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Suzuki

Les hommes en uniforme Suzuki vivent un moment à la fois étrange et difficile, en première ligne d’un front MotoGP d’où ils savent déjà qu’ils seront démobilisés à la fin de l’année. Alors pourquoi encore aller au feu et tout donner puisque l’issue fatale est connue ? Il serait légitime que l’énergie soit plutôt déployée pour une reconversion sous d’autres cieux. On parle là de survie professionnelle. Une conjoncture de crise imposée par un employeur dont le conseil d’administration a montré à quel point il prenait peu en compte le dévouement de son personnel à sa cause, en décidant, en un vote froid et lointain, de les biffer de son organigramme. Depuis cette décision, les résultats ne suivent d’ailleurs plus. Il y aurait cause à effet selon certains et l’ambiance au sein de l’équipe ne serait plus ce qu’elle était. Son chef sur le terrain Livio Suppo répond, et veut resserrer les rangs pour une sortie digne.

Suzuki qui déserte le MotoGP en ne respectant pas ses engagements sur la durée est un scénario déjà vécu. En 2011, en effet, la marque d’Hamamatsu a fait état de la crise financière pour plier bagage et jeter sa GSV-R à la benne, laissant son seul pilote d’alors Alvaro Bautista sur le carreau. Un épisode qui reste dans la mémoire de celui qui joue à présent le titre en WSBK avec Ducati, et d’autant plus que sa situation d’alors était pire que celle actuellement connue par Joan Mir et Alex Rins. L’Espagnol rappelle en effet : « heureusement, ils ont déjà fait savoir aux pilotes qu’ils partiraient, car ils me l’ont dit en fin de saison, donc je n’ai pas eu le temps de réagir pour une autre place. Je suis surpris, mais en même temps ils l’ont fait par le passé… ».

Reste que le dire avant, même de façon confuse puisque la nouvelle n’est devenue officielle que bien des jours après une solide rumeur, entraîne aussi ses conséquences néfastes. En parlant de son pilote Joan Mir, celui-là même qui a ramené un titre à Suzuki en Grand Prix après 20 ans d’abstinence, le manager Paco Sanchez a brossé ce portrait alarmant de l’équipe Ecstar : « la moto ne va pas, les techniciens cherchent leur avenir même s’ils disent qu’ils vont tous ensemble … Ils ne sont pas à 100%, ils n’ont pas cet esprit d’équipe. Davide Brivio a su très bien gérer les volontés et les égos, faisant de cette équipe une grande famille. Cela a été perdu et ce n’est plus une famille ».

Livio Suppo à Assen 2022

Nous devons trouver la motivation pour terminer cette dernière saison avec Suzuki de la meilleure façon possible

Celui qui a succédé à Brivio, après tout de même une saison de vacance du poste, n’est pas d’accord avec cette analyse. Livio Suppo monte ainsi au créneau : « c’est sûr que ça a été un gros choc pour tout le monde, mais il est difficile de dire si ça a eu une influence sur les performances des pilotes » a déclaré celui qui a aussi officié en son temps chez Ducati et Honda. « Cependant, les deux pilotes sauront bientôt où ils courront l’année prochaine et seront plus détendus ».

Il ajoute : « l’équipe a eu une réaction extraordinaire, tout le monde a continué à travailler comme si de rien n’était et l’ambiance est restée bonne, je n’arrivais pas à croire de les voir encore si souriants. Je ne suis ici que depuis peu de temps, mais je ne pouvais pas rêver d’une meilleure équipe ».

Livio Suppo conclut avec ce message aux airs de dernière mobilisation générale : « j’attends avec impatience la suite de la saison : la moto était compétitive en début d’année et elle l’est toujours, les pilotes sont forts, nous devons trouver la motivation pour terminer cette dernière saison avec Suzuki de la meilleure façon possible ».

 Joan Mir, Alex Rins, Team Suzuki Ecstar, Red Bull Grand Prix of the Americas

 

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