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Enea Bastianini

C’est un fait acquis, et d’ailleurs validé par les commissaires qui l’ont sanctionné, Enea Bastianini est seul responsable du chaos du premier virage de ce qui était le premier départ du Grand Prix de Catalogne. L’officiel Ducati a été trop gourmand et trop ambitieux, une évaluation qui fait l’unanimité parmi les pilotes qui ne lui jettent cependant pas la pierre, alors qu’ils avaient été plus prompts à lapider Taka Nakagami l’an passé pour un accident au même endroit et au même moment de la compétition à Montmelò. Le Japonais s’était ensuite confondu en excuses. L’Italien, pas vraiment.

En arrivant comme un missile à l’intérieur du premier virage de la dernière édition du Grand Prix de Catalogne, Enea Bastianini n’a pu éviter d’harponner un Johann Zarco dont l’inévitable chute a provoqué une réaction en chaine qui a éliminé cinq pilotes de la course. Outre Bastianini et Zarco, Alex Marquez, Fabio Di Giannantonio et Marco Bezzecchi ont ainsi également été touchés.

Alors que l’état de santé de Pecco Bagnaia suscitait les plus vives inquiétudes pour s’être fait rouler sur la jambe par un Bad Binder qui n’avait pu l’éviter, celui d’Enea Bastianini n’a pas été d’abord considéré. Avant que le verdict médical ne valide un miracle pour le Champion du Monde, mais des fractures pour le « Bestia ». Sa main gauche et sa cheville gauche ont été cassés lors de l’accident. Les deux blessures ont été pansées et il a été transporté par avion vers l’Italie dimanche soir. Là, il devra subir une opération. Il n’y a toujours pas de pronostic quant au processus de guérison et à un éventuel retour sur la piste. Cependant, la participation à la course à Misano la semaine prochaine est quasiment impossible pour celui qui se remettait à peine d’une fracture de l’omoplate …

Sur les faits qui l’ont amené à cet état, Enea Bastianini ne trouvait aucun avocat parmi ses pairs pour défendre sa cause. « Il y a toujours quelqu’un ici qui en veut trop. L’année dernière, c’était Nakagami. Cette année, c’est Bastianini », a déclaré Johann Zarco, qui n’a pas apprécié par ailleurs l’attitude de l’Italien qui semblait lui faire porter la responsabilité du chaos. Augusto Fernandez partage le même sentiment : « j’ai tout vu et j’étais juste derrière. Parfois, les gens veulent rattraper tout ce qu’ils n’ont pas réussi à faire pendant le week-end dans un virage ».

Enea Bastianini : « ce n’est pas facile du tout quand on pense avoir touché le fond et ce n’est pas le cas »

Pol Espargaró y est aussi allé de son couplet : « il faut freiner plus tôt. Les gars à l’extérieur vont intervenir. Il faut s’aligner et ne pas croire qu’on peut rattraper les positions. Sur son point de freinage, à l’intérieur du virage, l’adhérence n’est pas bonne là-bas. Il a freiné trop tard, dans une très mauvaise position sur une portion de piste très sale ». L’opinion selon laquelle Bastianini tentait quelque chose de tout simplement impossible était largement répandue. « Enea était bien trop ambitieux », regrette Franco Morbidelli. « Je l’ai vu venir quand j’ai freiné. J’étais à côté d’Enea et j’ai freiné tard, mais il a freiné encore plus tard », a rapporté Marc Marquez.

Sur ce qui aurait pu être fait pour éviter ça, comme un aménagement de la grille de départ, au plus près du premier virage, les mêmes pilotes ramènent le sujet sur celui qui était sur la Ducati rouge : « c’est une affaire de pilote. La piste est la même depuis des années » rectifie Bezzecchi et Marc Marquez ajoute : « cela ne changerait rien. Les pilotes doivent être plus prudents. Vous avez vu qu’au deuxième départ, tout le monde était prudent ». Le vainqueur du Sprint et du Grand Prix à Montmelò Aleix Espargaró a clos le débat en commentant : « nous sommes assez bons pour freiner au bon endroit et ne pas essayer de doubler 25 pilotes dans le premier virage. Il ne s’agit pas de savoir où est la position de départ, mais qui est assis sur la moto. Ce n’est pas si difficile ».

Le même Aleix Espargaró aurait aussi été plus sévère sur la sanction : « il devrait y avoir une pénalité plus sévère si vous heurtez quelqu’un dans le virage 1. Il peut y avoir un long tour au milieu de la course si vous touchez quelqu’un. Cela devrait être au moins un double. Long lap ». Cependant, Marc Marquez n’est pas d’accord sur ce point. Pour lui, l’affaire est réglée : « il a commis une erreur et a été puni. Il n’y a pas lieu d’en vouloir plus, il apprendra ».

Et qu’a appris Enea Bastianini pour le moment ? Sur son profil Instagram, il a publié une photo le représentant sur un lit d’hôpital et a écrit les mots suivants : « ce n’est pas facile du tout quand on pense avoir touché le fond et ce n’est pas le cas. À ce moment-là, vous êtes désespéré et commencez à penser à vouloir revenir en arrière pour changer les choses, mais la vérité est que vous ne pouvez qu’avancer, alors vous voyez ce que je dis ? Putain, j’y vais ! A bientôt ». Et pas un mot d’excuse qui laisserait à penser qu’il assume sa responsabilité. Taka Nakagami l’avait fait, lui.

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