On ne vous apprendra rien en vous disant que le team MotoGP Tech3 d’Hervé Poncharal et Guy Coulon est en train d’écrire une page capitale de son histoire, mais, en tant qu’observateurs privilégiés, ne pas la raconter serait ne pas accorder l’importance que mérite cet évènement majeur pour la plus grande équipe française de compétition moto.
Alors placer le curseur au juste milieu entre confidentialité et information ne sera à coup sûr pas facile, mais tout au long de l’hiver, et peut-être même après, nous vivrons et tenterons de vous faire vivre cette transition qui bouleverse le panorama du MotoGP hexagonal.
Nous nous en faisons un devoir en tant que média, mais surtout en tant que passionnés qui avons toujours reçu un accueil incroyable de la part de toute l’équipe Tech3, à quelque niveau que ce soit.
Alors, pour ne pas citer les dizaines de prénoms que nous devons remercier, disons simplement « Un Immense Merci Tech3 ! » et lançons-nous dans cette narration, sans savoir vraiment par quel bout commencer, puisque nous avons eu la chance de partager l’histoire de Tech3 durant la dernière décennie…
Peut-être, sans doute, reviendrons-nous sur les premiers doutes et les premières interrogations d’Hervé Poncharal sur son avenir, sur la façon dont les choses se sont passées et pourquoi elles se sont passées, mais nous le ferons alors avec l’intéressé lui-même.
Dans le cas présent, commençons cette série le samedi à Valence, avec le pot d’adieu en l’honneur des membres de l’équipe qui ne seront plus là l’année prochaine. Deux jours auparavant, sous l’impulsion de Dorna Sports, Mathilde Poncharal, l’attachée de presse du team, a organisé une soirée surprise pour son père, avec tous les grands noms du MotoGP, de Carmelo Ezpeleta à Lucio Cecchinello, en passant par l’IRTA et les pilotes ayant défendu les couleurs de l’équipe française, comme par exemple Olivier Jacque et Andrea Dovizioso.
Une soirée très émouvante que l’intéressé vous racontera lui-même prochainement, mais une soirée qui était l’un des évènements qu’Hervé Poncharal redoutait, sans en savoir le contenu mais en ayant refusé que cela soit filmé, pour son dernier week-end en tant que patron d’une équipe MotoGP.
Quoi ? On a bien écrit « Hervé Poncharal
redoutait » ? Oui, quelque chose que l’on croyait
impensable, mais quelque chose de bien réel, à tel point que, sans
trahir le moindre secret (vous le verrez au prochain épisode), nous
avons découvert le week-end dernier un Hervé
Poncharal que nous étions jusqu’alors très loin
d’imaginer…
Stressé à un point inimaginable, au point même où le mental prend
l’avantage sur le physique : le flamboyant chef d’entreprise au
parcours exceptionnel, l’orateur incomparable, s’était transformé
le week-end dernier en un timide adolescent au moment de passer
l’oral d’un examen !
Dans l’hospitalité Tech3 où s’était réuni un aéropage venu remercier chaleureusement l’homme de Bormes les Mimosas, celui-ci est resté un long moment silencieux en observant la foule du haut du petit escalier qui mène à son bureau, avant de se lancer, empreint d’émotion, dans (il ne nous en voudra pas) ce qui n’était sans doute pas le plus cartésien des discours du tribun hors pair qu’il est habituellement.
“C’est un moment particulier. Tous les ans, on fait une petite remise de trophées et de souvenirs pour les gens qui nous quittent, mais là ce ne sont pas seulement les gens qui nous quittent, mais c’est moi qui vais vous quitter, donc évidemment que c’est un moment qui me touche beaucoup, très particulier. J’en ai fait des dizaines de speechs sur cet escalier, et ce que je voudrais, déjà, c’est remercier quelques personnes qui sont là, qui me tiennent particulièrement à cœur, bien sûr en dehors de l’équipe, comme ma chère Hélène (Zaugg), parce que la maison Motul est plus qu’un partenaire, elle fait partie de la famille. La maison Canal+, Michel Turco avec qui on a commencé alors qu’on n’avait même pas de barbe encore, ni de poils aux pattes, la maison Paddock-GP, mon ami « Pasou » sans qui la vie ne serait pas la même, ni à la maison ni sur les circuits, la maison Ixon, Manu maintenant chez Shark, mon ami Jacques Herlem, et bien sûr toute l’équipe Tech3. »
Un mot a ensuite été prononcé pour chacune des 8 personnes quittant l’équipe en 2026, avant de revenir à quelques anecdotes…
« Merci en tout cas, et merci aussi à monsieur Quellet,
car ce que vous ne connaissez pas, c’est que quand j’étais jeune on
faisait les cons en vélo, en mobylette, en moto, avec un copain. Et
ce copain a eu des enfants, et un jour on me dit “Tiens, tu as un
nouveau technicien Michelin, il s’appelle Erwan Quellet”.
Quellet, ça me disait quelque chose, et de manière complètement
incroyable, c’est le fils d’un de mes meilleurs potes. »
Même si le légendaire sorcier chevelu est déjà officiellement à la retraite, il n’a pas été oublié…
« Évidemment je ne peux pas conclure l’histoire de Tech3 sans parler de l’ami Guy Coulon (gros applaudissements). Ce n’est pas mon ami, c’est mon maître, et c’est mon dieu. Donc merci Monsieur Guy Coulon (gros applaudissements). »
Dans l’hospitalité sont également présentes les familles Quartararo et Maubant, liées par l’amitié et l’amour…
“Je voudrais dire aussi que je suis très honoré d’avoir la famille Maubant et la famille Quartararo ici, parce que non seulement ce sont des passionnés de MotoGP, mais parce que Fabio est certainement l’un des meilleurs pilotes du monde, le seul champion du monde MotoGP que l’on ait eu jusqu’à présent. Et le papa et la maman de Tom, quelqu’un de très important pour moi mais surtout pour ma fille Mathilde, qui fait un super boulot et qui fait preuve d’optimisme et d’humour quand je me sens un petit peu “down”, comme on dit en anglais, pour m’aider à remonter un petit peu. »
Mathilde Poncharal, qui quitte l’entreprise de son père, est en pleurs avant la conclusion…
“En tout cas, merci à tout le monde, merci à l’équipe Moto3,
merci à l’équipe MotoGP ! Je voulais vous dire qu’en ce moment j’ai
pris un petit peu de recul . On peut l’imaginer, ce n’est pas
facile pour moi de lever le pied comme ça du jour au lendemain.
Même si, voilà, c’est la vie. Tous autant que vous êtes, vous avez
été fantastiques, vous avez fait un boulot de malade, sans compter
vos heures ou quoi que ce soit.
Je voudrais maintenant souhaiter la bienvenue à monsieur Richard Coleman !”
Tout le monde a la larme à l’œil, s’étreint, dédicace un des posters pour les partants, voudrait retenir le temps qui file comme du sable entre les doigts, bien conscient que rien ne sera jamais plus comme avant. Mais peu à peu la salle se vide, et on se retrouve avec un Hervé Poncharal, ému mais enfin soulagé, dans son bureau avec Richard Coleman !
A suivre…
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