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Depuis plus d’une semaine, le paddock se gratte la tête. La Dorna a imposé une nouvelle règlementation pour les années à venir, concernant l’âge requis pour les catégories. Une décision en particulier divise les observateurs : Pour piloter en Moto3 à l’horizon 2023, chaque pilote devra avoir minimum 18 ans. Analyse d’une mesure inédite.

Tout d’abord, commençons par dire qu’il n’y a pas de bonne réponse à la question. Il est impossible de dire qu’il s’agit là d’une bonne ou d’une mauvaise décision. Seul le temps donnera raison (ou tort) à la Dorna. D’ailleurs, les pilotes sont eux-mêmes partagés. Valentino Rossi est mitigé, Marc Márquez est pour, Pecco Bagnaia est contre.

En revanche, il existe de mauvais arguments, fallacieux. Attention, ce n’est pas contre un pilote en particulier, car une fois de plus, la question est très difficile. Il s’agit juste un exemple. Pour faire concis, simple et organisé, nous allons étudier la question en deux parties, avec thèse et antithèse.

        I) L’âge, vraiment le problème ?

L’incroyable record d’Ivan Palazzese (15 ans sur un podium) ne sera plus jamais battu. Photo : Pala Aprilia.

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« Je me souviens quand j’avais 15 ans, que je suis arrivé en championnat du monde, j’étais trop jeune et je ne pensais pas trop à la sécurité. À 18 ans, je roulais déjà pour un titre et me sentais beaucoup plus mature », confiait Pol Espargaró. Mais n’est-ce pas ces trois ans d’apprentissage au plus haut niveau qui rendent justement un pilote mature ? Il ne s’agit pas d’une question d’âge, mais de maturité. L’âge n’est qu’un chiffre. Il n’y a pas de soudain déclic durant la nuit de ses 18 ans. Dans l’exemple de « Polyccio », un pilote qui arrive à 18 ans va disputer son premier titre à 21 ans, donc le problème est le même, juste décalé de trois ans.

C’est exactement le souci qu’a pointé Loris Baz sur les réseaux sociaux avec de très bons arguments. La mesure « décale » l’âge, mais aussi tout un problème. En cas de décès d’un pilote (mettons les pieds dans le plat, car c’est ce pourquoi cette décision fut prise), la Dorna endosse, aux yeux du public, moins de responsabilité car le pilote est « majeur ».

Loris, tout comme Ben Spies, préconisait plutôt des motos moins permissives, plus difficiles à dompter. En effet, de nos jours, les Moto3 sont sur des rails et les pilotes chutent très rarement, proportionnellement au nombre d’engagés. En revanche, quand chute il y a, la course en paquet cause souvent une réaction en chaîne.

        II) Il fallait faire quelque chose

La Dorna a également modifié les conditions d’entrées de toutes les formules de promotions (Talent Cup européennes, Rookies Cup, CEV, …) afin de proposer un vrai programme de fond. C’est une très bonne chose. Cette « déresponsabilisation » n’en est pas vraiment une puisque l’organe espagnol chapeaute, plus ou moins, tous les pilotes prometteurs du monde. En ce sens, nous ne pouvons pas dire qu’elle se débarrasse d’un problème pour le refourguer à quelqu’un d’autre.

Les trois décès de cette année nous ont tous attristé. Cela faisait plusieurs décennies qu’une telle hécatombe n’avait pas frappé le sport moto. D’une manière ou d’une autre, il fallait prendre une décision, réagir, bouger.

Que retenir de tout ça ? Qu’il s’agit d’une équation impossible à résoudre. Un calcul où économie et vie humaine sont deux facteurs déterminants. En effet, la proposition de Loris Baz est la bonne : Il faudrait, dans un monde idéal, rendre les catégories plus sûres et éviter les paquets de 30 à 13-14 ans, comme c’est le cas en Supersport 300, catégorie jugée extrêmement dangereuse. Mais, nous, public, regarderait-on avec autant d’intérêt la Moto3 si cela était une procession avec des écarts immenses à l’arrivée ? Sûrement pas.

Et vous, que pensez-vous de ces mesures fortes ? Dites-le-nous en commentaires, tous seront lus et débattus !

 

 

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Photo de couverture : Michelin Motorsport

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