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C’est un Valentino Rossi métamorphosé d’un week-end à l’autre qui nous a été l’occasion d’observer en deux rendez-vous successifs à Jerez. Lors du Grand Prix d’Espagne, on le voyait se diriger vers la retraite, la tête basse et la mine défaite, portant en bandoulière des résultats décevants ponctués par un abandon technique. Pour celui d’Andalousie, le voici sur le podium après une qualification l’ayant mis en tête de la seconde ligne, étreignant un Fabio Quartararo vainqueur qui pourrait être son fils. Le résultat d’un long travail de mise au point entre deux meetings ? Pas seulement. Et c’est là que la politique intervient…

Lorsque l’on fait entrer le politique dans la gestion d’un problème, ça n’annonce rien de bon. On imagine tout de suite des luttes d’influence, des décisions prises au nom de convictions plus que sur la base de faits objectivement analysés. Que viendrait donc faire cette politique dans la mise au point d’une Yamaha ? Valentino Rossi nous fait découvrir qu’en fait, elle est tout.

La petite phrase a fait son effet lors du débriefing : « parfois, vous avez des problèmes d’ordre politique » et il ajoute : « avec mon équipe, nous avons dû travailler dur pour changer mon réglage, car la moto que j’utilisais jusqu’à dimanche dernier n’était pas à moi. Je ne me sentais pas bien, surtout dans les virages ».

A partir de là, Valentino Rossi ne pouvait plus rien cacher. Il en avait trop ou pas assez. Alors il a éclairé notre lanterne : « au cours des dernières années, Yamaha a souffert d’une grave dégradation du pneu arrière avec les Michelin », explique le Doctor. « Fin 2018, ils ont donc changé l’équilibre de la moto pour mieux protéger le pneu. Cela n’a fonctionné que pour moi au début, j’ai terminé deux fois sur le podium. Mais le problème de pneus a persisté. Je n’ai pas non plus pu être rapide avec la moto parce que c’était complètement différent, surtout à l’entrée du virage ».

Le diagnostic étant posé arrive le nœud du problème : « si vous roulez sur la même moto et qu’il y a des pilotes comme Fabio et Maverick qui sont si rapides, Yamaha pense que je dois rouler comme eux », explique Rossi. « Mais ils doivent aussi me soutenir, car je pilote dans l’équipe d’usine et l’année prochaine avec Petronas. Alors ils doivent me faire confiance. Peut-être que je ne suis pas le plus rapide en piste, mais je peux faire de bonnes courses », souligne le pilote de 41 ans qui, au passage, confirme son avenir…

Un futur qui n’était pas si évident jusqu’à ce podium. C’est donc une autre révélation que nous fait Valentino Rossi : « après des courses comme la semaine dernière ou Valence ou Aragon, où j’étais très mauvais, nous nous sommes regardés et n’avons pas eu les mots. Nous avons pensé que nous devrions peut-être rentrer à la maison et y rester ». Voilà qui explique pourquoi Vale voulait courir avant de se décider. Non pas pour se rassurer sur son niveau, mais pour se rendre compte s’il pouvait encore se faire entendre.

« La semaine dernière, nous avons pensé rentrer et rester à la maison » 

Avec ce podium, Valentino Rossi prévient Yamaha que désormais, il ne lâcherait pas l’affaire… « Nous avons beaucoup changé les réglages de la moto depuis vendredi », explique Rossi et il critique Yamaha : « malheureusement, nous avons dû mettre beaucoup de pression sur Yamaha parce qu’ils ne voulaient pas faire ça. Mais à partir de vendredi matin, je me suis senti mieux. Certes, c’est très difficile car il y a beaucoup de pilotes qui sont forts, mais j’ai piloté ma moto ce week-end ».

Il termine : « cette année, nous sommes plus forts dans les stands et n’abandonnons pas. Nous mettons la pression sur David Munoz, chef d’équipe et sur toute l’équipe ». Mais il ne veut pas se montrer trop critique pour autant : « nous entretenons de bonnes relations. Je suis un pilote Yamaha dans l’âme et j’ai une belle histoire avec ce constructeur. Je voulais juste mettre de la pression sur ce bon résultat ».

Malgré les sourires et les succès enregistrés ces deux derniers Grands Prix à Jerez, force est de constater qu’il y a des poches de grisous de partout dans la mine Yamaha. Car à ce souci « politique », il faut ajouter la faiblesse bien technique du moteur… Cette saison ne fait décidément que commencer…

 

 

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