une croissance plus saine, plus lisible et surtout plus durable. Sans renier son identité, la marque italienne veut désormais élargir son public, structurer son offre et rendre l’accès à l’univers MV plus réaliste pour de nouveaux motards.

Le cœur de cette nouvelle stratégie repose sur un choix technique fort : faire du trois cylindres de 800 cc la pierre angulaire d’une gamme d’entrée premium. Un moteur déjà emblématique chez MV Agusta, reconnu pour son caractère, sa sonorité et son équilibre entre performance et plaisir de conduite.

La Brutale 800, récemment mise à jour et désormais conforme à la norme Euro5+, incarne parfaitement ce repositionnement. Elle conserve ce qui fait l’ADN de la marque — des performances élevées, une électronique sophistiquée, une vraie radicalité mécanique — mais s’inscrit désormais dans une logique tarifaire plus compétitive. L’idée n’est pas de banaliser la moto, mais de la rendre plus accessible sans la dénaturer.

Cette plateforme ne restera pas isolée. MV Agusta prévoit une extension cohérente de cette base technique, avec plusieurs déclinaisons sportives et touring. L’objectif est double : simplifier une gamme historiquement complexe et offrir une lecture plus claire aux clients comme aux concessionnaires.

Au-dessus de cette nouvelle famille 800, MV Agusta continuera de proposer ses modèles les plus exclusifs, animés par des quatre cylindres de plus forte cylindrée. Ces motos resteront des objets de désir, produites en volumes limités, destinées aux pilotes à la recherche d’une expérience premium sans compromis.

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MV Agusta tente un exercice délicat : devenir plus accessible sans devenir ordinaire

La différence est stratégique : ces modèles ne porteront plus seuls la marque. Ils deviendront le sommet d’une pyramide mieux structurée, et non l’unique fondation du projet industriel.

C’est sans doute l’annonce la plus surprenante. Pour la première fois de son histoire, MV Agusta travaille sur une ligne néoclassique entièrement nouvelle, développée sous un nom et une identité visuelle distincts. Un virage culturel autant que technique.

Contrairement à de simples exercices de nostalgie, ce projet vise un rétro moderne, pensé dès le départ comme une gamme à part entière. Il reposera sur une plateforme dédiée et un trois cylindres spécifiques, avec l’ambition de créer plusieurs modèles partageant une philosophie commune, mais capables de toucher un public jusqu’ici éloigné de l’univers MV.

C’est une rupture assumée : MV Agusta ne se contente plus de parler à ses fidèles, elle cherche à dialoguer avec une nouvelle génération de motards sensibles au style, à l’histoire, mais aussi à l’usage quotidien.

Sur le plan commercial, le discours reste mesuré. Pas question de devenir un constructeur de masse. MV Agusta veut renforcer son réseau, améliorer sa couverture géographique et la qualité du service, sans sacrifier l’expérience client.

La marque assume une croissance progressive, contrôlée, où chaque concessionnaire doit être un ambassadeur cohérent de l’univers MV. Le volume n’est pas un objectif en soi ; la pérennité, oui.

Ce virage n’est pas un reniement. C’est une adaptation. MV Agusta comprend que l’émotion seule ne suffit plus à faire vivre une marque dans un marché moto devenu ultra-concurrentiel et économiquement exigeant.

En structurant son offre, en clarifiant son message et en ouvrant de nouvelles portes sans brader son âme, la firme de Varèse tente un exercice délicat : devenir plus accessible sans devenir ordinaire. Si elle y parvient, MV Agusta pourrait bien entrer dans une nouvelle ère — plus stable, plus lisible, mais toujours aussi passionnée.

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