Que peut bien faire un pilote de course après avoir terminé les 24 Heures Motos au Mans le week-end précédent et avant de défendre ses chances dans la championnat de France FSBK à Lédenon le week-end suivant ? Il roule, bien sûr, comme Jérémy Guarnoni que nous avons retrouvé sur le circuit Carole mardi dernier, en compagnie de Loris Baz.
Le toulousain s’est lancé cette année dans un nouveau challenge, abandonnant le confort d’une place d’usine chez BMW pour retrouver les sensations du challenger, aussi bien en endurance avec le team KM99 qu’en vitesse nationale avec la structure MDS. Ce roulage à Carole, contrairement aux week-ends de course où les pilotes sont forcément un peu toujours pressés, était l’occasion de faire le point de façon un peu plus décontractée…
Alors Jérémy, on t’a quitté l’an dernier sur une BMW,
enfin sur des BMW d’ailleurs, et on te retrouve cette année sur des
Yamaha. Tu peux nous expliquer un petit peu pourquoi ce nouveau
départ, et surtout qu’est-ce que tu en
attends ?
“On va dire que les deux années
que j’ai faites dans le team officiel BMW, ça s’est plutôt bien
passé et on a fait des bons résultats. On va dire que les courses
qui ont été terminées, on était tout le temps sur le podium. Après,
malgré tout, j’avais un peu de mal à me mettre dans le moule et
l’esprit du team. Moi je suis quelqu’un qui a besoin un peu de
convivialité et j’ai trouvé que ça me manquait. Donc forcément,
psychologiquement, ça devenait un peu dur pour moi, et en plus ça
tombait que Sylvain (Guintoli) avait signé pour faire le
développement Superbike, donc du coup je trouvais que je n’étais
plus trop à ma place dans ce team. En plus, on a eu l’opportunité
de signer avec KM sur la Yamaha pour rouler en endurance, mon
programme principal. Donc ça s’est bien goupillé, j’ai vu qu’ils
avaient signé Flo (Florian Marino) et Randy (de Puniet) qui sont en
dehors de la piste des gars que j’aime beaucoup. Donc c’est pour ça
que j’ai décidé de m’orienter plutôt sur KM, et voilà une nouvelle
aventure j’aime bien. Et pour le championnat de France, ça s’est
goupillé avec la même structure où j’étais l’an dernier, mais avec
des Yamaha. On a changé de motos, on a une petite aide de Yamaha
France, et c’est aussi un beau projet.”
Randy nous avait déjà vanté la qualité du matériel
et de la structure KM99. Tu confirmes, même si la première course
ne s’est pas très bien passée ?
“Oui, c’est vraiment dommage
parce que ça ne s’est pas très passé en course, mais ça s’était
super bien passé jusqu’à la course. Donc ce qui est dommage, c’est
que le matériel est vraiment top, la moto il n’y a vraiment rien à
dire, elle a un potentiel vraiment pour se battre dans le top 5 à
chaque fois. Pour moi, elle est presque au niveau de la BM
officielle, franchement. Le team est vraiment pas mal aussi, juste
tout s’est mal goupillé. Mais quand il y a eu la chute au bout de 4
heures de course, on était quand même 2e à ce moment-là, donc je
peux te dire que c’était super bien parti. Mais après l’erreur
humaine d’une petite chute, on a eu des problèmes électroniques.
Alors on ne sait pas pour l’instant vraiment si c’est lié à la
chute ou pas, ça peut être qu’ils vont arriver à l’analyser et
savoir si ça serait arrivé quand même sans la chute. C’est un team
qui manque un petit peu d’expérience, car
c‘est un jeune team, c’est leur
2e saison, mais moi, franchement, je suis super content. Le
résultat de la course ne reflète pas du tout la semaine qu’on a
faite, ni le potentiel du team ! Donc voilà, on sait qu’en
endurance, malgré tout, il faut un petit peu de chance et il faut
surtout être très appliqué. Avec le niveau qu’il y a aujourd’hui,
pour rentrer dans le top 5 avec une chute, c’est impossible ou
alors il faut vraiment s’appeler le SERT et faire une petite chute
et remonter la moto en 3 minutes. Mais bon, on ne va pas vanter les
qualités du SERT, on les connaît tous, et ils ont beaucoup plus
d’expérience. Donc il faut qu’on corrige déjà les erreurs qu’on a
faites, et je pense que ça va ne faire que progresser. Moi,
franchement, je suis totalement
confiant.”
Donc là tu es excité et impatient d’être à la prochaine,
à Spa…
“Oui, oui, oui, en plus je sais
qu’on va avoir des améliorations, on va avoir un vrai moteur
Superbike pour faire 8 heures. Donc voilà, des teams privées qui
investissent comme ça, qui se disent “allez “on met un vrai moteur
comme les team Factory”, d’ailleurs, les moteurs sont montés par
Yamaha Superbike, c’est ultra de motivant. Donc je suis sûr qu’à
Spa, même si c’est un circuit où il est hyper difficile de se
battre par rapport aux Bridgestone, notre objectif reste le top 5,
sans problème.”
Donc du coup, championnat de France sur une Yamaha
aussi, avec la même structure comme tu l’as dit. Après la manche
d’ouverture au Mans, comment tu te vois là-dedans , qu’est ce
que tu vises ?
“Franchement, viser le titre on
sait que ce n’est pas possible. Pourquoi ? Déjà parce qu’on s’y est
pris hyper tard, car ce projet-là a démarré début février avec la
saison qui ouvrait fin mars, puisque j’ai signé très tard chez KM.
Donc on savait pas comment ça allait se goupiller, Yamaha France
avait déjà un programme complet avec Mathieu Gines, et en gros ils
ont fait ce qu’ils ont pu. On est arrivé un peu les derniers, donc
les derniers servis (rires), mais l‘objectif est de faire des podiums, d’essayer de
gagner, parce que je sais que l’an dernier j’ai réussi à gagner une
course à Nogaro. Donc le potentiel est là, mais on n’a vraiment pas
eu de chance à la première manche, on a une panne électronique sur
la moto et on n’a même pas pu rouler à la 2e manche au Mans, et
c’est pour ça qu’on est venu aujourd’hui à Carole, pour régler ce
problème-là. Donc voilà, on va dire que le titre c’est cuit car
j’ai plus de 40 points de retard, mais ce n’est pas très très
grave. Ce qu’on veut, c’est essayer de faire le maximum de podiums
et montrer que la structure et moi, bah peut être que dans le
futur on mérite d’avoir un meilleur support de Yamaha pour encore
un peu plus hausser le ton et essayer de jouer le
titre.”
Là, nous sommes sur le circuit Carole pour une séance
d’essais et il y a ton grand ami Loris Baz, qui est blessé mais
qui, malgré sa blessure, est venu te
voir…
“Oui, oui, en fait c’est moi que
je suis allé les récupérer à l’aéroport, c’est moi qui l’ai amené
faire la radio hier. Avec Loris, tout le monde sait l’amitié qu’il
ya entre nous. Malgré la
distance, malgré qu’on ne fasse maintenant depuis un petit moment
plus les mêmes championnats, bah voilà, c’est comme mon frère. Moi
j’adore quand il vient sur les circuits, et d’ailleurs il risque de
venir à Lédenon. Donc rien à dire, je n’ai pas beaucoup d’amis dans
le paddock mais par contre ceux que j’ai, en règle générale, ils
sont là pour tout le temps.”
Et toi, tu es déjà allé le voir, aux USA ?
“Non,
je devais y aller au mois de mai, mais j’ai une date parce qu’à
côté de ça je fais le développement pour les pneus Dunlop, je fais partie du test team, donc du
coup, bah voilà, j’ai une date, mais oui, je vais essayer d’aller
faire au moins un aller-retour aux États-Unis, parce que le
MotoAmerica, franchement c’est cool à
voir.”
Merci Jérémy et bonne saison !