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C’est depuis 1994 que Claude a repris l’organisation du Grand Prix de France, avec sa société PHA et ses associés, dont ses enfants Philibert et Victoria. Sur le plan sportif, John Kocinski ce 17 juillet 94 réussissait l’exploit de terminer deuxième sur sa Cagiva, devant toutes les motos d’usine japonaises, précédé du seul Mick Doohan. Jean-Michel Bayle était le meilleur Français en terminant 5e en 250. Après avoir fêté son quart de siècle cette année, comment se présente pour Michy et ses troupes le GP de France 2019 (dont la billetterie est ouverte) ?

La passion pour la course moto n’est pas la même en France qu’en Italie ou en Espagne, mais pourtant tu as obtenu le meilleur score de tous les Grands Prix cette année en accueillant au Mans 105 203 spectateurs le dimanche. Quelle en est la raison ?

« Je pense que la passion de la moto existe en France. Il ne faut pas avoir de complexes. D’autre part le Grand Prix de France a essayé de mettre en place, depuis de nombreuses années, pour tous les spectateurs, un week-end pour pouvoir bien profiter de la passion de la moto et d’une vraie vie sur le site avec de nombreuses animations, du Show mécanique à la Fan Zone en passant par la distribution de baladeurs pour le public, et peut-être aussi notre mode de commercialisation puisqu’un détenteur de billet n’a à s’acquitter d’aucun supplément nulle part car tout est compris.

« Le spectacle que produisent les pilotes dans toutes les catégories est assez fantastique, n’est-ce pas ? C’est le résultat d’un travail portant sur de longues années. »

Il y a peu de pilotes français présents en Championnats du Monde, avec 2 en MotoGP, 0 en Moto2, Moto3 et Superbike, et quelques-uns en Supersport. Penses-tu que c’est une tendance qui est appelée à se généraliser, ou un creux de la vague provisoire ?

« Il s’agit d’un creux de la vague provisoire et je vais presque te donner un scoop : on est en train de travailler avec la Fédération Française de Moto afin d’organiser des camps d’entraînement (ou « training camps ») pour un certain nombre de pilotes. Cela se fera avec des coachs sous l’égide de la Fédération Française de Moto. Trois jeunes pilotes ont été qualifiés pour la Red Bull Rookies Cup cette année, alors que d’autres participent à l’European Talent Cup en Espagne (dans le cadre du CEV).

« Le premier problème à résoudre est d’ordre financier, car s’entraîner à moto coûte plus cher qu’en athlétisme. Il faut donc trouver des moyens pour permettre aux pilotes de s’entraîner, comme le font les jeunes espoirs italiens et espagnols. Il leur faut beaucoup rouler, et non pas arriver pour la première séance d’essai du week-end sur les courses auxquelles ils participent.

« Ce travail va être maîtrisé par la Fédération avec un financement de partenaires du Grand Prix moto et de la Fédération elle-même. Donc on est en train de travailler sur ce sujet-là. On définit actuellement le cadre car il faut travailler, il n’y a pas de secret. J’ai eu la chance, en parlant avec le Président de la Fédération Jacques Bolle et Philippe Thiebaut le DTN, de pouvoir enclencher avec eux un vrai projet. »

Les motos électriques font leur début cette année en Grand Prix. Leur vois-tu dans l’avenir un rôle de complément – comme actuellement – ou penses-tu qu’elles puissent un jour devenir la catégorie reine ?

« On verra à l’avenir, car il faut du temps. Le ressentiment du spectateur dépend aussi du bruit, or aujourd’hui pour les véhicules électriques, il y a absence de bruit. C’est un vrai sujet de base, mais ça ne veut pas dire que les motos électriques dans le futur ne pourront pas faire de bruit.

« Ce qu’a mis en place Dorna semble assez intéressant, c’est-à-dire l’engagement d’un certain nombre de teams expérimentés avec des pilotes connus et réputés, même de différentes générations comme quand on voit Gibernau qui revient. Il y aura trois Français, donc je pense qu’il faut regarder cela d’une manière positive, et voir ensuite comment ça va se passer.

« Sur le Trophée Andros par exemple l’électrique est arrivé depuis longtemps. Cette année pour la première fois des véhicules à quatre roues motrices ont été engagés, et lors de la première épreuve à Val-Thorens le vainqueur a été Aurélien Panis avec une Plastic’up électrique devant Olivier Pernaut et Franck Lagorce avec des voitures à moteurs thermiques.

« Après cela dépend de la réglementation et des progrès de l’électrique. Pour le moment les courses durent de 15 à 20 minutes et il faudra voir dans l’avenir comment les choses vont évoluer. »

Les Grands Prix moto se développent rapidement en Asie, avec les équipes et les pilotes locaux de plus en plus nombreux en Championnat du Monde. Est-ce un avantage ou un inconvénient pour le Grand Prix de France ?

« Ce n’est pas lié au Grand Prix de France. On est dans le cadre de la mondialisation, certaines contrées deviennent des lieux de développement économique et d’utilisation du deux-roues, ce qui est normal si on prend par exemple la Thaïlande qui a eu un succès énorme. C’est un plus pour le sport moto. »

Quelle est la tendance pour le GP de France 2019 ?

« La tendance est que depuis le 15 novembre nous n’avons plus de places de tribunes à vendre, alors qu’il y a 20 000 places de tribunes réservées. Normalement, on devrait annoncer début janvier qu’on a trouvé un très beau spot pour pouvoir construire une tribune supplémentaire de 1 800 places. Elle se situerait dans l’espace qui se trouve au freinage des Esses bleus et dans les Esses bleus eux-mêmes. »

Que va changer le passage de la diffusion TV des Grands Prix d’Eurosport à Canal Plus ?

« Je pense qu’il faut attendre pour voir. Eurosport a fait un très bon travail pendant de très longues années. Il faut saluer ce qui a été réalisé par Eurosport, ses journalistes, ses consultants, et il ne faut pas avoir la mémoire courte.

« Il y a un beau challenge pour Canal Plus. Cette discipline est très bien exposée dans le monde entier. Canal est dans une période très favorable aux sports mécaniques avec la F1 et le WRC (Championnat du monde des rallyes). Les GP moto sont certainement un plus pour Canal dans sa plate-forme de sports mécaniques.

« Moi personnellement je pense que dans les deux ans à venir, si la moto est traitée comme la F1, les audiences de la moto seront supérieures à celles de la F1. »

 

 

Vidéo : Départ du GP de France 2018 en caméras embarquées

Vidéo : Bousculade à Jerez entre Lorenzo, Pedrosa et Dovizioso

Photos © PHA / Grand Prix de France Moto

Vidéos © motogp.com / Dorna