Ducati fait face à des accusations récurrentes concernant un supposé avantage concurrentiel en Championnat du Monde Superbike, lié à ses motos de série coûteuses. Les critiques affirment que la marque tire parti de son positionnement privilégié sur le marché des motos sportives haut de gamme pour dominer la compétition. Cependant, Ducati, par l’intermédiaire de Marco Zambenedetti, son coordinateur technique, contredit fermement cette hypothèse.
Zambenedetti explique : « on dit toujours que la Ducati est chère. Mais je préfère dire qu’elle a plus de valeur. La moto intègre beaucoup de technologie. De plus, la marque Ducati a une valeur inestimable. Posséder une Ducati est une expérience unique. » Selon lui, les prix des Ducati de série sont en réalité plus proches de ceux de leurs concurrents que ce que l’on pourrait penser. Par exemple, la Panigale V4R est proposée à 43 999 €, soit un prix similaire à celui de la Bimota KB998 Rimini (43 990 €), mais moins abordable que certaines autres motos de la concurrence comme la BMW M (36 300 €) ou la Yamaha R1M (35 399 €).
Au-delà des prix, Zambenedetti met l’accent sur un autre aspect important : la proximité de la version de course avec la moto de série. « Nous sommes le constructeur dont la moto de course est la plus proche de la moto de série. Cela est dû au très haut niveau de notre moto de série. Nous intégrons les technologies de la compétition à la série pour améliorer le niveau de la moto de série », souligne-t-il sur Speedweek.
Contrairement à d’autres constructeurs, comme BMW et Honda, qui apportent des modifications majeures à leurs motos de course par rapport à leurs versions de série, Ducati privilégie une approche où la moto de course reste fidèle à la version de série.
Zambenedetti Ducati : « la BMW et la Honda sont probablement les motos les plus chères du championnat »
Zambenedetti va même plus loin en affirmant que la version de course de la Panigale V4R n’est peut-être pas la plus chère du championnat : « je soupçonne que beaucoup de motos concurrentes sont plus chères. La BMW et la Honda sont probablement les motos les plus chères du championnat », explique-t-il. La raison ? Ces motos diffèrent grandement de leurs homologues de série, ce qui engendre des coûts plus élevés pour la conception et la production des versions de course.
Zambenedetti ne comprend pas les critiques récurrentes concernant les prix des Ducati de série, soulignant que dans une perspective de durabilité, de nombreux autres facteurs entrent en jeu au-delà du simple coût initial. « Dans un souci de durabilité, il ne faut pas négliger le prix de la moto de série, mais de nombreux autres facteurs entrent en jeu. »
Lorsqu’on lui demande s’il serait plus judicieux de plafonner le prix de la version de course, il répond de manière pragmatique : « ce serait logique, mais je n’imagine pas comment cela fonctionnerait en pratique. En course, il existe de nombreuses solutions. » Selon lui, il pourrait être possible de dissimuler certains coûts, par exemple, en facturant des honoraires moins élevés pour les ingénieurs.
Zambenedetti propose également des ajustements dans la réglementation pour rendre le Championnat du Monde Superbike plus équitable et durable. Il suggère que le règlement aérodynamique soit révisé pour rendre les courses plus sûres : « je souhaiterais que nous utilisions la forme actuelle du carénage et non la règle actuelle, qui autorise une tolérance allant jusqu’à 30 mm. Pourquoi ne pas utiliser la forme du carénage de série ou réduire la tolérance à 10 mm ? » Cette mesure, selon lui, permettrait de réduire les performances des motos et ainsi de favoriser la sécurité.
Enfin, Zambenedetti plaide pour une plus grande harmonisation des règlements du Championnat du Monde Superbike avec ceux des championnats nationaux, afin de rendre le sport plus équitable pour tous les constructeurs. « Pourquoi pas ? Je pense que la FIM adoptera cette approche pour aider les fédérations nationales. Il serait également important de se rapprocher de la production. »
Ainsi, Ducati ne se contente pas de répondre aux critiques concernant son prix et ses avantages concurrentiels, mais propose également des solutions pour rendre le Championnat du Monde Superbike plus équitable et durable à long terme.