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Dans ce premier volet des motos de légende, nous nous attaquons à un mythe. Les fans de la première heure l’avaient sûrement en poster dans leur chambre ; il s’agit bien sûr de la Suzuki RG500 (le modèle de Grands Prix). Cette icône a bercé toute une génération d’arsouilleurs et de passionnés … et ce n’est pas fini.

Entrée en production en 1974, la RG500 est un bijou de technologie avant tout. Conçue par seulement quatre ingénieurs, ce prototype utilise un moteur particulier, un quatre cylindres en carré deux temps. Cette innovation, accompagnée de distributeurs rotatifs permets à Suzuki de se démarquer très rapidement dans le monde des Grands Prix.

La Suzuki se montre particulièrement performante dès son arrivée : Barry Sheene, encore discret, score le premier podium de la première course de la saison, sur le circuit de Charade. Malheureusement, Il n’arrivera jamais à battre Phil Read et le roi Ago, les deux animateurs de la saison. Mais la moto fait parler d’elle, et pourrait s’avérer dangereuse dans les années à venir.

 

La RG500 de Barry Sheene, cuvée 1977. Photo : Rikita

 

 

Pour 1975, tout s’accélère. Barry Sheene vient à bout d’Agostini et de Read à Assen pour s’offrir sa première victoire en carrière. Sur une magnifique RG500 XR14 bleue et blanche, la légende se met en route. La version 1975 de la japonaise est considérée par beaucoup comme une des motos les plus belles à n’avoir jamais foulé un circuit. Et on les comprend … Mais ce n’était encore rien. À Daytona cette année là, Barry se prend la chute la plus connue de toute l’histoire, à 300 km/h. Ce volume incroyable menace sa carrière, mais c’était mal le connaître. Cassé de partout, il court de nouveau seulement sept semaines après. Un vrai miracle qui est encore mentionné à l’heure actuelle comme référence quand un pilote de MotoGP tombe à haute vitesse.

1976 est l’année de la RG500. La marque d’Hamamatsu a décidé de vendre des machines à des privés, ce qui s’avère être en sports mécaniques, souvent une sage décision. Grâce à des nouvelles caractéristiques comme les jantes  magnésium, les douze premiers pilotes au championnat roulent des RG500. Les douze.

De rouge, blanc et jaune vêtue, la Suzuk’ frappée du n°7 est la plus victorieuse. Sheene remporte le titre ainsi que six des dix course de l’année. La moto est réputée extrêmement violente, de type on-off. Pour preuve, certains compteurs débutaient à 5000 trs/min tellement l’accélération était inexistante à bas régime. Par contre, au-delà, c’est stellaire. Les chiffres parlent d’eux mêmes : 119 chevaux pour 135 kilos sur la balance. Une vitesse de pointe annoncée autour de 300 km/h … Un monstre.

Les années passent et se ressemblent. Si un Steve Baker en forme prends la deuxième place du championnat, Barry est toujours en orbite : il remporte six courses sur onze, dont la victoire à Spa Francorchamps. Cette victoire est encore, à l’heure actuelle, la plus rapide de toute l’histoire. Sheene a roulé à 217,30 km/h sur l’ancien anneau ardennais. Pour vous faire une idée, Marc Marquez ou Fabio Quartararo tiennent une cadence d’environ 185 km/h de moyenne sur les circuits les plus rapides. 1977 est également l’année de Wil Hartog, qui remporte une victoire historique au Grand Prix des Pays-Bas, porté par la foule.

 

La machine d’Hartog au GP des Pays-Bas 1977.

 

Mais le règne vient de se terminer pour Barry Sheene. Un rookie du nom de Kenny Roberts arrive en 1978, et fini de rigoler. Au terme d’une saison disputée (six vainqueurs en onze courses), le britannique se fait battre par Roberts et sa Yamaha pour dix points. SI il faudra attendre 2015 et Danny Kent pour retrouver un champion du monde d’outre-Manche, la RG500 n’en a pas fini pour autant.

Si King Kenny écrase tout pendant trois ans, les ingénieurs Suzuki se creusent toujours la tête. Pour 1981, Yamaha sort un prototype à quatre cylindres en carré (étrange coïncidence …) mais qui n’est clairement pas à la hauteur de l’original. Suzuki prend le titre mondial avec Mario Luchinelli, un champion pour le moins oublié. Mamola, deuxième, permets la réalisation du doublé pour le constructeur.

1982 est aussi synonyme de RG500. Franco Uncini vient à bout de Roberts et prend une dernière couronne mondiale pour la moto si mythique.

La RG500 Gamma, la version routière, n’a fait qu’accentuer le côté épique de la machine. Surpuissante avec des composants de la version Grand Prix, elle a terrifié plus d’un pilote à la fin des années 1980 et 1990. Aujourd’hui associée au mythe Barry Sheene, elle a fait rêver des milliers de gamins à travers le monde, sur des circuits comme dans leurs chambres. Les couleurs légères, le bruit, et ce n°7 sont dans l’histoire de notre sport à jamais.

 

Photo de couverture : Hans Peter (ANEFO)