Le départ à la retraite de Jonathan Rea à la fin de la saison laisse Yamaha face à un dilemme : qui pour reprendre le guidon de l’équipe officielle en WorldSBK dès 2026 ? Deux noms ont émergé, chacun avec ses atouts et ses zones d’ombre : Pol Espargaró et Can Öncü.
Le pilote turc de 22 ans a prouvé cette saison en Supersport qu’il avait la vitesse, en s’imposant à cinq reprises et en luttant pour le titre mondial. Mais ses récentes déconvenues à Magny-Cours, où Stefano Manzi l’a dominé deux fois dans le dernier tour, nourrissent des doutes.
Selon Yamaha : il a la vitesse, mais il manque de maturité pour assumer une telle responsabilité. »
Son manager Kenan Sofuoglu pousse depuis des mois pour voir Öncü intégrer l’équipe officielle, et la retraite de Rea ouvre une fenêtre en ce sens. Si les alternatives tombent les unes après les autres, le Turc pourrait devenir l’option la plus logique.
À 34 ans, Pol Espargaró a prouvé qu’il avait encore du rythme en MotoGP, en brillant lors de ses piges avec KTM Tech3 (9e à Brno, 8e à Balaton). Lui-même ne cache pas son envie :
« Ce serait bien de refaire des courses, même si une saison permanente est hors de question. Piloter comme pilote de réserve n’est pas idéal ; ce serait parfait de pouvoir disputer plusieurs wildcards. »
Can Öncü vs Pol Espargaró c’est aussi Sofuoglu vs Valera
Son manager, Albert Valera, a exploré les pistes BMW, Honda et Yamaha. Mais BMW a déjà signé Miguel Oliveira et Honda va accueillir Somkiat Chantra en provenance du MotoGP. Ne reste donc que Yamaha… sur le papier.
Le problème, c’est que KTM ne veut pas se séparer de lui. Espargaró est devenu un pilier du développement de la RC16 aux côtés de Dani Pedrosa. Avec la grande révolution technique attendue en 2027, son rôle est jugé crucial. Ajoutez à cela un contrat d’essai bien payé, des piges en course possibles et un rôle de commentateur TV en Espagne : la stabilité semble idéale pour lui et sa famille.
Le seul point délicat reste la négociation sur le nombre de wild-cards. KTM a droit à six départs en tant que constructeur de concession, mais en 2026, leur intérêt sera limité pour le développement. Six piges paraissent irréalistes financièrement, et si un compromis est trouvé, les portes du WorldSBK se fermeront pour Pol.
Dans ce contexte, le favori logique devient Can Öncü. Le plan imaginé par Sofuoglu pourrait se concrétiser : le Turc prendrait la relève de Rea, tandis qu’Espargaró prolongerait son rôle stratégique chez KTM.
Yamaha doit maintenant trancher : miser sur le pari de la jeunesse et la vitesse d’Öncü, ou tenter de convaincre Espargaró de sacrifier une situation confortable pour un dernier défi en Superbike.