Pour bien comprendre l’importance de celle que l’on appelle « la Honda 6 » dans l’histoire du sport motocycliste, aboutissant à la RC 174, on peut à la fois évidemment la placer sur un plan technologique, mais aussi l’insérer dans la saga du duel entre la Fédération Internationale de Motocyclisme et les constructeurs, digne parallèle de celle des gendarmes et des voleurs !
Cette série d’articles est inspiré par la présence annoncée de la plus authentique des répliques de la Honda RC 174 lors de la Sunday Ride Classic sur le circuit Paul Ricard, les 17 & 18 mai 2025…
3/ Les premières Honda 6
En septembre 1964, lors du Grand Prix des Nations à Monza, Honda dégaine donc son arme secrète, la 250cc 3RC164 qui préfigure la lignée des RC165, RC166 et RC174. Au passage en douane, elle est décrite comme un 4 cylindres et est dotée de 4 pots d’échappement, tout comme à son arrivée dans le paddock où les deux pots inférieurs sont démontés pour ne pas déflorer la vérité.
Mais dès son démarrage, après un passage entre les mains des mécaniciens japonais, tout le monde comprend qu’une page de l’histoire de la moto est en train de s’écrire : la moto est dotée d’un 6 cylindres et prend des régimes hallucinants de 17 000 tr/mn dans un hurlement strident !
Malgré un bon départ en tête et un long duel en début de course, des problèmes de jeunesse, en l’occurrence des problèmes de surchauffe et de carburateurs, ne permettront pas à Jim Redman de résister aux Yamaha de Phil Read et Mike Duff, mais la direction est donnée : la sophistication poussée à l’extrême et la multiplication des cylindres dans les catégories 125, 250 et 350.
Techniquement, la 250 est en effet d’un autre monde. 6 cylindres, alésage-course de 39 x 34,8 mm, quatre ACT entraînés par paire, par leur centre, 4 soupapes par cylindre, carter supérieur et cylindres moulés d’une pièce. LE vilebrequin est assemblé à partir de 12 pièces emmanchés avec 7 paliers, La cascade est au centre du moteur, l’ allumage est par magnéto. La puissance est supérieure à 50 ch et la boîte de vitesses est à sept rapports. Les carburateurs sont de Ø20mm. Le moteur n’est pas plus large que celui du quatre cylindres RC161.
Malgré une première victoire éclatante dans le dernier Grand Prix de la saison, au Japon, le titre échappe donc à Honda, mais la moto est maintenant globalement au point.
Rebaptisée RC165 l’année suivante, elle développe maintenant 54 ch à 17 500 tr/min, mais Jim Redman accumule les déboires, entre chutes (Allemagne, Ulster), forfait (Daytona, Monza) et problèmes mécaniques (France), et termine 3e du championnat avec 3 victoires (IOM, Belgique et DDR).
Avec l’arrivée de Mike Hailwood en 1966, l’objectif de Honda est clair : battre les Yamaha 250 qui disposent maintenant de moteurs 4 cylindres. Pour cela, le moteur de la RC166 a été modifié mais conserve son alésage course de 39 x 34.8 mm. Elle dispose désormais de carburateurs de Ø22mm à boisseaux cylindriques ou plats selon les circuits, de radiateurs d’huile sur les côtés droit et gauche du carénage, et sa puissance est dorénavant près de 57 ch à 17500 tr/min.
Avec près de 60 chevaux pour 250cc, on est dans la même gamme de rapport puissance cylindrées que les premières MotoGP, 40 ans avant !
A son guidon, Mike Hailwood remporte les sept premières courses et est déjà champion du monde à la moitié de la saison. Au total, il remporte 10 des 11 courses de l’année 1966 et la RC166 devient mythique !
Cette série d’articles est inspiré par la présence annoncée de la plus authentique des répliques de la Honda RC 174 lors de la Sunday Ride Classic sur le circuit Paul Ricard, les 17 & 18 mai 2025…
Crédit photos: Honda
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