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Après un hiver particulièrement houleux pour KTM, nous avions eu la chance de pouvoir dresser le bilan des essais MotoGP d’inter-saison avec Hervé Poncharal en février dernier. 

Avant d’entamer la tournée européenne par l’Espagne, le patron du team Tech3 a bien voulu revenir sur les quatre premiers épisodes d’une saison qui s’annonce particulièrement intéressante, que ce soit pour les pilotes alignés par le team de Bormes les Mimosas, Maverick Vinales et Enea Bastianini, ou pour le plateau en général. Nous avons pu aborder longuement et en détail tous ces sujets d’actualité, donc un grand merci à lui !

Retrouvez la première partie ici


 Alors toujours dans le chapitre des émotions, il y a une chose sur laquelle je voudrais qu’on revienne : aux États-Unis, sur la grille, il y a 4 pilotes qui font le pari des pneus slicks, et parmi eux il y a un pilote Tech3, Enea Bastianini. Bon, procédure de départ un peu chaotique et on retarde le départ. Là-dessus, il y a un team manager, Davide Brivio, qui est pour le moins très véhément car cela retire à Ai Ogura toute chance de faire un coup, et un autre, Hervé Poncharal, qui est exactement dans la même situation, c’est à dire on lui retire un pari gagnant avec Enea Bastianini, mais qu’on n’entend pas. Pourquoi ?
« Des conditions de départ comme ce qui s’est passé sur la grille du Grand Prix des Amériques au Texas, ça arrive une fois tous les X années et la dernière fois c’est arrivé au Grand Prix d’Argentine 2018, quand Jacques Miller était resté seul sur la grille avec sa moto. Moi j’ai plusieurs choses à dire, c’est que évidemment que la vie m’a appris. Et dimanche soir, au lieu de casser le canopy et de partir en hurlant et de réagir de manière excessivement violente, tout est violent toujours à l’intérieur de toi, mais la vie t’a appris, avec les coups que tu prends, à essayer de relativiser et à réagir de manière plus professionnelle. Il faut savoir que suite aux Grand Prix d’Argentine 2018, la réglementation, pour justement un cas de figure comme celui qui s’est présenté au Texas, elle avait beaucoup évolué. Il se trouve que quand Marc Marquez a pris la décision de quitter la grille et de partir en courant récupérer sa deuxième moto qui était, elle, équipée de slicks, ça a déclenché un mouvement, je ne sais pas si c’est grégaire ou de panique, mais en tout cas chez les pilotes, Bagnaia le premier qui a emboîté le pas de Marc avec une ou deux secondes de retard. Le pilote, qui est un être humain et qui est assez souvent dans le doute, voyant les deux leaders rouges partir en courant, au fur et à mesure tout le monde a quitté la grille.

Évidemment, il y a des gens, de l’IRTA notamment, qui sont là pour dire “bougez pas, restez sur la grille” et tout. Mais il a commencé à s’emparer d’une espèce de sentiment de panique et, je dirais peut-être, entre guillemets, d’anarchie sur la grille, avec les mécaniciens qui ne savaient plus quoi faire, une partie des mécaniciens qui suivaient leurs pilotes qui étaient retournés au box, des équipes techniques qui commençaient à sortir avec les motos, certains pilotes qui revenaient sur la grille en disant “qu’est ce qu’on fait ? Qu’est ce qu’il faut faire ?” et on s’est retrouvé dans la situation de chaos au moment où le starter  devait appuyer sur le bouton. On peut avoir les infos, la direction de course, de toutes les motos, comment elles sont équipées en pneumatiques, mais ça prend le temps qu’ils aient le retour d’information de la totalité de la grille, ça va leur prendre 4, 5, 10 minutes ou 1/4 d’heure. On en a parlé. Donc de toute façon Marc a montré encore une fois que c’était le leader, la grille dans sa quasi-totalité lui a emboîté le pas, ça a créé une confusion absolue sur la grille. On était au moment du départ et le directeur de course, tout en sachant que ce n’était peut-être pas la bonne décision, car il aurait pu faire partir les 3 ou 4 pilotes qui étaient en slick dont l’un des nôtres, a pris la sage décision, notamment pour la sécurité parce qu’il y avait des gens qui couraient dans tous les sens et des motos qui rentraient ou qui sortaient, de dire “départ retardé”, et pour moi, c’était la meilleure décision. 

Il faut prendre la moins mauvaise décision et si tu suivais le règlement à la lettre et que tu donnais le départ, ça pouvait créer un chaos, une telle confusion, que ça pouvait aussi créer des accidents potentiellement graves. Et avec le recul, je pense que c’était la bonne décision, ça a fait qu’on a eu une vraie course, voilà. Alors je pense que c’est plus important de voir qu’on n’a pas pris de risque, qu’il n’y a pas eu de blessés, qu’il y a une vraie course, un vrai spectacle, et qu’on est resté dans les canaux qui nous sont dédiés par rapport à tous les retransmissions télévisées en direct. Et que ça, c’est plus important que de savoir si oui notre choix de pneus nous aurait permis peut-être de se battre pour le podium. On dit toujours que la position de l’arbitre est toujours très précaire et elle prêtera toujours à la critique, quoi qu’il arrive. Et à un moment donné, c’est important pour moi de se dire aussi “si j’avais été dans les baskets du directeur de course, est-ce que j’aurais fait mieux ?”. Et je pense qu’il a pris la bonne décision, sincèrement.  

Alors depuis, il y a eu des discussions, il y a eu une nouvelle proposition de réglementation pour qu’on n’ait plus à faire face à cette situation-là, qui a été soumise aux équipes pendant le Grand Prix du Qatar. Et on va revenir dessus sur les prochains Grands Prix. Mais sans dévoiler quoi que ce soit, ça sera une procédure qui sera beaucoup plus simple. Parce que si tu essayes, et c’est ce qui a été fait après 2018 et le Grand Prix d’Argentine, de faire une réglementation qui est quelque part une usine à gaz pour prendre en compte tous les paramètres qui peuvent exister, tu n’y arriveras jamais ! Et au moment où le directeur de course doit prendre sa décision d’appuyer sur le bouton vert ou le rouge, il n’a pas tous les paramètres pour la prendre correctement, Donc on va essayer de faire quelque chose qui est beaucoup plus simple.  

Parce que Marc Marquez pensait qu’il allait repartir dernier sur la grille. Mais si on avait fait la réglementation, il serait parti de la pit lane, il aurait fait son tour de chauffe, il serait revenu à sa position initiale, c’est à dire à la pole position, la course serait partie et il aurait dû faire un ride through parce qu’il avait changé de moto dans les 3 dernières minutes. Donc déjà il avait mal calculé son coup. Après tout le monde pensait qu’il avait eu un coup de génie, donc c’est pour ça que tous les pilotes l’ont suivi et que ça a déclenché le chaos que ça a déclenché. Pareil, avec la nouvelle réglementation, on va éviter aussi, dans un cas comme ça, si tu as 10 pilotes qui arrivent pour démarrer en fond de grille, tu les mets comment les gars ? Tu vois le bordel que c’est de recréer carrément une grille en fond de grille ? Donc on va faire en sorte de trouver une réglementation qui soit très très simple dans le cas de figure où on se retrouve face à  une situation comme celle qu’on a eu à faire face au Texas.  

Mais je suis assez content de pas avoir gesticulé et crié très fort. Il faut voir un peu la Bigger Picture, il faut avoir un peu de recul et regarder la situation dans son ensemble plutôt que de se focaliser sur son petit nombril. Mais oui, quelque part, c’est couillon quand tu y penses (rires), parce que Ogura, Binder, Bastianini et Marini, c’est certain qu’ils avaient un avantage puissant. C’est comme ça.” 

 Alors dans les éclaircissements, même si là c’est un point vraiment très secondaire, Bastianini qui déclare que Vinales n’a pas la même moto : on remet ça au clair ? 

A suivre ici…

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