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Les rendez-vous quotidiens entre Johann Zarco et la presse internationale deviennent de plus en plus intéressants.

Loin de la communication un peu formatée des traditionnels communiqués de presse, les échanges entre le pilote français et les journalistes dans l’hospitalité Tech3 sont d’une richesse et d’une simplicité que les vrais passionnés apprécieront (vous pouvez retrouver tous ses débriefs passés dans notre rubrique (“Interviews“). Il y a toujours le petit détail qui nous fait plonger chaque jour davantage en immersion dans le monde de la MotoGP…

Comme à notre habitude, nous reportons ici l’intégralité des propos de Johann Zarco, de façon brute, donc sans aucune mise en forme ou déformation journalistique.


Johann Zarco: « Cela a été une super course. Partir 14e, c’est très compliqué. Vous devez vous battre avec tous les autres pilotes, et au-dessus de 300 km/h, le point de freinage est toujours difficile : vous pouvez toujours élargir pour juste un instant. Cela a été difficile mais je savais que dans ces conditions de températures élevées, tous les pilotes peineraient beaucoup. Et que je peinerais aussi, mais un peu moins, et pourrais les contrôler. J’avais une bonne vitesse et j’ai pensé que je pourrais rattraper le premier groupe puisqu’ils ne s’échappaient pas, mais finalement, après la mi-course, j’avais le même rythme et je me suis donc concentré pour rattraper Danilo et Folger. Lorenzo m’a repassé et il était plus rapide dans les cinq derniers tours. Vraiment constant et rapide, donc il est revenu en quatrième position. Pour ma part, après m’être battu et avoir contrôlé, sauver cette cinquième position est juste fantastique. Je suis très heureux après un week-end difficile. Nous avons peiné et je pense que j’ai beaucoup appris, et que je dois me servir de cette expérience pour toutes les prochaines courses. »

Vous avez suivi Lorenzo pendant un moment. Qu’avait-il de mieux que vous ?

« Sur la fin, il avait un meilleur pilotage que moi en accélération. Il patinait un peu moins. C’était la plus grosse différence. Les Ducati sont également bonnes, question puissance, et elles sont bonnes au freinage, mais lui avait ces deux choses, plus il ne patinait pas trop en accélération. Il freinait plutôt bien et si j’avais voulu freiner plus tard que lui, cela aurait été un gros risque pour le pneu avant. Peut-être que si j’avais attaqué, j’aurais pu être un peu plus rapide que lui dans les virages. Et peut-être qu’essayer de le passer dans le premier ou le deuxième secteur aurait été la solution pour le battre. »

Qu’en a-t-il été de votre condition physique par ces températures élevées ?

« J’ai davantage peiné au Texas. Au Texas, j’ai appris et je peux maintenant mieux gérer mon énergie. Mais ici, oui, cela a été difficile, et heureusement, mes adversaires ont également peiné et j’ai très bien pu faire ma course. C’était dur sur l’avant-bras droit, parce qu’au niveau de la chaleur, j’ai bien résisté et je me sentais assez bien. À deux reprises, j’ai cru que la course s’arrêtait pour moi, quand j’ai touché Aleix Espargaro, puis quand Lorenzo est allé un peu loin au virage 1 et est quand même passé dans le virage 2, mais pas à la bonne vitesse, et on a failli se toucher. Ça a été chaud ! Finalement, ça, ça te fait perdre un peu le rythme et le contact. J’ai cru que je pouvais rattraper le premier groupe parce que je les voyais pas loin. Je voyais toute une file ; Dovizioso, les deux Honda, plus Folger. Je me suis dit « tiens, ça peut le faire ! ». Mais à partir de la mi-course ou à 11 tours de la fin, je n’allais pas plus vite qu’eux, et c’était donc dur de les rattraper. Mais je pensais quand même pouvoir atteindre le top 5 ou 6, où il y avait Petrucci et Folger. Finalement, Lorenzo passe, et il était en super forme à cinq tours de la fin. Il avait beaucoup plus de motricité, il a su bien gérer sur la fin, alors que Folger n’en avait plus du tout. Moi, je n’en avais pas beaucoup non plus, mais un peu plus que lui, ce qui m’a permis de le dépasser. Finalement, la chute de Danilo a permis de faire une bagarre seulement avec Jonas, et pas une bagarre à trois. C’est vrai que sur la fin, on faisait presque du sur place quand on accélérait, et ce n’est pas facile. Tu essaies d’avoir de l’élan dans le virage, et d’un seul coup, tu pars à patiner. Mais globalement, ça s’est bien passé, je suis vraiment content. Je savais qu’ils allaient avoir du mal, moi aussi mais peut-être un peu moins, et finalement, avec les deux pneus médium, ça l’a bien fait. »

Dovizioso a dit qu’il avait gagné sans avoir attaqué. As-tu ce sentiment là aussi ?

« Non. Tant mieux pour lui (rires). En fait, cela fait deux courses qu’il n’attaque pas, puisqu’il était malade au Mugello et qu’il devait s’économiser. Et là, peut-être qu’il a senti quelque chose. Je pense que c’est à prendre en compte pour progresser, parce que c’est vrai que, quand on se sent le mieux, ce n’est parfois pas là qu’on attaque le plus, ou ce n’est pas là qu’on force le plus et que ça marche le mieux. Même quand la moto glisse, elle donne confiance et on sent qu’il y a une manière pour l’utiliser, comme il la fait là, sur les deux dernières courses. Il n’a pas fait une seule fois le record de la piste, ou même le record du week-end, donc finalement, c’est lui qui a été le plus constant. »

Le problème, c’est que que même s’il n’avait pas de motricité, il avait un moteur qui pédale. Il a passé Pedrosa quand il a voulu. Donc à moins de freiner comme un forcené…

« Je trouve que les Ducati freinent bien. Même Bautista ou Lorenzo, ça va vite dans les lignes droites, mais ça freine bien. Moi si j’arrive à la même vitesse, et que je freine comme eux, aujourd’hui je manquais le virage. Donc ce qu’il faut aussi, c’est être bien au freinage, et au freinage, on est tous égaux. »

Il avait un pneu dur…

« Oui, ça peut y faire. Moi j’étais un poil limite, mais ça a pu aller. Mais eux, pour la vitesse à laquelle ils arrivaient, ils freinaient très bien. »

Que retiens-tu de ce week-end, d’une manière plus générale ?

« Pas paniquer. En fait, ça a été difficile, pas que pour moi, et analyser un peu plus la situation plus tôt dans le week-end pour pouvoir me décontracter, me relaxer, pas me stresser. Je l’ai bien fait dimanche, et j’aurais déjà dû le faire dès vendredi après-midi. Ça m’aurait sans doute permis de ne pas partir 14e, et alors pourquoi pas jouer le podium ? C’est presque des expériences comme en Moto2, et des fois il faut se les répéter pour l’appliquer le week-end après. Mais je crois que là, la leçon, ça a été « même quand tu es en galère, tu n’es pas le seul ». »

Tu es la première Yamaha. Est-ce que tu en tires quelque chose de particulier ?

« Non ! J’en profite. Pour moi, la situation a été bonne, Jonas était bien mais je me doutais qu’à la fin, vu comme il glissait, avec un peu plus de finesse, je pouvais le battre. Et ça l’a fait. Après, comme à Jerez, Rossi est Vinales ont eu plus de mal que nous, les deux Tech3, avec la grosse chaleur. A voir. Mais je dis qu’à Assen, ils seront de nouveau sur le podium. Ils seront forts et j’essaierai de faire comme eux et de suivre leur rythme. Et là, ça va m’amener vers le haut. »

Comment expliques-tu que quand il n’y a pas de grip, les deux Tech3 sont plus fortes qu’eux ?

« Je ne sais pas. Je ne cherche pas à l’expliquer parce que c’est encore tout plein de choses nouvelles. Châssis 2016, 2017, dur à dire. »

As-tu pu voir quelque chose en piste ?

« Rossi patinait beaucoup plus que moi. Le peu de temps que j’étais derrière, il faisait fumer le pneu, et moi, à la place de faire fumer le pneu, j’avançais et je ne patinais pas, donc ça veut dire que j’utilisais moins le pneu, je l’économisais plus, et j’allais plus vite, donc c’est clair que quand tu es dans la situation dans laquelle il était, tu ne peux plus avancer. »

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