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Laurent déborde d’activités avec, entre autres, la Z&F Grand Prix School et l’European Talent Cup. Alors que la saison se termine, faisons le point avec lui.

La Z&F Grand Prix School a disputé sa cinquième et dernière manche de l’année à Ganges avec les PW50 et ZFM150 Yamaha. Es-tu satisfait du fonctionnement de l’école ?

« Cette année l’école a beaucoup progressé. Les parents sont devenus fantastiques car bien disciplinés, comme il le faut. On a un niveau de pilotage avec les Pee Wee qui est superbe puisque des records de pistes ont été battus, jusqu’à huit dixièmes même. Non seulement les parents, mais aussi les petits sont bien disciplinés et ça me fait très plaisir.

« Cette année, on était 38 en PW50 et une dizaine en ZFM150. On va être l’année prochaine 16 à 17 en 150, et 39 en Pee Wee, donc notre école ne fait que grandir. Les petits sont bien encadrés avec Seb Moréno, Andrea Fellon, Adrien Corger, Loïc et Xavier, c’est vraiment que du bonheur.

« On passe de bons week-ends, on apprend aux petits, le dimanche il y a les courses, c’est fabuleux. Je suis vraiment content parce que ça a été un travail intense au début, mais là c’est vraiment de mieux en mieux, et je remercie les parents qui ont accepté de suivre un moule pour arriver à de super résultats. »

Tu m’avais parlé l’an dernier de Corentin Perolari qui était en formation chez toi, et il a remplacé au pied levé Mike di Meglio cette année en Championnat du Monde Supersport au sein du GMT94 de Christophe Guyot. Lors des 3 dernières courses, il a terminé 6e à Magny-Cours et Losail, et 5e en Argentine. As-tu été étonné de ses performances ?

« Non, parce que je pense que Corentin à un moment dans sa vie a grandi. Il est arrivé à maturité, encadré par Christophe Guyot qui est une bonne personne et un ancien professeur. Je pense qu’il lui a apporté beaucoup de bien, parce qu’il avait beaucoup de potentiel quand il était jeune. Il a eu chez Christophe un encadrement qui lui a apporté la sérénité et la possibilité de gravir les échelons.

« Il était doué déjà gamin, mais aller ensuite en mondial c’est une autre étape. Il est difficile d’aider des jeunes à bien grandir car il faut les tenir solidement par la main, quitte à être dur par moment pour les amener au haut niveau. C’est l’entourage de Christophe qui a permis à Corentin de progresser aussi vite. »

On se dirige en 2019 vers des Grands Prix avec deux pilotes français en MotoGP (Johann Zarco et Fabio Quartararo), mais zéro en Moto2 et Moto3. N’est-ce pas inquiétant pour le long terme ?

« Le problème est que pour créer un pilote – je pense que je peux en parler – c’est long. C’est comme un paysan qui sème sa graine, qui la fait pousser, qui la bichonne et qui passe des jours à faire grandir la plante. Donc c’est tout un ensemble de choses qui va permettre de faire évoluer le gamin. Après, quand il a compris, il devient champion, mais ça demande énormément de travail.

« Il y a beaucoup de passion en Espagne par exemple, chez les Catalans, à Valence où à la Cuna de Campeones il y a 250 petits, et beaucoup d’autres jeunes dans le Sud. Ils peuvent alors comme au football détecter les gamins et les faire rentrer dans un moule. Ce moule permet d’évaluer le pilote, de voir s’il est intelligent et s’il pilote bien. Si tu as du volume, à ce moment-là tu arrives à détecter.

« En France, on a enlevé la passion parce que les gens pensent que c’est très dur de prendre un petit et de le faire grandir dans la bonne direction. En Espagne, le Champion PreMoto3 Marcos Ruda a déjà un solide team derrière lui (ndlr : Cuna de Campeones). Il va déjà très vite, est encadré par de bons mécanos et un télémétriste. Il y a une méthode.

« C’est pour ça que chez nous à l’école Z & F le petit doit comprendre que ses parents font des efforts pour le faire courir. Ce n’est pas aux parents d’inculquer la passion de la moto au petit, ça doit venir de lui.

« Fabio Quartararo par exemple sort du Championnat catalan, et Johann Zarco de la minimoto en Italie. C’est pour ça que pour notre école il est important d’avoir des partenaires qui nous soutiennent (ndlr : et donc la liste figure ci-dessous) et nous donnent un grand coup de main. Tout ça est compliqué, et je dis que pour avoir un prochain Français en Championnat du Monde Moto3, il faudra au moins deux à trois ans.

« Ça va être compliqué parce que c’est long, c’est du travail, et il ne faut pas que le petit baisse les bras en cours de route parce que c’est dur. Et pour un garçon, il y a la puberté et tout ça qui rentre en ligne de compte. Il nous faut continuer à travailler pour parvenir au haut niveau. Mais ça va être dur car il y a beaucoup de bons championnats en Espagne, et Valentino a pris en charge la formation en Italie. On ne peut pas lui enlever ça parce qu’ils sortent tous de la VR46 Riders Academy. Il en a fait un business avec les Malaisiens. Donc ça a amorcé la pompe et c’est intelligent parce que maintenant, des Italiens il y en a partout.

« Pourquoi nous on ne serait pas autant capables que les autres ? Il faut que les passionnés se réunissent pour créer des filières. Il y a deux Français qui sont très forts (Johann Zarco et Fabio Quartararo), et pour en avoir d’autres il faut que beaucoup de « paysans » se mettent à l’ouvrage. »

Quels sont tes objectifs pour 2019 ?

« Nous avons la piste d’Eyguières qui va ouvrir grâce à toute mon équipe. Il y a des gamins qui sortent de l’école et qui valent le coup. L’un d’entre eux est Lorenzo Fellon (mon fils) et un autre est Hugo de Cancellis qui n’est pas du tout un mauvais garçon. Il a terminé treizième à Misano en Championnat du Monde Supersport 300. Il faut les soutenir pour leur faire comprendre qu’il faut une mentalité solide, comme les Italiens et les Espagnols. Je crois beaucoup en eux.

« J’espère que ça fonctionnera bien aussi depuis le bord de piste et lors de l’entraînement avec Johann. »

Photos © ZF Grand Prix School

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