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Étienne et ses coéquipiers du Suzuki Endurance Racing Team, Vincent Philippe et Gregg Black, ont vécu un moment terrible en perdant le titre mondial lors des dernières minutes des 8H de Suzuka. Au Bol d’Or, la chance a complètement tourné et alors que la Honda, la Yamaha et la Kawasaki officielles étaient éliminées en raison d’huile sur la piste, le SERT était cette fois le bénéficiaire de la chance et remportait l’épreuve, prenant ainsi la tête du Championnat du Monde.

Étienne, avant de parler du Bol, on va revenir brièvement sur les 8H de Suzuka. Que s’est-il passé exactement pour toi en fin de course ?

« C’est simple. Pour résumer la situation, des gouttes de pluie sont apparues alors qu’il suffisait qu’on garde notre position pour avoir le titre. Sauf qu’il y avait la Moriwaki avec un pilote japonais qui roulait très vite et qui me remontait dessus. Il était derrière moi et il suffisait qu’on perde une place pour louper le titre. »

« Lors de notre dernier ravitaillement, l’équipe m’a informé que ça remontait très vite, donc qu’il fallait que j’en « remette une louche » pour conforter notre place. C’est ce que j’ai fait. Pendant trois tours j’ai réussi à maintenir l’écart, et même à l’augmenter, donc l’objectif était rempli. Il me suffisait juste de terminer la course à ce rythme-là pour décrocher le titre. »

« Mais à la sortie de la dernière chicane (avant la ligne droite d’arrivée), j’ai senti que le moteur ne prenait pas ses tours correctement et qu’il ne fonctionnait pas comme habituellement. Au moment de couper les gaz, il a cassé. J’ai compris qu’il y avait un problème, mais sans être certain que le moteur avait cassé car il tournait encore, il ne calait pas. Malheureusement dans ma tête ça a fusé, donc je n’ai pas pris les bonnes décisions en revenant un peu sur la piste, car mon objectif qui était clair était de ramener la moto sur la ligne d’arrivée. »

« Le problème est qu’on m’a dit que j’avais mis de l’huile, mais la Direction de course a mis trois tours pour sortir le drapeau rouge, et pendant ces trois tours aucun des 60 pilotes en piste n’a chuté. »

« Ça a été ensuite compliqué à gérer mentalement parce qu’on a perdu le titre à 3 minutes de la fin. J’ai écopé d’une amende pour ça. Non seulement on a perdu le titre, mais en plus j’ai eu une amende… C’était assez dur à digérer pour moi, mais également pour toute l’équipe parce qu’on touchait du bout du doigt notre objectif principal. C’étaient deux ans de galère qui étaient effacés, mais on a encore joué de malchance. »

« C’était la dernière du Chef et de toute l’ancienne équipe qui est partie ensuite après la restructuration du SERT, donc ça a été dommage de finir avec aussi peu de chance. Ça aurait été bien qu’ils partent tous avec un titre. »

Lors du dernier Bol d’Or, le SERT avait une nouvelle allure, avec la direction désormais assurée par Damien Saulnier, et un rôle plus discret de consultant pour Dominique Méliand. Qu’est-ce que ça a changé dans l’équipe ?

« Ça a changé beaucoup de choses. Damien on le connaissait un petit peu avec Gregg (Black) et Vincent (Philippe) parce qu’on a tous les trois roulé pour le Junior Team. On savait déjà un peu comment il allait gérer, mais entre le Junior Team et le SERT, c’est quand même une toute autre équipe, une autre pression surtout. »

« On a été agréablement surpris tous les trois parce qu’il a su gérer avec sang-froid tous les aléas de la course, et en plus ça n’a pas été une course facile pour le mental. Il a très bien rempli son rôle. Il a très bien su s’épauler par exemple avec des personnes de chez Yoshimura qui l’ont aidé à prendre de bonnes décisions. C’est cool ! »

Après le désastre de Suzuka, vous avez enfin été servis par la chance au Bol d’Or. Votre victoire vous donne-t-elle une position avantageuse pour la suite du Championnat ?

« Oui parce qu’on a marqué le maximum de points lors de la course, donc forcément on aborde la suite du Championnat un peu plus sereinement. Nous savons très bien que le titre n’est pas gagné, loin de là, on l’a encore vu l’année dernière. Mais on démarre avec beaucoup plus d’avantages par rapport aux autres, et ce sont eux qui auront la pression pour rattraper ce retard. »

« A nous de gérer notre avance correctement et de ne pas nous endormir car il va falloir attaquer quand même. Sur les courses de 8 heures le rythme est très élevé. L’année dernière aux 24H du Mans, à aucun moment on a géré. C’est loin d’être gagné, mais on est toujours un peu plus serein de démarrer la saison comme ça, plutôt que comme les autres l’ont fait. »

Vincent Philippe va effectuer sa dernière course dans deux semaines aux 8H de Sepang. Comment envisages-tu son départ, lui qui est un pilier du SERT depuis longtemps, puis sa succession ?

« Ça fait déjà un petit moment que Vincent nous parle d’arrêter. Il est sûr que ça va faire bizarre parce que c’est ma sixième année au SERT, donc je l’y ai toujours connu. On a traversé des épreuves très dures ensemble, on a gagné des courses, on a remporté des titres, on est passés par pas mal d’émotions ensemble. »

« Vincent est le « grand frère » qui veille sur nous, qui nous donne les petites astuces, même si Gregg et moi accumulons de plus en plus d’expérience. Vincent a toujours un petit mot à dire pour nous rassurer. Son départ va faire un grand vide, mais je pense qu’il viendra sur les courses et passera dans le box nous donner deux ou trois conseils. »

« Je pense que pour lui c’est le bon moment d’arrêter après cette victoire au Bol, qui rattrape un peu le raté du titre à Suzuka. Pour lui c’est top. Il se lance de nouveaux objectifs avec son magasin, donc je suis content qu’il termine comme ça. Ça a été un très bon coéquipier et nous allons profiter de notre dernière course ensemble. On va tout faire pour que ça se passe bien. »

Concernant son futur successeur à partir des 24H du Mans, on peut en parler ou pas ?

« Je ne préfère pas. Je préfère que ce soit Damien qui en parle que moi. Il y a des pistes, ce ne sera pas vraiment une surprise. Mais ce n’est pas à moi d’en parler.».

Les 8H de Sepang vont bientôt constituer la deuxième course du Championnat du Monde. C’est une grande nouveauté en endurance. Comment envisages-tu cette épreuve originale ?

« C’est top. C’est vraiment une réussite d’aller là-bas pour le Championnat. Courir en hiver était l’objectif principal d’Eurosport Events quand ils ont repris le Championnat. C’est une autre atmosphère que le Japon, ou que le Qatar où j’avais couru dans le passé. »

« C’est sympa car lors des GP il y a à Sepang énormément de monde. Je ne pense pas qu’on va arriver à en attirer autant que le MotoGP, mais il y aura la curiosité avec de nouvelles équipes et de nouveaux pilotes. Se confronter à Morbidelli ou van der Mark, ça va être cool. On a déjà l’habitude de lutter contre des pilotes qui sont très forts au Japon, mais là ça va être différent parce qu’ils n’ont pas la moto d’usine. Les écarts entre les machines seront un peu moins grands, donc pour nous ça va être intéressant d’aller là-bas. Moi, je ne connais pas, mais Vincent, qui y est déjà allé, nous a dit que c’était un circuit magnifique. On a vu des images du circuit éclairé de nuit. Je pense que l’organisateur a tout mis en œuvre pour qu’on soit bien accueillis, donc j’ai hâte de poser mes roues là-bas et d’y faire mes premiers tours de roue ! »

Photos © Suzuki Racing

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