Après une carrière déjà extrêmement remplie (Superstock, BSB, Endurance, Superbike, MotoGP, Superbike à nouveau, MotoAmerica Superbike) alors qu’il n’a que 32 ans, Loris Baz est cette année l’un des trois pilotes d’usine Indian dans la catégorie King of the Baggers.
Un choix étrange sur des machines étranges à nos yeux de pauvres Européens, que nous lui avons demandé de nous expliquer, entre des essais pour Dunlop au Bugatti et un avion pour les USA…
Alors justement, ce que tu as entre les jambes,
contrairement à ce qu’on pourrait croire à cause des sacoches et du
tête de fourche, c’est une moto très sophistiquée. Tu as déjà donné
quelques chiffres, 260 kilos, plus de 200 chevaux, mais j’ai
lu le règlement et vous avez le droit de changer le bras
oscillant, de mettre du Öhlins partout, du Brembo partout. En
moteur, la cylindrée tient compte des deux marques mais c’est
énorme, et c’est quand même très sophistiqué, comme moto…
Loris Baz : « Oui, oui,
très sophistiqué, ça bosse énormément, il y a je ne sais plus
combien d’ingénieurs dans le team, le projet dépend d’Indian, de
Polaris, ils ont fait appel à des préparateurs en Europe au début
du projet. Je me souviens qu’au début, aussi bien Harley que
Indian, les motos étaient en panne à toutes les séances, ils
cassaient des moteurs. Maintenant, c’est fiable, c’est beaucoup
plus performant qu’avant. Voilà, on roule à 4 secondes des
Superbike à peu près, 3 sur des circuits courts, 5 sur des circuits
longs. On fait des temps de Supersport : quand je dis ça aux gens
en France, ils n’arrivent pas à y
croire ! Mais moi je les ai vu rouler ces motos lors du premier
championnat, puis évoluer et d’aller de plus en plus vite. Ce sont
des gros gros moteurs, il faudrait faire la conversation mais je
crois que la Indian, avec son moteur 112cu, est à 1,8 litre, et la
Harley à quasi 2 litres de cylindrée, donc ce sont des moteurs
hyper coupleux. Après ce sont de vieilles conceptions, les boîtes
de vitesse n’ont vraiment rien à voir avec celles des motos de
course, mais à côté de ça, tout ce qu’on a le droit de changer et
de faire évoluer, on l’exploite à fond : bras oscillant, on a des
freins de Moto2, l’électronique, le développement des courbes de
puissance, du frein à moteur, voilà tout ce qui peut être exploité
est vraiment exploité à fond. Et on fait beaucoup d’essais, il
y a beaucoup de tests. J’ai pu choisir mon chef mécano, donc j’ai
voulu retravailler avec un chef-mécano que j’avais eu au début de
ma période aux US en 2021. Un gars qui connaît très bien le le
championnat et qui connaissait très bien Daytona, ce qui m’a bien
aidé, et qui, je pense, peut apporter aussi son expérience au team.
Donc voilà, mis à part que ce sont des motos de 260 kilos, à côté
de ça, il y a tout qui est fait comme dans beaucoup de teams
Superbike, et même mieux que dans la
plupart.”
Alors justement, Daytona a 300 à l’heure, ça fait
quoi ? Parce que rares sont les pilotes français qui ont connu
cette expérience sur le célèbre anneau de vitesse…
« Daytona, j’en ai toujours rêvé,
j’ai toujours rêvé de faire les 200 miles. Mes parents étaient à
Daytona en 80 quand Pons a gagné. Donc j’ai grandi avec Serge Rosset, et cetera, en écoutant
les histoires de Daytona et j’en ai toujours rêvé. J’y étais l’an
dernier où j’avais fait mécano pour Josh (Herrin) en lui faisant le
refuel, et donc c’était top. Tu te poses beaucoup de questions que
tu n’as jamais roulé sur un anneau, de savoir comment ça va être,
et en fait l’anneau il est passé très bien. J’ai eu beaucoup de
boulot dans la partie Infield pour trouver le feeling et c’était
une vraiment un super weekend. On a été vite tout de suite. Après,
c’est Daytona : ça se joue beaucoup dans les derniers tours à la
vitesse. On a eu des problèmes de pneus sur le début de la semaine,
car il y a des références de pneus qui ont été enlevées, et nous on
était vraiment à l’aise avec ces pneus, donc on a dû s’adapter un
peu. Après, j’ai pas eu de chance du tout pour le début : je me
fais couper en deux à la première manche, alors que je suis trois
au départ. Et j’ai pris vraiment un gros gros pète ! Ils ont dû me
recoudre le coude, on voyait l’os, la hanche, j’ai bien tapé la
tête, donc j’étais vraiment pas en forme.
Et puis la deuxième, j’étais bien. J’ai réussi quand même à jouer la victoire. J’étais bien placé mais les mécanos ont dû reconstruire une moto pendant la nuit parce que lamoto était morte. Et on avait des petits soucis, ce moteur-là ne marchait pas aussi bien que l’autre, et j’avais des pannes un peu électroniques avec le dashboard qui s’éteignait pendant toute la manche. Donc en fait je suis sorti où il fallait pour pouvoir jouer la victoire, mais même à l’aspi je perdais beaucoup. Donc voilà, ça fait une 3e place, j’ai plus les boules d’avoir perdu autant de points à la première, dans l’optique du championnat, parce qu’il n’y a que 7 course, mais après je n’y peux rien du tout donc ça ne sert à rien d’y penser. Mais en tout cas, oui, je me suis vraiment fait plaisir sur cette semaine. Et puis la Bike Week, c’était une expérience top à vivre !”
On a effectivement vu que tu étais d’emblée dans le coup
face aux pilotes d’usine, dont le champion du monde en titre.
Comment tu te vois pour cette année ?
« Je pense qu’on a tout ce
qu’il faut pour jouer devant ! Après voilà, c’est surtout le team
officiel Harley contre le team officiel Indian. Les autres sont un
peu en dessous mais il ne faut pas les oublier parce qu’ils ont
gagné des courses. Il y a eu Gillim qui a gagné le titre il y a 2
ans. C’est un championnat où il faut faire peu de fautes et il y a
de plus en plus de niveau. Par exemple, il y a Bradley Smith
qui est arrivé chez Harley aussi, donc donc ça va vite. Moi, mes
coéquipiers vont vite, donc voilà, il faut juste faire le job le
mieux possible, être devant régulièrement avec un bon travail
ensemble à 3. On va dire qu’on est 3 contre 3, et après il y a des
circuits qui nous seront plus favorables que Daytona, c’est
sûr, parce que la Harley a surtout un peu un avantage sur nous en
vitesse de pointe, et nous je pense qu’on est plutôt mieux en
châssis. Donc sur les prochaines courses, on devrait être un peu
mieux que ce qu’on était à Daytona.”
Merci Loris !
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