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Hervé Poncharal, quels enseignements tirez-vous de ces derniers essais intersaisons de cet hiver?

Hervé Poncharal : « Nous étions dans une position où, vu la qualité de nos pilotes et peut-être aussi, et surtout, la qualité de nos motos, on était systématiquement dans les premiers derrière les usines. Aujourd’hui, on va être dans un groupe où maintenant il y a les Suzuki qui sont aussi vite, voire nettement plus vite que nous, ce qui n’était pas le cas l’année dernière. Il y a aussi les Pramac, qui n’ont jamais été vraiment des adversaires réguliers, et qui le sont maintenant. Et même les Avintia sont dans le coup. On va donc se retrouver dans un groupe d’une dizaine, voire d’une quinzaine de motos. On peut donc se retrouver à faire une très belle course et terminer 6 ou 7ème , mais aussi faire une course quasiment aussi belle et finir 12ème. Ça va nous arriver… »

Et comment le prenez-vous?

Hervé Poncharal : « Ça va certainement être difficile à avaler pour l’égo de mes pilotes, car ils se battaient souvent derrière les 4 Fantastiques avec les Ducati officielles. Vous vous en souvenez; parfois ils nous battaient, parfois on les battait, et on finit au championnat entre Iannone et Dovizioso, et assez loin devant les Suzuki et compagnie. Cette année, il va falloir qu’ils revoient un tout  petit peu leurs prétentions et, évidemment, au niveau de nos sponsors qui ont été habitués à nos résultats, il va falloir que je leur explique la situation et leur faire comprendre qu’on ne sera peut-être pas dans le Top 10 à la première course. »

Ceci-dit, je pense que pour les spectateurs qui suivent les courses, ainsi que pour les médias, ça va être génial! On va se retrouver avec des courses comme en Moto2 ou Moto3!
Et je pense même que les valeurs archi établies, comme les deux Honda et les deux Yamaha officielles ne seront pas toujours respectées. Attention;  vous avez vu où a terminé Dani Pedrosa et que Cal (Crutchlow) était pour l’instant la deuxième Honda… On voit même aussi que ce n’est pas toujours facile pour Marc (Marquez) et que Scott Redding a fait une meilleure performance que Valentino. Donc tout est open!
Ca va être excessivement excitant à suivre pour les spectateurs, mais pour les acteurs, on verra sûrement une redistribution des cartes qu’on n’a pas vu depuis bien longtemps. Alors il ne faut pas non-plus s’emporter à la suite d’essais hivernaux; c’est clair que des pilotes comme Lorenzo, Rossi et Marquez ont à la fois le potentiel qu’on leur connaît et l’habitude de gérer tout cela. Tout ne sera donc pas complètement chamboulé, mais on va avoir des courses beaucoup plus ouvertes et voir des nouvelles têtes qu’on n’avait pas l’habitude de voir aux avant-postes. Ça, j’en suis certain!
Un gars comme Redding peut créer une méga-surprise au Qatar! Petrucci sera sans doute diminué par sa blessure mais ce sera aussi un redoutable client, et même Barbera à l’air de bien rouler. »

Les Suzuki représentent un point d’interrogation, puisqu’elles ont le droit à plus de libertés moteur que vous. Vont-elles confirmer en course et devenir également  un solide challenger?

Hervé Poncharal : « Personnellement, je pense que Vinales va exploser cette année. Le package Vinales/Suzuki va faire des trucs de folies et, quelques fois, pourra se retrouver à la bataille avec les 3 Magiques!
Pour nous, ça ne va pas être facile et il va falloir qu’on se batte, mais j’aime la course, donc j’apprécie ce nouveau challenge. Et puis, ce qui tombe bien , c’est que nos pilotes arrivent en fin de période d’apprentissage de la catégorie MotoGP; on va donc voir s’ils ont les nerfs ainsi que les capacités physiques, techniques et mentales pour pouvoir grimper une marche supplémentaire.  »

A propos de nerfs, ne pensez-vous pas que s’il y en a un qui peut tirer son épingle du jeu de ce resserrement des valeurs, c’est bien Valentino Rossi?

Hervé Poncharal : « Ce n’est pas faux. Il sera toujours là parce que, même s’il sait très bien qu’en vitesse pure, sur une séance de qualification , il ne sera peut-être pas aussi performant qu’un Lorenzo ou un Marquez qui retrouve ses marques, mais on sait qu’en course il est incroyablement redoutable. C’est clair que si quelqu’un peut se reposer sur son acquis, son expérience et son intelligence, plus que n’importe qui, c’est lui. »

Peut-on faire un petit débriefing technique de ces essais au Qatar? Par exemple, au niveau des pneus?

Hervé Poncharal : « Comme je vous l’avais dit à la première séance d’essais 2016, à Valence, on pensait que cela allait être plus compliqué au niveau du feeling du pneu avant. Depuis Sepang, et ça a été confirmé au Qatar, on a maintenant un pneu avant qui donne énormément de confiance, qui permet de rouler fort, et d’attaquer sans arrière-pensée et sans retenue. Ça, c’est très très bien!
Michelin va cependant faire quelques ajustements pour tenir compte des conditions de la piste à l’horaires de la course, qui apporte parfois cette petite rosée qu’on a de temps en temps. C’était donc très bien d’avoir fait cette séance avant le GP car, avec les pilotes, ils ont redéfini la qualité des gommes qu’ils allaient apporter car elles étaient peut-être un tout petit peu trop dures. On aura donc des gommes adaptées pour le Grand Prix et, globalement, tout le monde est content des pneus après ces essais. La seule petite chose, c’est que comme presque tout le monde a voulu rouler avec les mêmes pneus, il n’y en n’avait pas énormément, mais ceux qu’on avait à notre disposition marchaient très très bien. Et Pol a même pu faire son meilleur tour à la fin de sa simulation de course, ce qui ne lui était jamais arrivé. C’est une nouvelle donne Michelin et nous ça nous va très très bien. »

Un petit mot sur les ailerons?

Hervé Poncharal : « Ça a été apporté par Yamaha alors qu’on ne les avait pas demandés. On a fait peu de runs avec, et seulement avec Bradley. C’est bien, c’est bien. Ça pénalise très légèrement en vitesse de pointe, de l’ordre de 2 km/h au Qatar, mais c’est évident que ça met de l’appui sur l’avant. Ca rend la moto un tout petit peu plus lourde du train avant, mais le sentiment global a été très positif. Du moins au Qatar et avec Bradley. Mais oui, c’est mieux, et on attend la validation définitive de Yamaha pour savoir si on peut les avoir au moins tout le weekend du Qatar. »

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