On ne vous apprendra rien en vous disant que le team MotoGP Tech3 d’Hervé Poncharal et Guy Coulon est en train d’écrire une page capitale de son histoire, mais, en tant qu’observateurs privilégiés, ne pas la raconter serait ne pas accorder l’importance que mérite cet évènement majeur pour la plus grande équipe française de compétition moto.
Alors placer le curseur au juste milieu entre confidentialité et information ne sera à coup sûr pas facile, mais tout au long de l’hiver, et peut-être même après, nous vivrons et tenterons de vous faire vivre cette transition qui bouleverse le panorama du MotoGP hexagonal.
Nous nous en faisons un devoir en tant que média, mais surtout en tant que passionnés qui avons toujours reçu un accueil incroyable de la part de toute l’équipe Tech3, à quelque niveau que ce soit.
Alors, pour ne pas citer les dizaines de prénoms que nous devons remercier, disons simplement « Un Immense Merci Tech3 ! » et lançons-nous dans cette narration, sans savoir vraiment par quel bout commencer, puisque nous avons eu la chance de partager l’histoire de Tech3 durant la dernière décennie…
Après l’émouvante célébration du samedi soir, nous avons pu recueillir les propos d’Hervé Poncharal dimanche, avant qu’il ne se prépare pour sa dernière épreuve du week-end, la cérémonie officielle qui clôt la saison 2025.
La première partie se trouve ici…
🎤 C’est principalement ça qui vous stressait. Le surlendemain, réunion plus intime avec toute l’équipe et surtout ceux qui quittent Tech3. Je crois qu’ils sont huit, principalement à l’hospitalité. Beaucoup d’émotions, quelques larmes, une semi transition avec Richard Coleman qui était présent à cette fête. La tension est redescendue, aujourd’hui dimanche ?
“Oui, mais même hier j’étais fatigué parce que j’ai fait beaucoup de choses, beaucoup, mais le weekend avançant, progressant, on a coché pas mal de cases, et donc effectivement, il en restait de moins en moins. Donc hier soir, c’était quelque chose de beaucoup plus informel, c’était quelque chose de beaucoup plus familial. Entre nous, on le fait tous les ans, on fait un petit pot tous ensemble. Il y a quand même 8 personnes qui nous quittent, 2 techniciens Moto3, 2 chauffeurs de l’hospitality, 2 personnes dont mon frère qui gère l’hospitality, et bien entendu il y avait aussi ma fille, qui arrête et qui va réfléchir à. à donner une direction nouvelle à sa vie. Et ça, c’était très sympa. J’étais content parce qu’il y avait aussi Hélène Zaugg, la CEO de chez Motul, il y avait Pascal Tomek, il y avait tous les Motul qui étaient là. Ce qui m’a beaucoup touché aussi, c’est que l’amoureux, le chéri, le fiancé de Mathilde, qui s’appelle Tom Maubant, qui est le manager et l’ami de Fabio Quartararo, Et Mathilde est aussi très proche de Tom et Fabio évidemment, surtout Tom, mais aussi Fabio. Et il y avait le papa et la maman de Fabio, il y avait le papa et la maman de Tom, et c’était super sympa. Il y avait tous les gens de Tech3, et comme tu l’as signalé, Richard Coleman qui va me remplacer. Il n’ était pas nécessairement censé rester, et je ne pensais pas qu’il avait peut être une méga envie, mais je pense que c’était sympa parce que nous on est, et ce n’est pas galvaudé, on est une famille: on est ensemble toute l’année, on fait du vélo ensemble, on va à la plage ensemble, on va manger ensemble quand on est à la base à Bormes les Mimosas, et donc c’est vraiment une famille.
Et Richard, qui est anglais, il ne connait pas, il n’a jamais vraiment vu de courses de motos avant nous. C’est quelqu’un qui est dans le motorsport, mais plutôt dans le business, et plutôt la l’automobile. Et le fait d’être resté là, je pense qu’il a capté certaines choses. Évidemment dans mon petit speech, qui n’était pas vraiment un speech parce que c’était plutôt des échanges, à la fin je lui ai passé un petit message en lui disant que ça a beau être un sport individuel, le sport moto c’est une équipe, c’est une famille, où chacun élément est important. Et dans la cinquantaine de personnes qui étaient là hier soir, chacun a un rôle. Bien sûr le pilote c’est celui qu’on voit, c’est la partie émergée de l’iceberg, mais tous les autres ,sont là et sans les autres, il y a pas de performance, il y a pas de course, il y a pas de d’exploit. C’est quelque chose qu’il faut qu’il intègre dans son logiciel de réflexion, et cette interaction humaine, cette humanité, peut-être que ça existe moins en auto. Je ne veux pas non plus mal parler de l’auto, mais il faut bien qu’il comprenne que récupérer Tech3, c’est récupérer aussi cette manière de gérer l’équipe et de partager avec tous les membres de l’équipe.”
🎤 Bon, alors dans
la liste de ceux qui partent,
vous avez quand même oublié deux
noms, c’est Hervé Poncharal et Guy Coulon.
Mais ça, on y reviendra après, sans doute au
fil de l’hiver.
Mais dans les étapes à cocher,
il en reste une, importante. On
est dimanche, pendant la course des Moto2, et dans
quelques heures il y aura votre sortie du paddock.
On essaiera d’être là avec vous.
Est-ce que vous l’appréhendez, ou pas?
“Honnêtement,
non! J’appréhende plus la dernière grille
MotoGP. Il y a
deux ou trois télé et médias qui m’ont demandé de
faire le point après la
course. Donc ça, c’est sûr que les
questions qu’ils vont me poser, la
manière dont dont ça va me
faire réfléchir, ça sera des choses
qui émotionnellement seront fortes, et me bougeront ,on va dire.
Par contre, la sortie du paddock, non, non, non, non,
non.
Mais ce qu’il faut dire, c’est que
évidemment que j’ai de l’émotion, évidemment qu’on a tous de
l’émotion, parce que c’est une page qui se tourne. Mais je suis
prêt, et il y a des gens beaucoup plus malheureux que moi. Donc
voilà, j’ai vécu une vie fabuleuse, j’ai vécu plus de 40 ans sur
les paddocks. On a été champion du monde, pas 10 fois, mais une
fois. On a gagné dans toutes les catégories, en Moto3, en Moto2, en
MotoGP, en 250. Donc on a quand même des supers souvenirs, on a
vécu des supers aventures, on a connu la course où c’était encore
la fin du Continental Circus, avec un paddock qui était beaucoup
plus rock’n’roll, une expression que j’adore, beaucoup plus
sauvage, avec beaucoup moins de pression, et où, oui, c’était
l’aventure.
C’est toujours l’aventure, mais une aventure différente. On
a vu l’évolution et on a eu la chance de voir
tout ça, de voir le paddock évoluer, de
voir notre sport être de
plus en plus populaire, de plus en plus
suivi, passer à
la télévision, ce qui était un rêve quand j’étais enfant,
de voir des courses de motos à
la télé, car ça n’existait pas.
On considérait que c’était un
sport même pas mineur. Et de voir le
paddock évoluer, de voir la sécurité, ça, j’en ai
beaucoup parlé, des circuits et
de l’équipement des pilotes évoluer incroyablement,
c’est certainement la chose dont on
doit, et dont je suis le
plus fier : d’avoir des
courses où les pilotes peuvent se donner à
100%avec pratiquement plus d’arrière-pensées quant
au danger. C’était loin d’être le cas quand on
est arrivé. Donc il
y avait des côtés romantiques quand on
est arrivé, mais il
y avait des côtés aussi qui étaient très durs à gérer.

Donc on a vécu toutes ces périodes avec mon pote, mon frère et mon ami Guy Coulon. On a vu l’évolution de tout ça. Il y en aura encore des évolutions, mais avoir traversé ces 4 ou 5 décennies quasiment, on peut dire pratiquement 5 décennies au début quand on a commencé, c’est quelque chose qui te fait dire que tu as eu une belle vie, que tu es un enfant gâté, et tu rends grâce à Dieu.
Alors aujourd’hui, oui, c’est triste, mais il y a tellement de gens qui auraient aimé avoir la vie qu’on a eu que je peux pas me sentir victime. Voilà c’est la fin d’une aventure, elle était super belle, mais ce n’est pas la fin de la vie. Voilà, ce n’était que du bonheur, c’était fabuleux ce qu’on a vécu, il n’y a pas un moment que je regrette. Souvent, on m’a dit « quel est ton plus beau souvenir, quel est ton regret ?”. Je n’ai pas de regrets parce que si je regrettais d’avoir fait quelque chose comme je l’ai fait, peut être qu’on n’en serait pas là. Et je suis heureux d’être là, d’être arrivé là. Je suis heureux d’avoir fédéré tout ça.
Il y a un truc qui me rend fier et heureux : ce matin, je suis arrivé, il y a plein de gens qui m’ont arrêté, c’est tous les gens qui me disent “Merci Hervé, merci pour les souvenirs, merci pour tout ce que t’as fait, de nous avoir fait rêver, de nous avoir fait plaisir”. Ca, me touche vraiment et ça fait partie de ce que de ce que j’aime, et c’est certainement une belle fierté. Il y a plein de gens dans l’équipe qui sont venus, qui rêvaient de Grands Prix, comme moi je rêvais derrière le grillage quand j’avais 10, 12 ans, que j’allais voir mes premières courses à Montlhéry. Et il y en a qui sont maintenant là, qui sont passés par le Moto3, qui sont en MotoGP, et je suis super heureux d’avoir donné la possibilité à des jeunes qui ont fait les études qu’ils ont faites, l’apprentissage qu’ils ont fait, qui rêvaient d’aller en MotoGP, qui ne savaient pas s’il y aurait beaucoup de possibilités parce qu’il y a pas 36 équipes, il y en a qu’une en France. Et donc ça, me fait aussi vraiment plaisir d’avoir donné la possibilité à des jeunes de vivre leurs rêves. Que ça soit les jeunes pilotes comme Perrone cette année, comme beaucoup d’autres à qui j’ai donné la chance dans le passé, mais aussi à des jeunes techniciens, des jeunes même qui sont venus par l’hospitality. Pour beaucoup de gens, rentrer dans le paddock, avoir un pass à l’année, bosser dans le paddock et connaître le paddock et tous les gens qui composent le paddock, c’est incroyable. Et leur donner cette chance-là, ça m’a vraiment plu.”
A suivre avec l’interview de Richard Coleman…
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