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Après avoir évoqué les cas de Makoto Tamada, Kenny Roberts Jr et Ben Spies, intéressons-nous à un autre vainqueur MotoGP au XXIe siècle souvent oublié à l’évocation de ce sport. Cet homme à la gueule d’ange était un as sur le mouillé, un de ces virtuoses de la glisse. Son nom : Chris Vermeulen.

Le début de l’histoire de Chris est assez commun. Il débuta à la fin des années 1990 en Australie, son pays natal, dans des championnats régionaux sur terre avant de se tourner vers la piste : une tradition à laquelle n’échappa pas Casey Stoner. Dans le championnat superbike national, il se fait très vite remarquer et son nom atteignit les oreilles d’un certain Barry Sheene. La légende décida de le prendre sous son aile au Royaume-Uni, afin de le développer au mieux.

C’est ainsi que notre jeune Australien traversa le monde, et changea d’atmosphère au profit de la bonne vieille grisaille britannique et des bacs à graviers de circuits perdus dans la campagne. En effet, son mentor lui permit de trouver des guidons en BSB (British SuperBike), championnat atypique et possédant son écosystème propre. Rapidement, son talent parla et il se rapprocha de bonnes équipes comme le mythique Ten Kate Racing. Bien entouré, il explosa. Quand la formation néerlandaise fit un pas vers le championnat Superbike, Vermeulen fut convoqué.

 

 

Wayne Gardner, Casey Stoner, Jack Miller… en général, les australiens performent sur leurs terres, et sont friands des courbes rapides du tracé de Phillip Island. Ici, « Vermin » en action lors de l’édition 2007 du Grand Prix (remarquez les couleurs spéciales faisant références aux anciennes RG500). Photo : Tamas

 

Nous sommes alors en 2004, et il s’apprête donc à prendre le départ de son premier championnat majeur. Tout de suite, son habilité à maîtriser les grosses cylindrées parle d’elle même et il réussit à faire performer sa Honda ‘Fireblade’ tout au long de la saison. Avec nombres de victoires et podiums, il s’adjuge une quatrième place au scratch. Rappelez-vous : Ducati dominait le début des années 2000 grâce à une moto à la conception dirons-nous …ingénieuse. Parmi les huit premiers, il est le seul à ne pas utiliser la machine Italienne.

En 2005 il confirme sa bonne forme en empochant une deuxième place au général, rien que ça. Ceci lui offre l’opportunité de courir les 8 Heures de Suzuka, mais surtout deux wildcards en MotoGP, pour Honda Pons, en remplacement de son compatriote Troy Bayliss. Il prend goût à la puissance des machines et décide qu’en 2006 lui aussi jouera avec les grands.

Ses bagages sont faits. Honda ne peut lui proposer mieux que le WSBK, et c’est non sans regret qu’il quitte sa famille japonaise pour en retrouver une autre : Suzuki. Il prend la place d’un Kenny Roberts Jr en déclin et rejoint par le fait John Hopkins, un américain au fort potentiel. C’est le coup de foudre, comme le prouve cette pole position au Grand Prix de Turquie acquise tôt dans la saison.

Mais comme souvent après un tel changement de catégorie, le natif de Brisbane a du mal à confirmer. À Phillip Island, sur ses terres, son super pouvoir est enfin révélé. Alors que la pluie s’abat sur le tracé, il réalise une prestation exceptionnelle pour finalement terminer deuxième. Son aisance sur piste humide est déconcertante.

2007 rime avec le passage aux 800cc, catégorie peu aimée des pilotes en règle générale. Mais « Vermin » s’en moque. Il réalise ici une année époustouflante, compte tenu de sa machine qui n’était clairement pas au niveau des Honda et autres Yamaha. Les gouttes commencent à tomber au Sud du Mans durant la course tant attendue. Vermeulen n’en demandait pas moins.

 

 

Que ce soit le 7, le 17 ou le 71, Vermeulen à toujours voulu inclure le mythique n°7 de son mentor Barry Sheene dans ses numéros. Un bel hommage, ici en action dans le Corkscrew en 2009. Photo : dog4aday

 

Parti douzième, il ne peut qu’observer la surréaliste bataille pour la tête, animée par Sylvain Guintoli et Randy de Puniet (!). Dès lors que la piste devient complètement mouillée, un autre homme fait surface. Il dépasse les meilleurs uns à uns, comme si c’était simple. Lors du franchissement de la ligne d’arrivée, il compte 13 secondes d’avances sur le deuxième, Marco Melandri.

Cette victoire ne fait que mettre en lumière son personnage, un gars ‘cool’ à la gueule d’ange, dans le plus pur style australien. Troisième à Silverstone – parti 12e -, deuxième à Laguna Seca et à St Marin… Les bonnes performances pleuvent. La sixième place du général lui tend les bras en fin de saison.

Malheureusement, le matériel rattrape le talent de l’Australien en 2008 et 2009. Deux années très difficiles sans l’ombre d’une victoire sur la GSV-R aux couleurs somptueuses. D’ailleurs, en 2009, Suzuki lui montre la porte de sortie, se faisant largement dépasser par Loris Capirossi dans les classements. Ceux qui ont de la mémoire se rappellent sûrement de son (insignifiante) apparition au Grand Prix de France 2012 sur une Suter-BMW du Forward Racing en remplacement de Colin Edwards. Ce fut la dernière fois que l’on vit le prodige sur une machine en mondial.

Dommage. Dommage que Vermeulen n’ait pas eu la bonne moto au bon moment, et dommage que sa carrière fut aussi courte (seulement six saisons au plus haut niveau, à temps complet). Indissociable de l’épopée Suzuki en Grand Prix, il faudra tout de même attendre 2016 et Maverick Viñales pour une nouvelle victoire des bleus et jaune. Vermeulen régalait les passionnés et tous vous confirmeront que son talent était particulier.

 

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