Avec trois victoires incontestées, Toprak Razgatlioglu et BMW ont écrasé la concurrence lors de la première du Championnat du monde Superbike (WorldSBK) sur le tout nouveau circuit de Balaton Park, situé au bord du lac du même nom.
Comme à Misano (ITA) et Donington Park (GBR), El Turco a été intouchable au guidon de sa BMW M 1000 RR engagée par le ROKiT BMW Motorrad WorldSBK Team. Il a décroché la pole position et remporté les trois courses du week-end, à chaque fois avec le meilleur tour en course.
Son succès dans la Superpole Race du dimanche matin a également marqué une étape historique : il s’agissait de la 1000e course de l’histoire du WorldSBK. Grâce à cette domination, Toprak Razgatlioglu a creusé l’écart au classement pilotes, passant de 4 à 26 points d’avance.
Chez BMW, qui a réduit l’écart avec Ducati à seulement 16 points, on est évidemment aux anges, comme en témoigne Sven Blusch, responsable de BMW Motorrad Motorsport : « Ce fut un week-end véritablement historique pour BMW Motorrad Motorsport. Remporter la 1000e course du WorldSBK avec Toprak sur ce nouveau circuit de Balaton Park, signer un nouveau triplé et accroître notre avance au championnat : c’est tout simplement fantastique. Merci à toute l’équipe présente sur place, aux équipes de Munich et Berlin, ainsi qu’à tous les employés et fans de BMW. Nous sommes sur la bonne voie et impatients d’être à Magny-Cours. Mais notre attention immédiate se tourne vers Suzuka, où Mickey, quadruple vainqueur là-bas, sera un atout précieux pour notre équipe EWC. »
Même son de cloche chez Christian Gonschor, directeur technique de BMW Motorrad Motorsport : « Ce fut un week-end fantastique, non seulement pour les résultats mais aussi pour l’ambiance ici. Courir à nouveau en Hongrie après tant d’années était génial. Des gens formidables, un beau tracé, des infrastructures excellentes. Le circuit convenait parfaitement à Toprak : il y a beaucoup de sections stop-and-go, idéales pour ses points forts et ceux de la moto. Sa maîtrise du freinage et de l’accélération, combinée aux performances de la BMW M 1000 RR, a créé un ensemble parfait. Nous avons fêté un nouveau triplé, la lutte au championnat reste intense, et nous avons aussi bien progressé côté constructeurs. »
Paradoxalement, le ton est un peu moins euphorique chez Toprak Razgatlioglu qui, certes savoure ton troisième triplé de la saison qui vient compléter ses victoires des 800e et 900e courses Superbike, mais s’attend à une fin de saison plus difficile : « C’est un week-end incroyable pour moi. C’était un nouveau circuit pour tout le monde, mais dès vendredi j’ai trouvé un bon rythme. Nous avons très bien travaillé. La Superpole Race a été un peu difficile avec les parties humides et une seule trajectoire sèche, mais je suis resté concentré. C’était une course très spéciale : j’avais déjà gagné la 800e et la 900e, et maintenant la 1000e. Je ne pense pas au championnat, je veux juste gagner chaque course. J’attends avec impatience Magny-Cours, où je n’ai pas couru l’an dernier. C’est un de mes circuits préférés, comme Estoril. Il faut gagner là-bas, car Ducati sera très fort à Aragón et Jerez. Maintenant place à quelques vacances, mais je vais aussi beaucoup travailler. Rien n’est acquis. »
Plus difficile sera aussi à coup sûr l’année prochaine, car si depuis deux ans BMW a mangé son pain blanc avec l’exceptionnel champion qu’est Toprak Razgatlioglu, son départ programmé en MotoGP dès l’an prochain laisse à la firme bavaroise la tâche très difficile de lui trouver un remplaçant. Les performances de son coéquipier, Michael van der Mark, suffisent à elles seules à illustrer le talent du pilote turc : 15e avec 70 points contre 407 au leader du championnat.
Sven Blusch lui-même ne se voile pas la face quant à l’apport du pilote néerlandais au team munichois : « Nous allons aussi mettre à profit la pause estivale pour soutenir intensivement Michael van der Mark afin qu’il retrouve le top 10. »
Comme l’indique son non-renouvellement actuel au sein du Barni Spark Racing Team, contrairement à Yari Montella, Danilo Petrucci est sur les rangs.
L’éclectique pilote de Terni croise les doigts : « J’aimerais connaître mon avenir. Malheureusement, cela ne dépend pas de moi. Ce que je peux faire, c’est continuer comme à Donington, en essayant de monter sur le podium autant de fois que possible. Je me sens vraiment bien dans ce championnat, mais la seule chose que je puisse faire, c’est aller plus vite. Pour l’instant, je n’ai pas de réponse. J’aimerais en avoir une. Je ne suis pas nerveux, mais il y a beaucoup de rumeurs, beaucoup de ragots, et je veux rester concentré sur les courses. L’équipe avec laquelle nous discutons est également en discussion avec d’autres pilotes. C’est pourquoi j’ai dit que la situation ne dépendait pas entièrement de moi. Je ne peux pas simplement appuyer sur un bouton et décider où je veux aller. »
A 34 ans, l’Italien semble à coup sûr une possibilité plus attrayante que l’expérimenté Alvaro Bautista, âgé de 40 ans, obligatoirement lesté à cause de son poids et pour le moment sans contrat, mais BMW misera-t-elle sur Petrux qui fait effectivement une belle saison ou sur un talent plus jeune en misant sur les années à venir, tel Aron Canet ?
De toute façon, il semble à priori impossible de trouver un pilote du niveau de Toprak Razgatlioglu, mais le choix de son remplaçant sera peut-être aussi une indication stratégique sur la future implication de BMW en Superbike… ou en MotoGP.
BMW Toprak