pub

Ramon Forcada

On ne résout généralement un problème que si on en a compris au préalable son origine et, dans le cas des firmes japonaises en MotoGP, il semble qu’elle soit si profondément ancrée dans la philosophie de leurs personnels qu’il faudra bien plus que des points de concession au règlement pour faire bouger les lignes. Par cette intervention, celui qui les a côtoyés pendant longtemps dans sa carrière, soit Ramon Forcada, nous convaincrait presque que la cause est perdue …

Dorna a travaillé pour faire en sorte que, dans son MotoGP, une unanimité parmi les constructeurs qui y sont engagés se soit dégagée pour valider de nouveaux points de concession au règlement. Dans une répartition revisitée dans des groupes reconstruits, Yamaha et Honda ont la part belle pour rattraper leur retard face aux constructeurs européens, Ducati en tête. Plus d’essais, de pneus, de Wildcards, de mobilisation des pilotes titulaires, sans oublier un moteur que l’on pourra faire évoluer et deux packages aéro à homologuer au lieu d’un seul … Il ne fait pas de doute que le geste est fort.

Certes, mais chez Yamaha, on a déjà prévenu que l’on n’était pas certain de pouvoir organiser six Wildcards, et on n’a pas constaté, comme chez Honda, une campagne de recrutement pour renforcer l’équipe test … Mais il y a plus fondamental, et, dans ce cas, plus grave : la philosophie générale de l’esprit de compétition.

Pour comprendre l’ampleur du marasme, il faut écouter Ramon Forcada qui s’est confié à Dennis Noyes dans ses « 10 minutes avec Dennis » sur YouTube relayées par Todocircuito. Il dit d’abord : « il y a le caractère du Japonais et le caractère latin de l’italien ». Puis il développe : « l’Italien cherche toujours la limite de la réglementation. Les Japonais ne le font pas. Le Japonais doit être aussi élégant que possible, même s’il perd. Du coup, ils perdent parce que les autres gars ont fait quelque chose de différent ».

MotoGP

Ramon Forcada : « nous avions gagné, ni Michelin ni Dorna, ni personne ne s’est plaint mais Yamaha m’a jeté aux lions »

Pour bien se faire comprendre, Ramon Forcada aborde le sujet de la pression à respecter dans le pneu avant. Lorsqu’il était en fonction, il n’y avait aucune sanction possible en cas de non-respect de la norme imposée par le manufacturier, puisque le capteur unique n’existait pas. D’où cette démarche communément admise : « si vous savez que vous n’allez pas être disqualifié, vous pouvez jouer ». Une philosophie qui n’a jamais été celle des Japonais. Ramon Forcada peut d’autant plus le signaler qu’il a été voué aux gémonies par ses employeurs Yamaha, la seule fois qu’il s’est essayé à cette fantaisie …

Il se souvient ainsi : « l’année de la pandémie, quand, avec Morbidelli, nous avons gagné une course dans laquelle la moyenne était de 1,89 au lieu de 1,90, il n’y avait pas de règlement. C’était parfait parce qu’à la fin, il a mené et gagné une course avec 1,89 de pression. Ni Michelin ni Dorna, personne ne s’est plaint. Tout le monde, de Michelin à notre technicien, nous a dit que c’était parfait. À l’exception de Yamaha qui n’a pas trouvé la chose juste ».

Et il a passé un mauvais quart d’heure : « leur attitude a été de me jeter aux lions. Lors d’une des réunions tendues avec Yamaha, le problème était que nous avions gagné salement entre guillemets. Et qu’il ne fallait pas recommencer ». On comprend mieux pourquoi les teams managers, les pilotes et aussi certains sponsors demandent que les firme japonaises s’ouvrent à la culture européenne.

Ramon Forcada

Ramon Forcada

Tous les articles sur les Pilotes : Fabio Quartararo, Johann Zarco

Tous les articles sur les Teams : Ducati Team, Monster Energy Yamaha MotoGP, Repsol Honda Team