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Pit Beirer

Pit Beirer est le directeur sportif de KTM et de ses autres marques que sont Husqvarna et GASGAS ce qui fait de lui un décideur qui connait parfaitement le monde du Moto3. Il sait peut-être mieux que quiconque ce qui se passe dans les catégories d’entrée en Grand Prix, puisque, en plus, le constructeur autrichien alimente de ses machines les disciplines de promotion qui préparent à la carrière internationale. Il a vu l’évolution des mœurs et des comportements sur la piste sous la pression économique maquée par une inflation des budgets. Il reconnait qu’il était temps qu’on se penche sur la question, même s’il a fallu la mort de trois adolescents en course pour ça…

Pit Beirer s’est confié sur les ondes de Speedweek sur les dernières mesures prises par les officiels pour tenter de discipliner enfin les courses de Moto3 et autres du même genre. Des compétitions essentielles puisque le champion en herbe doit impérativement sortir de ces mêlées pour espérer poursuivre son rêve. A peine sortie de l’enfance, poussés par leur passion et leurs parents qui, eux-mêmes, ont tout parié, littéralement, sur une progéniture qui a forcément un don pour réussir, ils sont envoyés au front avec comme seule alternative celle de vaincre ou mourir. Le drame est que cette approche n’est plus à entendre au sens figuré.

Jason Dupasquier, Hugo Millan avec des Moto3 et Dean Berta Viñales en SuperSport300 ont été les victimes de cette évolution générale qui a aussi conduit à un nivellement technique et à une augmentation des effectifs sur les grilles de départ conduisant, certes, à des courses spectaculairement disputées, mais aux airs de combat rapproché.

Les courses ont changé de physionomie, et il fallait arrêter ce jeu de massacre. Pit Beirer le reconnait avec des mots forts : « nous voulons regarder du sport, pas un champ de bataille » dit-il, soutenant la décision prise de relever à 18 ans à compter de 2023 l’âge minimum pour avoir droit de cité dans les grandes compétitions mécaniques. Un seuil qui devrait changer les mœurs non seulement sur la piste mais aussi dans les coulisses, où toutes les places peuvent actuellement se prendre pour peu qu’on y mette le prix.

Pit Beirer

Pit Beirer : “vous devez payer 300 000 euros si vous voulez mettre votre fils dans une équipe Moto3

Pit Beirer explique concrètement ce que cela signifie : « les pères des talents se voient désormais parfois demander des sommes considérables s’ils veulent amener leurs fils dans une équipe de GP. Vous devez payer 300 000 euros si vous voulez mettre votre fils dans une équipe Moto3 GP. Cela crée beaucoup de pression sur les pilotes. Ce sont des familles, ce sont peut-être des moyens de subsistance qui sont ruinés pour une seule saison de course. Ils ne devraient pas avoir la pression d’acheter un billet pour faire des Grands Prix à l’âge de 14 ans. Ils devraient plutôt recevoir une solide éducation de base ».

Le responsable met ainsi le doigt sur la perversité du système actuel : si une famille se saigne et hypothèque son avenir sur le fils pilote, ce dernier doit réussir sauf à être responsable de la ruine des siens. Une pression qu’il subit dès l’adolescence. Une fois sur la piste, celui qui est devant est, de fait, plus naturellement considéré comme l’ennemi à éradiquer plus que comme l’adversaire à dépasser…

En plus des nouvelles mesures adoptées, une lourde sanction, comme un préliminaire avertissant du changement majeur, avait été prise contre le pilote KTM Deniz Öncü après le carambolage d’Austin, qui n’a heureusement fait aucune victime. Pit Beirer l’accepte au nom de la cause commune, mais il prévient aussi, en donnant d’autres noms qui méritent attention dans le peloton : « si un Öncü est obligé de rester à la maison pendant deux courses, à mon avis un Rodrigo ne devrait plus avoir de licence depuis longtemps. S’il s’agit d’un nouveau départ et que les règles strictes sont appliquées à tout le monde, je suis d’accord. Mais si la suspension de Deniz s’avérait être une action ponctuelle, je ne comprendrais pas ».

Pit Beirer termine : « nous avons supplié les pilotes en leur disant “S’il vous plaît soyez plus raisonnable en qualifications, s’il vous plaît attendez et ne vous promenez pas sur la trajectoire, s’il vous plaît ne faites pas toutes ces bêtises”… Si rien de tout cela ne fonctionne, il doit y avoir des conséquences. Et c’est ce qu’ont décidé Dorna, la FIM et l’IRTA. Je maintiens que c’est une bonne décision ».

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