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Sofuoglu

Kenan Sofuoglu doit défendre le style de pilotage de ses pilotes et compatriotes dans un contexte général sensible marqué par la question de la sécurité en piste. Trois décès de pilotes qui n’avaient même pas atteint la majorité ont posé la question de la frontière entre l’attitude insupportablement agressive en course et la technique virile mais correcte du dépassement de l’adversaire. A un moment où Deniz Öncü a été sanctionné après un carambolage à Austin en Moto3, et alors que la grande finale du WSBK va débuter en Argentine, l’ancien multiple Champion du Monde de Supersport met les choses au point Et notamment avec Jonathan Rea de la part duquel il s’attend visiblement à un coup bas…

Le WSBK a établi son campement en Argentine dans une région de San Juan qui reçoit ce weekend l’avant dernière manche d’une saison placée sous haute tension. Il y a fort longtemps que l’on n’avait pas vécu dans la catégorie une telle indécision dans la course au titre avec deux pilotes en duel frontal sous le regard avide d’un troisième prêt à tirer les marrons du feu.

Scott Redding est le troisième larron d’une partie qui se joue néanmoins avant tout entre le plus que trentenaire Jonathan Rea aux six titres avec la Kawasaki et un Toprak Razgatlioglu de moins de 25 ans qui représente la relève. Cette confrontation est donc aussi symbolique, ce qui exacerbe l’enjeu. On le sent au fur et à mesure que l’on s’approche de la décision finale : on usera de toutes les ficelles pour battre l’adversaire. Sur la piste mais aussi hors de celle-ci.

Et c’est là que Kenan Sofuoglu arrive, pour soulager son champion de toute pression psychologique et autres influences qui pourraient le déstabiliser. Le Turc voit le coup venir et il sera porté sur le thème de l’agressivité sur la piste à un moment où elle pose question dans les catégories d’entrée dans la compétition internationale. Les derniers et tragiques événements en Moto3 et en SuperSport300 ont changé ce qui était, il y a peu, des faits de courses, en bases de réclamations pour obtenir des sanctions.

Avec 24 points de retard, Rea est dos au mur. Sofuoglu est un ancien multiple Champion du Monde et il connaît donc la manœuvre. Alors il prend les devants, après avoir entendu les premières critiques du pilote Kawasaki sur la virilité des attaques portées par Razgatlioglu : « tout d’abord, vous devez toujours voir qui se plaint », a déclaré sur Speedweek celui que l’on surnommait « Kenan le terrible » lorsqu’il était pilote. C’est dire…

Sofuoglu

Sofuoglu : « Rea devrait accepter le fait que Toprak le bat« 

Il continue ainsi sa démonstration : « en règle générale, ce sont les adversaires. J’ai d’excellents pilotes qui sont parmi les meilleurs de leur catégorie. Mon meilleur exemple est Toprak. Johnny et Scott se plaignent beaucoup de lui parce qu’ils ne peuvent plus le battre. Ce n’est pas gentil de leur part. Johnny devrait dire que Toprak est la nouvelle génération. Il devrait accepter le fait que Toprak le bat ».

« Au lieu de cela, il dit que Toprak pilote dangereusement », regrette le quintuple champion du monde qui avance ensuite des arguments objectifs : « mais combien de fois quelqu’un est-il tombé à cause de Toprak ? Combien de fois a-t-il percuté quelqu’un d’autre ? Qui Toprak a-t-il éliminé de la course ? Et à quelle fréquence Toprak se trompe-t-il ? Johnny fait beaucoup d’erreurs. Toprak n’a pas pu terminer trois courses cette année, mais ce n’était jamais sa faute. Il conduit agressivement, c’est vrai. Mais cela fait partie du sport moto. Il prend des trajectoires serrées pour dépasser ses adversaires. Il peut prendre et attaquer ces lignes serrées. À quelle fréquence a-t-il touché un adversaire au cours du processus ? ».

Kenan Sofuoglu termine : « personne n’a à se plaindre de Toprak, il est très fort et un pilote gagnant. Il faut respecter les gagnants et ne pas se plaindre d’eux. Ça me fait vraiment mal d’entendre des choses comme ça de Jonathan Rea. Et ça me surprend. Mais s’il veut jouer comme ça… ». Voilà qui promet pour la suite et d’autant plus qu’il y a quelque chose de personnel dans cette quête du titre pour Kenan : « si tout se passe bien, un athlète turc remportera pour la première fois le championnat du monde de Superbike. J’ai tout investi pour ça. Mon père est parti, mais il apprécierait s’il était vivant. J’espère qu’il voit ce que nous avons fait. Je vais lui donner cette Coupe du Monde. J’espère que ça arrivera, devant les caméras j’ai envie de dire ‘C’est pour mon père’ ». Ce sera chaud au pays du tango.

Johnny Rea, Alvaro Bautista et Toprak Razgatlioglu (de gauche à droite)

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