Le Grand Prix du Japon approche, et avec lui, la présence des gros bonnets nippons pour superviser les exploits de leurs employés. On le sait, cette étape du mondial est très importante pour Yamaha et Honda, qui désirent toujours faire bonne figure à la maison. D’ailleurs, aujourd’hui, je voulais revenir sur l’ambition de la firme d’Iwata, qui pourrait s’aligner au départ de la saison 2026 avec un prototype à moteur V4.
Bravo à Yamaha
Tout d’abord, je me devais d’avouer mon erreur. Il y a environ un an, je n’aurais jamais pu penser que Yamaha (ou Honda, d’ailleurs) puisse changer totalement sa philosophie dans l’espoir de retrouver les sommets. Depuis plusieurs années, je trouvais les constructeurs japonais particulièrement peu dynamiques, ils n’essayaient rien, ne prenaient plus de risques, n’avançaient plus. Tout cela a désormais bien changé, et Yamaha le prouve cette saison.

Yamaha mise beaucoup sur ce V4. Photo : Michelin Motorsport
L’impact de Max Bartolini couplé à la fougue des ingénieurs résulte aujourd’hui en un nouveau prototype, doté d’un moteur V4, architecture jamais utilisée par la marque aux diapasons en MotoGP. Je ne m’attarderai pas sur le plan technique, car, bien que je sois sensible à la mécanique, je n’estime pas avoir les connaissances suffisantes pour dire si c’est un bon choix ou non. Cependant, d’après ce que j’ai pu constater à travers l’histoire et grâce au retour d’ingénieurs, je crois comprendre qu’utiliser un V4 ne fera pas gagner gratuitement de la performance à Yamaha, ce n’est pas une solution miracle. C’est peut-être évident pour certains, mais à entendre parler Fabio Quartararo, on pouvait croire que c’était l’élément qui allait faire de la M1 une moto victorieuse.
Moi, je me fie aux chronos, V4 ou quatre en ligne. Après tout, Quartararo est assez rapide avec la M1 actuelle, je doute grandement qu’on puisse réaliser quatre pole positions dans une seule saison avec un tréteau. Ainsi, on pouvait craindre une grande différence avec la future machine quand celle-ci allait entrer en action. Et, finalement, je dois dire que j’ai été surpris.
Augusto Fernandez, pourtant discret en MotoGP, était rapide à Misano au guidon de la nouvelle bête, et même, parfois, devant Alex Rins et Miguel Oliveira. Le pari est presque réussi, même s’il y a bien entendu des choses à peaufiner avant de la voir aux mains d’« El Diablo » lors d’un GP. En toute honnêteté, je ne pensais pas Yamaha capable de réaliser un tel projet, si vite, et si bon d’entrée.
J’aime les entreprises qui prennent des risques, dans le monde des sports mécaniques ou non, d’ailleurs. Et force est de constater que Yamaha a su se remettre en question et changer radicalement une philosophie que je pensais immuable. Chapeau.
Un risque ?
Ceci dit, je ne peux m’empêcher de penser qu’il s’agit là d’un gros risque. A priori, le modèle V4 sera utilisé en 2026… mais pour un an seulement. En effet, à partir de 2027, nous passerons aux 850cc, et il faudra tout revoir. Yamaha est une grosse boîte, d’accord, et les moyens ne manquent pas. J’espère simplement que l’énergie nécessaire au développement d’un tel engin ne soit pas regrettée plus tard. Ducati a préféré arrêter de faire grandement évoluer leur machine à un an et demi de la nouvelle réglementation. D’après ce que l’on sait, la GP26, dont le moteur est figé par le règlement pour deux ans, sera très proche de la GP25.

Jack Miller, qui a déjà roulé les V4 Honda, Ducati et KTM est un pilote précieux dans ce contexte. Photo : Michelin Motorsport
Mais Ducati travaille-t-il moins que Yamaha pour autant ? J’ose espérer que, dans les ateliers italiens, tout le monde est déjà en train de plancher sur 2027. Cela pourrait donner un avantage certain à la firme de Borgo Panigale, alors que Yamaha a dû carrément inventer un prototype entre temps, le tout pour une seule année de compétition ! On ne sait pas ce qu’il se passe en coulisses, mais les changements de réglementation sont toujours des moments critiques. D’un point de vue logique, je ne vois pas comment Ducati pourrait l’aborder de moins bonne manière que Yamaha.
Remarquez, dans l’histoire, ça ne se vérifie pas toujours. En Formule 1, à la fin de l’année 2021, Mercedes AMG avait arrêté de développer sa voiture, ce qui a d’ailleurs peut-être coûté le titre pilote à Lewis Hamilton. Red Bull, l’adversaire, avait tout donné. Je me rappelle très bien qu’à l’hiver 2021, on disait que l’avance prise par Mercedes allait être irrattrapable une fois que la nouvelle réglementation allait entre en vigueur début 2022. Aux essais de pré-saison, Mercedes est arrivé avec un concept innovant, employé par aucune autre équipe de F1. Et, finalement, c’était complètement perdant : Red Bull et Ferrari étaient largement au-dessus sur toute la saison.
Conclusion
Yamaha est une grande marque. Le développement d’un concept aussi audacieux à un an d’un changement de réglementation est à féliciter, car cela montre qu’ils n’ont pas froid aux yeux. Certes, cela pourrait altérer le projet 850cc, mais, finalement, l’inverse est possible également ; peut-être que l’expérience acquise avec la construction du V4 sera très utile au moment de se pencher sur la M1 2027.
Je suis curieux de savoir ce que vous en pensez, alors, dites-le-moi en commentaires !
Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

Avec le moteur, c’est toute la moto qui change. Photo : Michelin Motorsport
Photo de couverture : Michelin Motorsport