Pour battre le fer quand il est chaud, nous avons pu recueillir mardi dernier les propos de Claude Michy, l’organisateur du Grand Prix de France MotoGP, non seulement sur la très belle édition 2024 passée, mais aussi sur quelques idées concernant 2025…
Merci à Claude Michy, à son équipe et à tous ceux qui œuvrent en coulisses pour le Grand Prix de France MotoGP, aux pilotes, aux commissaires et au public, pour ce week-end magique !
Claude, on vous a laissé une
journée pour récupérer d’un week-end énorme, et on a un peu de
scrupules à vous déranger après ces quatre jours particulièrement
intenses…
Claude Michy : « Non, non, je suis rentré dimanche
soir, là les équipes démontent et je pense qu’elles rentreront ce
soir ou demain. J’étais à mon bureau lundi matin, à midi
j’étais sur mon VTT, donc je remercie le
bon Dieu de m’avoir donné cette santé. En plus, j’ai un genou tout
neuf, donc j’ai les deux bioniques, donc je suis parfait
(rires). »
Alors on peut revenir un petit peu sur ce Grand Prix de
France 2024 qui a été magnifique, non seulement en terme
d’audience, mais ça je sais que vous allez être modeste, mais
surtout en termes d’émotion auprès des acteurs du spectacle mais
aussi d’un public qui a indéniablement changé depuis deux ans,
beaucoup plus familial et bon-enfant. Quel bilan en dressez-vous
?
« En réalité, oui,
c’est vrai, il y a un rajeunissement de la clientèle. Ça, c’est
vrai, pour différentes raisons. Je ne suis pas un analyste mais je
pense que le travail de Canal+ est intéressant.
Bon, ce qu’on a fait là le jeudi soir,
l’émission qui a été faite, il faut la regarder en replay si tu ne
l’as pas vue. Moi je l’ai vue en direct parce que j’étais sur le
terrain, mais après je l’ai regardé le lendemain matin: Ils ont
fait un un produit fantastique ! Moi j’avais discuté avec eux au
mois de novembre pour leur dire, comme on a beaucoup de monde le
samedi, d’arriver assez tôt. Alors déjà la pit lane, on a fait
trois groupes le jeudi pour être moins entassé. Bon moi je leur ai
dit « on pourrait faire une fan zone avec vos journalistes,
consultants et autres, et vous êtes capable de montrer de belles
images et de faire un beau truc. Et au départ, ils m’ont dit
« oui, mais ils voulaient que ce soit labellisé Grand Prix
de France ». Puis, au fur et à mesure qu’on a parlé, ils
ont dit “bah, tu peux l’appeler En Pôle si tu veux, comme nos
émissions”. Et puis à la conférence de presse, ils m’ont dit,
“Ah bah on peut la faire en direct ? On n’a jamais fait
d’émission en direct comme ça, avec autant de public”, ou quoi
que ce soit dans tout ce qu’ils ont fait d’ailleurs, parce que
quand ils font le Festival de Cannes, il y a un pimpin derrière une
barrière. Là, avec les journalistes, Pauline Sanzey et Laurent
Rigal, ils étaient dans le public. Non, c’était vraiment… Il faut
la voir, parce que c’était vraiment très bien fait. Ils m’ont dit,
“Ah mais c’est à toi de t’occuper des pilotes”. Je me suis
arrangé pour essayer d’en avoir le plus possible et les gars ont
été top, que ce soit Hervé (Poncharal) pour Acosta, Marc Marquez,
Bagnaia… Tout le monde a bien joué le jeu ! Tu vois Bagnaia, quand
il est rentré sur la piste, il avait 5 sliders dans la main, qu’il
a balancés dans la foule. Donc ils sont venus en communion, et
c’est important. Je pense qu’ils y prennent du plaisir aussi. Il
n’y a qu’à voir à l’extrême, je sais pas si tu as vu le podium, ce
qui s’est passé sur le podium quand Marquez prend le micro ? Les
gens de Dorna m’ont dit “on n’a jamais vu ça !”. Donc
c’est qu’il y a vraiment une osmose qui s’est installée entre tout
ce beau monde.”
Oui, c’est clair que les acteurs ont globalement changé
d’avis, parce qu’avant, le Grand Prix de France, pour les pilotes
et les journalistes ( essentiellement anglophones) qui le
boycottent un peu, malheureusement, c’était surtout les rupteurs la
nuit. Et là, ils ont été surpris, émus, et certains ont même crié
« Vive la France ! ».
“Oui, oui, c’est exactement ça. Je crois
que c’est Martin qui a dit “Vive la France !”.
Mais si tu veux, les rupteurs, bah
malheureusement on ne peut pas faire grand-chose. On essaye mais
c’est très compliqué. C’est très compliqué parce que le monde est
ainsi fait que la société est un peu malade et que tu as des gens
qui ne sont là que pour enfreindre les règles, donc si tu veux,
c’est très compliqué à gérer,
vraiment.
Mais sur l’ambiance, c’est ce
qui est plaisant, c’est que c’est un travail de tout le monde, de
Dorna, des pilotes, de nous, des acteurs comme vous, la presse:
tout le monde est sur le même bateau, donc je pense que ça marche
parce que tout le monde y met du sien quoi. Il y a un effet
d’entraînement peut-être. Alors effectivement, nous, on essaye
toujours de trouver des choses nouvelles pour pouvoir satisfaire le public, hein ? Moi,
la notion du record, ce n’est pas le sujet qui m’intéresse. De
toute façon, il va falloir qu’on s’arrête d’avoir du monde parce
que ça devient difficile à circuler, les aires d’accueil on peut
pas aller beaucoup plus haut. C’est un vrai sujet quand même, donc
on va essayer de rester raisonnable.”
Oui, enfin, vous dites que c’est le succès de tout le
monde, les pilotes, la presse, tout ça, mais il n’y a qu’en France
où ça se passe comme ça, et c’est donc surtout grâce à vous, Claude
Michy…
« Oui ou non,
mais je suis étonné. Les gens de Barcelone étaient venus l’an
dernier, ceux de Valence cette
année. »
Mais au au moment où ça parle de Liberty Media, c’est
quand même LE modèle, non seulement qui réunit la plus grande
audience, mais qui offre aussi les plus belles
émotions…
« C’est ce
qu’a dit Dan Rossomondo l’Américain qui est arrivé l’an dernier
chez Dorna, que je ne connaissais
pas. J’ai vu deux interviews de lui, avant Assen l’an dernier et
avant Barcelone, où il parlait de ce qu’il voulait faire et
pourquoi il est arrivé, et cetera. Et il disait “de toute façon
nous on a le modèle, c’est au Mans avec Claude Michy, avec tout ce
qu’il fait pour les fans”. Donc moi je ne le connaissais pas, mais
je l’ai vu à Barcelone et je l’ai remercié, hein (rires) ?
Mais effectivement, ça fait partie des gens qui viennent voir ce
qu’on fait, mais la réalité elle est… Comment dire ? On est dans
des pays différents. Alors déjà comme exemple, je dis souvent “le
breakfast n’est pas le même en Angleterre, en France, en Allemagne,
et cetera”. Déjà en en Espagne tu ne manges pas à la même heure
quoi. Donc tu vois, tu as des endroits comme Valence ou Jerez, où
tu n’as pas énormément de camping, contrairement à nous,
contrairement à ce qu’était Brno par exemple. Donc si tu veux,
avant qu’il y ait la sprint, tu as 70% du public c’était des gens
qui n’arrivaient que le dimanche. Nous, 85% ou 90% du public est
déjà arrivé le samedi. Cette année, globalement, tu avais environ
20 000 le jeudi, plus de 60 000 le vendredi, plus de 90 000 le
samedi, sans compter les gens de Dorna, des hospitalités et tout,
soit environ 4 000 ou 5000 personnes, avec les teams, les invités,
et tout ce qui tourne autour, ce qui n’est pas
comptabilisé. »
Est-ce qu’on peut encore améliorer l’expérience, parce
qu’en plaçant la barre de plus en plus haut, il est de plus en plus
difficile de la franchir ?
« Oui, parce que si tu
commences à te reposer sur ce qui se passe… Bon déjà on a eu
beaucoup de chance avec la météo.
Le nombre d’entrées, entre l’an dernier et cette année, c’est
similaire. Si tu veux, on a dû faire 2% ou 3% de plus, mais on ne
peut pas mettre plus de monde et bien les traiter. C’est injouable.
Donc il faut trouver les moyens d’améliorer, par exemple les
parkings. Donc là, j’ai déjà discuté avec les gens de la DGAC pour
récupérer plus de places sur l’aéroport. Je n’y ai pas été par 50
demandes, je leur ai dit “est-ce que je peux fermer l’aéroport
(rires)?”. Bon, ils m’ont dit, « fermer l’aéroport, ça
peut-être être difficile, mais il y a des moyens de trouver des
surfaces complémentaires”. Bon OK. Donc si tu veux, c’est améliorer
tout ce qui est lié à la mobilité, je dirais auto-moto, et à la
mobilité dans le site. Le problème dans le site, c’est que tu as
les tunnels, et donc les tunnels, tu ne peux pas les agrandir, hein
? Or les gens tournent beaucoup autour du circuit, ils vont un peu
partout, car quand tu as 15 ou 16 écrans géants, le
spectateur peut voir.
Mais bon, on va s’attacher à tout ce
qu’on pense qui n’a pas bien fonctionné cette année pour essayer de
l’améliorer. De toute façon, il ne faut pas se reposer, il faut
continuer d’avancer. »
Bon, on a hâte d’être à l’an prochain. Vous, peut-être
qu’un peu de repos ne fera pas de mal, surtout qu’il y a Spa qui
arrive…
« Non, non, non. Tu sais,
le repos, ce qu’il faut c’est bien gérer ton temps. De toute façon,
à l’âge que j’ai, moi de toute façon le
repos, je l’aurai dans la tombe,
je m’en fous (rires). Ce que je veux, c’est continuer de croquer
dedans. »
En tout cas, un grand merci, merci parce que c’était un
spectacle magnifique, qui a ému par moment tout le monde. Même
Hervé Poncharal, qui en a pourtant vu d’autres, m’a confié qu’il
avait les larmes aux yeux au moment de la Marseillaise reprise par
tout le public…
“Mais je pense que il y a une
dimension très humaine dans le Grand Prix de France. C’est ça qui
est bien. C‘est sûr que la
Marseillaise chantée par le public, c’est quelque chose de fort.
Moi je fais ça parce que je trouve que c’est mieux que d’avoir un
pimpin au milieu, derrière un micro, même si les autres chantent.
Ce qui est important, c’est le public. »
MotoGP
Grand Prix de France
Claude Michy
MotoGP
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