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Ce dimanche 3 octobre 2021, Marc Márquez a répondu aux questions des journalistes depuis le Circuit of the Americas, à l’issue du Grand Prix des Amériques.

Nous sommes allés écouter (via un logiciel de téléconférence) les propos du pilote espagnol, qui a décroché sa deuxième victoire de la saison après une course contrôlée de main de maître.

Comme à notre habitude, nous reportons ici les paroles de Marc Márquez sans la moindre mise en forme.


 

Marc, vous ne pouviez pas imaginer un meilleur déroulement pour votre course. Vous vous êtes élancé depuis la troisième position sur la grille et avez exécuté votre plan à la perfection, avec un superbe départ pour virer en tête au premier virage. Vous avez ensuite assuré votre leadership dans les premiers tours, avant de creuser l’écart à partir de la sixième boucle. Pouvez-vous revenir sur votre prestation ?

« C’était effectivement mon plan de mener la course dès le premier tour, et c’est ce que je suis parvenu à faire en freinant très fort au premier virage. Lors des premiers tours je me suis surtout attaché à gérer la course, avant de commencer à réellement attaquer. Je suis passé de chronos dans la fenêtre haute à la fenêtre basse des 2’04. »

« J’étais très fort à ce moment-là, et mon intention était clairement de creuser l’écart et c’est ce que j’ai réussi à faire. J’avais tout de même une petite incertitude quant à ma condition physique en fin de parcours, mais je dois dire que tout le monde a rencontré des difficultés sur ce plan-là. Mais au final l’écart que j’ai creusé par rapport à Fabio Quartararo s’est révélé suffisant pour me permettre de bien gérer ma fin de course et enchaîner des temps réguliers. »

Une fois que vous avez creusé l’écart passé le tiers de la course, cela a dû être difficile de maintenir le rythme avec toute cette chaleur et l’humidité qui régnaient sur le COTA. Sans compter les bosses…

« Dans les faits j’ai commis quelques erreurs en course, notamment à trois tours du but où je suis passé près de la chute dans le virage 6. Mais c’est vrai que j’étais très concentré. Je n’ai vraiment attaqué que trois ou quatre tours, mais quand j’ai vu que j’avais réussi à bien creuser l’écart j’ai géré la situation, en revenant dans la fenêtre haute des 2’04, le tout en étant régulier car j’avais quand même pas mal de marge pour être encore un peu plus rapide. »

« C’est la première course du calendrier où je suis effectivement arrivé avec l’intention de me battre pour la victoire. Dans l’ensemble, le weekend s’est très bien passé : vendredi s’est très bien déroulé, le samedi un peu moins, mais au final tout s’est bien goupillé aujourd’hui. »

« C’est la première course de l’année où je suis arrivé avec l’intention de me battre pour la victoire »

 

 

Compte tenu de votre palmarès ici, avez-vous ressenti une pression supplémentaire [Marc Márquez avait signé sept pole positions et sept victoires en huit participations jusqu’à ce dimanche à Austin] ?

« J’ai bien sûr ressenti une certaine pression, cette saison est tellement étrange et difficile pour moi. Mais je dois dire que je n’avais jamais ressenti dans ma carrière certaines sensations, car des fois je chute et je ne comprends pas pourquoi, d’autres je suis vite et je ne comprends pas non plus pourquoi. »

« Mais petit à petit je m’aperçois que je suis tout de même capable de rouler d’une meilleure manière et de mieux gérer les situations qui se présentent à moi. Mais je suis encore loin de mon niveau d’antan, et c’est pourquoi il faut que je continue à attaquer, car je n’ai toujours pas retrouvé ce feeling assez spécial que j’avais par le passé avec la moto. »

« Je n’ai toujours pas retrouvé ce feeling spécial que j’avais par le passé avec la moto »

 

Vos deux victoires cette saison ont été obtenues sur des tracés allant dans le sens antihoraire, sans compter votre deuxième place en Aragón. Pouvez-vous expliquer ce qu’il vous manque exactement dans les virages à droite, car dans les faits il y a de nombreux virages à droite avec qui plus est des bosses à Austin, et pourtant cela ne semble pas vous avoir affecté…

« Les circuits antihoraires ont toujours été un point fort pour moi, mais avec ma blessure c’est vrai que la différence avec les virages à droite est encore plus grande. C’est au final facile à expliquer : Dans les virages à gauche je peux mieux tourner car je tire le guidon avec mon bras gauche pour bien prendre mon virage. »

« Mais le problème c’est dans les virages à droite, où j’utilise également principalement mon bras gauche, mais pour pousser le guidon, ce qui rend mon pilotage moins précis avec moins de force, ce qui provoque donc plus de sous-virage. Le fait est que je ne parviens pas à bien utiliser le bras droit en virage, mais mon pilotage est tout de même convenable. »

« Piloter de la sorte est difficile, et c’est la raison pour laquelle j’ai beaucoup chuté jusqu’ici en perdant l’avant, sans pouvoir réaliser le moindre sauvetage avec mon coude. Mais c’est quelque chose sur quoi je travaille. Il reste encore trois courses à disputer, et je pense que ce sera encore difficile à Misano, car tout le monde va être très rapide, surtout avec les deux journées d’essais qui viennent se rajouter à la précédente manche courue là-bas. Mais je dois dire que les trois dernières courses vont me permettre de savoir où je me situe, notamment dans les virages à droite. »

« Les trois dernières courses vont me permettre de savoir où je me situe »

 

 

On vous a vu au téléphone au Parc Fermé, pouvez-vous nous dire qui était au bout du fil ?

« J’étais avec Alberto Puig [le team manager du HRC]. Tout le monde sait que c’est une personne très importante au sein de l’équipe. Il n’a malheureusement pas pu venir ici. Son rôle est capital car il pousse vraiment tout le monde dans la bonne direction, que ce soit les techniciens ou les pilotes. Il prend soin de tous les paramètres pour que nous soyons plus forts et plus rapides la saison prochaine. »

Vous avez roulé dans la fenêtre des 2’04 lors de la seconde partie de la course. Vous attendiez-vous à un tel niveau de performance de la part des pneus et de vous-même ?

« Oui, car je suis un pilote qui, lorsqu’il est en mesure de faire un temps au tour donné lors des essais libres, est par la suite capable de le reproduire en course. Il est vrai que parfois les sensations ne sont pas tout à fait les mêmes et que c’est plus difficile, mais mon rythme de course était celui que j’avais déjà affiché lors des essais libres. »

« Il n’y a que dans les cinq derniers tours où j’ai un peu baissé de régime car l’écart était fait. Mes sensations étaient bonnes, et je savais où prendre un peu plus de risques si Fabio venait à se rapprocher. Il s’agissait du reste des virages 2 à 4. J’avais vu les trajectoires de Pecco Bagnaia hier, il essayait de couper un peu les virages ce qui permettait d’économiser des forces. J’ai donc essayé de copier ces trajectoires. »

 

Où en êtes-vous précisément dans votre récupération ?

« Je ne peux pas répondre précisément à cette question. Tout ce que je peux dire, c’est que quand je fais certains mouvements, je me rends compte que je suis encore loin d’avoir pleinement récupéré. Mais je dois dire que je suis de plus en plus capable de conserver une position normale dans les points de freinage. »

« Je ne suis pas encore tout à fait à l’aise, je ne peux pas par exemple approcher le virage en glissant et ensuite tourner, alors que c’était l’un de mes points forts par le passé. Dans l’immédiat j’aborde les virages comme les autres pilotes. J’ai encore pas mal de limitations, mais je suis en mesure de bien piloter la moto. Ce weekend, j’ai demandé à mon garage de ne me poser aucune question à propos de mon épaule. »

« Au final j’ai simplement fait de mon mieux. Si on prend la journée d’hier [samedi], je ne me sentais pas bien, et donc je n’ai pas insisté. C’était possible de procéder comme ça car j’étais de toute façon rapide, mais ce n’est pas le cas partout, et sur d’autres circuits je suis bien obligé de forcer plus. Il faut donc voir ce que ça donne sur les trois prochaines courses, mais ce qui est sûr c’est que je suis impatient d’être à la pause hivernale ! »

Vous avez sorti la grosse attaque pour creuser l’écart en tête de course, alors que dans des circonstances similaires il y a deux ans vous étiez parti à la faute dans le virage 12. Est-ce que cette erreur est restée dans un coin de votre tête jusqu’à la fin de l’épreuve?

« C’est clairement resté dans mon esprit. Le fait est que dans ce virage vous avez toujours tendance à vouloir freiner un peu plus. Plusieurs fois je me suis retrouvé à freiner très fort et mon accident de 2019 m’est revenue à l’esprit. Alors je relâchais les freins et je ne forçais pas plus que cela en partant plus large. Je ne voulais pas trop en faire, car c’est facile de perdre l’avant dans les virages 11 et 12. »

 

Du point de vue physique, c’était plus ou moins difficile que ce à quoi vous vous attendiez, notamment avec les bosses ?

« Pour moi c’était pareil qu’à Misano. C’est vrai qu’à l’accoutumée ce circuit est plus exigeant, mais me concernant tout cela devient plus relatif dans le sens où c’est plus difficile pour moi sur tous les circuits à droite. Je pense même que sur les circuits tournant dans le sens horaire je finis plus fatigué qu’ici en ce moment. »

« J’ai fini moins fatigué que sur tous les circuits tournant dans le sens horaire »

 

Vous venez de déclarer que vous n’aviez toujours pas retrouvé ce feeling si spécial que vous aviez avec la Honda. Pouvez-vous nous dire dans quel domaine la Honda vous limite-t-elle ?

« En ce moment, notre point faible réside clairement dans la bonne utilisation du pneu arrière. Je n’arrive pas à exploiter tout le potentiel du pneu arrière, mais celui-ci ne se dégrade pas plus que cela. J’avais en effet le même niveau de grip avec le pneu neuf que le pneu usé. C’est aussi pour cela que j’arrive assez facilement à être régulier en course, mais ce n’est clairement pas la bonne façon d’être rapide. Je préfère au contraire avoir un meilleur niveau de grip, quitte à devoir gérer ensuite sa dégradation. »

 

Malgré les conditions de course difficiles, vous avez tout de même bouclé la course en étant 11 secondes plus rapide que lors de votre dernier succès ici, en 2018. Comment expliquez-vous cela ?

« Je pense que Michelin a bien progressé sur le pneu arrière et le pneu avant. Les composés des précédentes éditions fonctionnaient différemment. C’est vrai que vendredi beaucoup se sont plaints de l’omniprésence de bosses sur la piste, mais par la suite vous menez toujours des réglages qui vous permettent de composer avec cela, et vous ajustez vos trajectoires et essayez de jouer avec votre corps. »

« Je pense que tout cela conjugué avec les pneus, c’est ce qui fait la différence. Pour le reste, je dois dire que la moto ne fonctionne pas si mal. Nous rencontrons bien sûr quelques difficultés selon les circuits, mais on s’en accommode et tout le monde fait du bon travail, de sorte que même si je ne pilote pas encore d’une manière tout à fait naturelle, je suis tout de même capable d’être rapide. »

Vous aviez déclaré vendredi à l’issue de la première journée que vous n’aviez pas de bonnes sensations, ce en dépit de vos temps au tour tout à fait convenables. Quand avez-vous trouvé ce déclic pour être aussi dominateur dimanche ?

« Je dois admettre que je n’étais pas plus à l’aise hier, quand bien même j’étais assez rapide. C’est lors du warm up que j’ai commencé à me sentir mieux et à pouvoir réellement attaquer davantage. Je pense que la clé a été de rester calme hier et de faire le dos rond tout en économisant de l’énergie, pour aujourd’hui tout donner. »

Des modifications ont été apportées à votre combinaison, notamment au niveau de votre épaule. Est-ce que cela vous a été d’une quelconque aide aujourd’hui ?

« Ces modifications ont été apportées en Aragón, car là-bas j’étais vraiment en grande difficulté. J’avais très mal à mon épaule, et quand vous atteignez un certain niveau de douleur, le moindre petit grain de sable vous perturbe. Nous avons donc procédé à cette petite modification au niveau de ma combinaison, mais cela doit rester temporaire, car l’objectif est bien que je revienne récupère totalement à l’avenir. »

 

Nous avons encore frôlé le drame ce dimanche lors de la course Moto3. Pouvez-vous nous donner votre avis sur ce qu’il s’est passé et sur la sanction qui a frappé Deniz Öncü [une suspension lors des deux prochaines manches] ?

« Ce fut en effet un moment assez effrayant, surtout dans le contexte de cette année difficile pour la compétition moto. Mais il est clair que tout est parti d’un mauvais mouvement de l’un des pilotes impliqués. Je pense que la pénalité infligée à Öncü est sévère, car il n’a pas fait exprès, mais il faut bien sanctionner au bout d’un moment pour arrêter ce type de comportement en piste. Ce n’est pas possible de changer de trajectoire comme ça en pleine ligne droite, ce sont des manœuvres bien trop agressives, surtout dans cette catégorie. »

Vous aviez ressenti beaucoup de douleur à Misano. Avez-vous eu moins mal ici ?

« Oui, ce fut beaucoup mieux ici. Mais de toute façon la vraie douleur arrive toujours à contretemps, généralement le mardi, notamment au niveau de la partie extérieure de mon bras, ce qui me force à utiliser ce dernier de façon inhabituelle. Ici je n’ai ressenti aucune douleur jusqu’à aujourd’hui, mais je pense que la séance disputée sur le mouillé vendredi m’a beaucoup aidé. »

« Là je commence à avoir un peu mal, et dans l’absolu la douleur arrive plus tôt si le circuit où je suis présente une majorité de virages à droite. A présent j’ai deux semaines devant moi pour me reposer, et petit à petit ma situation s’améliore, donc cela me permet de rester bien motivé et optimiste pour la suite. »

MotoGP Austin – Résultats de la course :

Crédit classement motogp.com

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