pub

Le championnat du monde Superbike va-t-il s’ouvrir à Phillip Island avec des courses dédoublées ? La question de savoir s’il faut imposer le changement de pneus fait débat. Regardons le précédent de 2018…

Par Paolo Gozzi / Corsedimoto.com

Le nouvel asphalte de Phillip Island fait voler les Superbikes, avec des gains au tour d’environ deux secondes. Lors des essais, les pilotes ont bénéficié d’un surcroît d’adhérence sans précédent, qui a pulvérisé les précédentes références, mais qui leur a aussi causé bien des maux de tête. En effet, il y a des doutes sur le fait que même la seule solution que Pirelli avait prévu de fournir pour les courses longues, à savoir le SC1 (dur) marqué A1126, n’est pas assez endurant pour compléter les 22 tours. Le fournisseur unique, en l’absence de références, étant donné que le dispositif a été achevé il y a quelques semaines, était bien conscient des inconnues que cela impliquait. Nous avions titré le 26 janvier un article intitulé « Attention aux pièges » . Des craintes qui n’ont pas été écartées. Le débat porte désormais sur l’opportunité d’imposer le changement de pneus à mi-distance, afin d’éviter les risques de défaillance. La décision sera prise ce jeudi 22 février. Qui pourrait y être favorable ?

Le précédent du MotoGP 2013
Phillip Island est un circuit très difficile pour les pneumatiques en raison des trois très longs virages à haute vitesse, tous à gauche. Tous les spécialistes des pneumatiques y ont rencontré des difficultés, notamment lors des resurfaçages totaux ou partiels, qui ont effacé les références et donc la possibilité de construire des solutions ad hoc. En 2013, l’année du précédent resurfaçage, Bridgestone, l’unique fournisseur du MotoGP, a été contraint de demander la même mesure que celle dont discute actuellement le Superbike. C’est-à-dire l’arrêt obligatoire à mi-distance pour monter un nouveau pneu.

Le précédent du Superbike 2018
Dans les dérivés de la série, il y a le précédent de 2018. À cette occasion, Marco Melandri alors pilote d’usine Ducati a triomphé dans la course 1, alors que plusieurs pilotes ont été ralentis par la perte de morceaux de bande de roulement sur le flanc gauche. Jonathan Rea, l’un d’entre eux, a terminé à treize secondes du vainqueur. Un « flag to flag » a donc été imposé le lendemain pour la course 2. Melandri a également eu le problème de partir de la neuvième position, à cause de la règle de la grille inversée, annulée par la suite. Il a de nouveau gagné, mais au sprint, avec seulement 21 millièmes d’avance sur Jonathan Rea. La Kawasaki, qui pouvait utiliser deux pneus, était revenue à la vie.

Comment cela pourrait fonctionner
En 2018, il a été imposé que les pilotes changent de pneus dans une fenêtre fixe, c’est-à-dire entre le 10e et le 12e tour. La ronde des arrêts aux stands obligatoires a rendu la course résolument plus spectaculaire, et elle s’est d’ailleurs décidée à la photo-finish avec les cinq premiers pilotes regroupés en moins de deux secondes. Parmi les différentes hypothèses sur la table, une solution de compromis : réduire de quelques tours les 22 boucles prévues, sans imposer de changement de pneus. Il faut également comprendre, à ce stade, quelle décision serait prise pour la course Superpole (10 tours), pour laquelle l’alternative SC0 (medium) était prévue.

Qui serait gagnant ?
Avant que les essais ne soient réduits à une seule journée en raison de l’arrivée tardive des pneus expédiés par voie maritime, Pirelli avait demandé aux équipes de simuler la distance complète de 22 tours. Mais en regardant les feuilles de temps, on constate qu’aucun pilote n’a effectué la simulation de course complète. Au niveau du rythme, Alvaro Bautista semble être en meilleure forme. Dans l’après-midi (les courses longues débuteront à 16h00 heure locale), il a effectué une demi-simulation de 10 tours, dont le meilleur a été un 1’29.278 dans le tout dernier tour. Ici, l’Espagnol fait des merveilles et la Ducati V4 R, très rapide dans toutes les conditions, est encore plus redoutable lorsque l’adhérence est là. Le flag to flag, selon les données, pénaliserait particulièrement le favori, qui a aussi le fardeau des six kilos (environ) de lest imposés par le règlement.

Toprak rigole
Celui qui pourrait tirer le plus grand profit de la division de la course en deux est BMW, qui s’est montré foudroyant lors des essais avec un Toprak Razgatlioglu déchaîné. Mais le Turc s’essouffle sur la distance. Le matin, il a effectué huit tours, dont les quatre premiers très rapides, avant de subir une chute drastique (on parle de secondes…) lorsque le pneu a lâché. La possibilité d’en utiliser deux pourrait être la clé. Rappelons que BMW part déjà avec l’avantage des super-concessions réglementaires. Les ingénieurs allemands ont pu intervenir sur de nombreux détails du châssis ainsi que sur le moteur. Depuis cette année, il est possible de modifier le poids du vilebrequin et du volant moteur de +/-20%. La modification de l’inertie du moteur permet non seulement d’améliorer les performances absolues, mais aussi de réduire la « charge » sur le pneu arrière.

Lire l’article original sur Corsedimoto.com
Paolo Gozzi