La saison 2025 laissera des cicatrices profondes dans le camp Ducati. Pour Francesco Pecco Bagnaia, double champion du monde MotoGP sous le label rouge, elle marque un tournant brutal : celui d’une domination qui s’effrite et d’un avenir soudain incertain.
L’Italien, symbole de la réussite méthodique de Borgo Panigale, a traversé une année cauchemardesque au guidon de la Desmosedici GP25, une moto qu’il n’a jamais réussi à apprivoiser — tandis que son nouveau coéquipier, Marc Marquez, l’a tout simplement écrasé.
Rien ne laissait présager un tel effondrement. La GP25 n’est pourtant qu’une évolution de la GP24, mais pour Bagnaia, les quelques ajustements techniques ont suffi à rompre le lien de confiance entre le pilote et sa machine.
Ses sensations ont disparu, ses repères se sont effacés. Et ses demandes répétées d’adaptations ont fini par tendre ses relations avec la direction technique. Ducati, fidèle à sa philosophie d’ingénierie centralisée, n’a que rarement cédé aux caprices de ses pilotes — et Bagnaia n’a pas échappé à la règle.
Le contraste avec Marquez a été d’autant plus violent que le pilote espagnol, au style agressif et instinctif, a dompté la GP25 avec une aisance déconcertante. Sacré champion à Motegi, le numéro 93 a volé la vedette au champion en titre.
Officiellement, Ducati maintient sa confiance. Officieusement, un ultimatum est posé. L’équipe rouge exige de Bagnaia qu’il se réinvente — et vite. Sans résultats convaincants au premier semestre 2026, le renouvellement de son contrat au-delà de 2026 pourrait être compromis.
Le marché des transferts 2026 s’annonce électrique, et les essais d’après-saison à Valence pourraient déjà déclencher le premier effet domino.
Les rumeurs d’un transfert chez Yamaha, balayées en début d’année, paraissaient farfelues à l’époque. Elles semblent aujourd’hui prémonitoires : Pecco Bagnaia pourrait être tenté de chercher ailleurs un environnement plus malléable.
Aprilia, la porte de sortie idéale pour Pecco Bagnaia ?
Si Aprilia venait à perdre Jorge Martin, dont la relation avec la marque reste fragile après un conflit contractuel et une longue blessure, la place serait idéale pour relancer Bagnaia.
Massimo Rivola n’a jamais caché son admiration pour le pilote turinois. Et dans un paddock où la loyauté vaut moins que les dixièmes gagnés au tour, un rapprochement entre Bagnaia et Aprilia n’a rien d’improbable.
Le journaliste **Simon Patterson** résume bien la logique du moment :
« Je pense que la moto d’Aprilia est désormais assez performante pour que, s’ils ne parviennent pas à garder Jorge Martin, ils aillent chercher un Pecco Bagnaia ou un Fabio Quartararo. »
Une telle opportunité aurait du sens. Bagnaia rejoindrait une équipe italienne en pleine ascension, dotée d’une moto compétitive — parfois même plus rapide que la Ducati sur certains circuits en 2025. Et surtout, il retrouverait une structure plus souple, capable d’adapter la machine à son pilotage plutôt que l’inverse.
Ducati a remporté tous les titres cette saison : pilotes, constructeurs et équipes. Mais la façade triomphale cache des fissures. Le contraste entre la réussite collective et la déroute individuelle de Bagnaia met en lumière la brutalité du système Ducati : impitoyable, efficace, mais peu enclin à l’empathie.
Pendant ce temps, Marco Bezzecchi et Aprilia continuent de grignoter du terrain. Le pilote de la RS-GP25 a été l’un des rares à inquiéter Marquez cette année, enchaînant podiums et performances solides.
Si la tendance se confirme en 2026, et si Bagnaia ne parvient pas à redresser la barre sur la GP26, Aprilia pourrait devenir son refuge… et son renouveau.
La nouvelle réglementation MotoGP de 2027 rebattrait encore les cartes, mais pour Bagnaia, le message est clair : le temps des certitudes est révolu. Chez Ducati, l’ère de la domination solitaire appartient désormais à Marquez. Et pour “Pecco”, l’heure est venue de choisir entre s’accrocher à son passé rouge — ou écrire un nouveau chapitre ailleurs.
