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Avec l’arrivée subite de Johann Zarco chez Ducati Avintia, le futur de Karel Abraham est en ce moment dans le flou. Pourtant, en s’y penchant un peu, nous trouvons de belles performances dans la longue carrière du sympathique Tchèque.

Ça n’est pas un secret, Karel débute sa carrière avec quelques facilités. Son père, actuel propriétaire du circuit de Brno, a payé le prix fort pour faire rouler son fils au sein d’une équipe qui le suivra toute sa vie. Dès sa deuxième saison en mondial, en 2006, le Cardion AB Motoracing prend forme.

Après deux ans de galère en 125cc, le clan décide de franchir un cap : la 250cc. Mais étrangement, il est plus à l’aise. Sur ses motos bleues et blanches, il arrive à faire d’honnêtes résultats qui sont pour le moins prometteurs. Il réalise deux top 10 dans la saison, mais un problème qui va le suivre jusqu’à nos jours l’empêche de viser plus : la régularité. En effet, il compte encore beaucoup trop d’abandons pour pouvoir prétendre à autre chose.

Qui dit chutes, dit blessures. Et malheureusement pour lui, il ne sera pas épargné. Dès la saison 2008, il est contraint de manquer trois manches alors qu’il effectuait son meilleur début de saison en carrière. Fidèle à Aprilia, il se fait remarquer de plus en plus dans le top 10 et terminant l’année par une belle sixième place à Valence.

Mais en 2010, grand chamboulement. L’introduction de la toute nouvelle catégorie Moto2 – 600cc, quatre temps – fait sensation, et des châssis fleurissent de partout. La bande Abraham décide d’opter pour un RSV, mais mauvaise pioche : aucun pilote prétendant à quelque chose ne court dessus. Les Moriwaki et autres Suter y sont préférés. Karel est au fond du trou. Après deux courses, ils décident d’en changer au profit d’un FTR, autre manufacturier qui n’intéresse pas grand monde.

En 2010, Abraham commence à être un client régulier du top-10. Il remportera même une victoire avant de faire un saut prématuré en MotoGP. Photo : TOM

Après deux courses d’apprentissage, c’est le déclic. Karel se met à enchaîner les performances remarquables au vu de son matériel, comme une encourageante quatrième place en Catalogne. Mais une fois de plus, une vilaine blessure le prive de trois rendez-vous consécutifs. Un désastre pour un pilote en construction comme lui. Mais la résurrection ne sera que plus belle. Au Japon, deux manches après son retour, il score son premier podium en carrière, en battant Alex de Angelis sur la ligne.

La fin de saison approche. Après son beau résultat japonais, il peut confirmer à Valence. Mais une neuvième place en qualifications ne lui permettra sans doute pas de jouer quelque chose. Mais dès les feux éteints, il choque le paddock.

Le tchèque entame une remontée fracassante, comme possédé, en plaçant des dépassements absolument hallucinants sur les meilleurs pilotes Moto2 de la planète. La course est très serrée devant, ce qui lui permet de revenir très fort : il prend le meilleur tour en course, et revient comme une balle sur les leaders. Arrivé dans le groupe de tête, il fait savoir sa présence en manquant de coller un extérieur à Julian Simon, deuxième du championnat !

Il vient s’imposer pour la seule fois de sa carrière, battant Andrea Iannone, Simón et Lüthi dans les derniers instants. Certes, ce pilote fait aujourd’hui souvent parler de lui. Mais les mauvaises langues sont forcées de constater que l’argent n’achète pas une performance comme celle que venait de livrer Karel.

Le problème, c’est que l’équipe est pressée. Le départ vers le MotoGP est déjà acté. Alors qu’il aurait pu mûrir plus et perfectionner son sens du dépassement inné en catégorie intermédiaire, faire le grand saut avec aussi peu d’expérience ne l’a clairement pas aidé.

Abraham est un des pilotes les plus souriants du paddock. Ici en 2011. Photo : Jearle

Depuis 2011, Abraham en MotoGP peut se résumer à des blessures à répétition, et des chutes. Énormément. Il n’a jamais fait mieux que septième, en plus de 120 départs, et sa carrière laisse un goût d’amertume assez désagréable. Certes, le team Cardion AB Motoracing a été représenté au plus haut niveau, mais à quel prix ?

Karel s’est fait très mal plus d’une fois sans jamais pouvoir prétendre à rien. Que restera t-il à part les magnifiques décorations de ses motos – qui d’ailleurs, ne courent plus depuis la signature de ce dernier chez Aspar en 2017 – et de ses casques originaux ? Pas grand-chose.

Karel Abraham est de ce type de pilote qui nous laissera des questions avec des « si ». L’histoire est peut être bien différente pour un pilote qui compte quand même 15 saisons en mondial et dont la sympathie est reconnue de tous.

 

 

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