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Se baser uniquement sur les communiqués de presse pour rendre compte de la situation d’un pilote ou d’un team reflète parfois mal la réalité des choses.

Dans le sien, Maverick Viñales est tout à fait politiquement correct et ne s’étend pas sur la gravité de ce qui apparaît de plus en plus comme étant une situation beaucoup plus mal engagée que l’année dernière à la même époque…

« Ce fut un test difficile, comme ce fut le cas en Malaisie, où nous travaillons dur pour essayer de comprendre quel est le problème, surtout en ce qui concerne le freinage, mais nous devons nous améliorer dans tous les domaines. Je vais continuer à travailler et je serai prêt à 100%, et quand la moto sera prête, je vais attaquer. »

Évidemment, interrogé par sa presse nationale, en l’occurrence la chaîne espagnole Movistar, le pilote de Figueiras est plus prolixe, comme en témoigne la très éloquente vidéo ci-dessous, dont les passages concernés ont été traduits par notre collaboratrice Charlotte Guerdoux.


Beaucoup de préoccupation chez Movistar Yamaha. Le test en Thaïlande est désormais terminé, il ne manque plus que celui du Qatar avant de clore la pré-saison, et ils continuent d’être perdus.

La meilleure Yamaha a été la satellite de Zarco, deuxième aux temps combinés. Les bonnes sensations du Français contrastent avec l’inquiétude grandissante de l’équipe officielle. Maverick a terminé huitième, incapable d’améliorer son temps de la deuxième journée. Le pilote est moralement atteint.

Maverick Viñales : « La vérité c’est que j’ai utilisé la même électronique qu’hier et ça ne fonctionne pas aujourd’hui. Nous avons ici un handicap que nous n’arrivons pas à trouver. Il faut continuer à travailler et à le chercher. Cela fait des mois que nous avons le même problème avec les entrées de virages, et je ne peux pas donner le meilleur de moi-même. »

Natacha Alfageme : Cela ressemble à ce qu’il s’est passé en 2017…

« Oui, c’est la même chose, et ils n’arrivent pas à résoudre le problème. Johann est devant. C’est quelque chose qu’on a du mal à croire car en tant que pilotes Yamaha Factory nous avons beaucoup de mal. »

En quoi votre moto d’aujourd’hui est-elle différente de celle de Zarco ?

« Je ne sais pas, demandez à Ramón ou à Yamaha. Je ne crois pas que le problème soit dans le box, c’est quelque chose de plus important car nous avons tout essayé sur la moto, tout ! Y compris des réglages que nous n’aurions pas testé l’an dernier car cela aurait été impossible de travailler. »

 Est-ce le pire test que tu aies fait avec Yamaha?

« Dans mon cas, oui, c’est de loin le pire.

Ce que moi je demande, c’est la moto que j’ai pilotée la première fois. Lorsque je suis monté sur la Yamaha ma sensation était totalement différente de celle d’aujourd’hui. En tant que pilote, je ne peux pas donner mon maximum et quand cela se produit, tu n’es pas satisfait.

Nous travaillons beaucoup, plus que jamais, mais les choses ne vont pas dans le bon sens. Peut-être que nous avons réalisé seulement maintenant qu’il y a un problème… Et nous sommes à un mois de la course. »

Valentino Rossi a, lui, terminé douzième. L’Italien s’est senti mieux lors de la dernière séance mais il rejoint Viñales sur le fait que l’équipe officielle a un problème.

« Hier j’étais plus préoccupé, aujourd’hui je suis mieux. Lors de la dernière heure j’ai été assez rapide en tournant en 1:30.5, mais lors de mon meilleur tour j’ai commis une erreur et suis sorti large dans le dernier virage. Sans cela, j’aurais pu faire 1:30.2, ce qui n’est pas mal.

Le principal problème est que nous ne savons pas à quoi nous attendre. Le matin ça va, l’après-midi ça ne va pas, et le jour suivant ça change encore… C’est vraiment comme jouer aux échecs. C’est une situation très bizarre qui, dans toute ma carrière, ne m’est arrivée que l’année dernière.

Nous savons que nous devons travailler, surtout sur l’électronique, mais je ne pense pas que lors des prochains tests nous n’aurons aucun changement, seulement c’est quelque chose qui se verra plus sur la durée, dans les prochains mois. D’ici là, nous devons nous fier au destin.

Il se passe la même chose que l’an dernier et c’est difficile de développer la moto. Nous avons beaucoup travaillé, mais tout est lié à l’adhérence arrière. Avec les pneus, un jour ça va, un autre non, puis ça va de nouveau le lendemain… Je ne sais pas. J’ai beaucoup parlé avec les ingénieurs japonais et je pense que le problème peut se révéler assez clair mais n’est pas facile à résoudre. »


Hors caméra, toujours selon l’envoyée spéciale de Movistar, Maverick Viñales accuse même implicitement Valentino Rossi d’avoir orienté le développement de la M1 dans une direction qui ne lui convient pas.

« J’essaie de faire travailler ma Yamaha pour moi. Je ne peux pas piloter avec la moto de quelqu’un d’autre parce que je ne pilote pas comme ça. Je me concentrerai sur mes affaires. En 2017 je me suis beaucoup concentré et la moto a fonctionné. Cette année, nous essayons de partager un peu plus (les données) et peut-être que ça ne va pas bien. »

En marge de ce duo dont on aperçoit ainsi les premières dissensions et qui semble malheureusement tourner en rond sans trouver la sortie de leurs problèmes alors qu’il ne reste que trois jours d’essais avant le premier Grand Prix de la saison, Johann Zarco apparaît de plus en plus comme l’énigmatique outsider qui pourrait finalement jouer un rôle tout sauf accessoire…

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