pub

Márquez dans son box discute avec son ingénieur.

Lors des qualifications, Pecco Bagnaia et Marc Márquez se sont chamaillés. Il faut dire que l’attente d’une roue pour faire un temps, spécialité de l’octuple champion du monde depuis son retour en 2021, n’énerve pas que l’Italien. Mais au-delà de ce simple fait anecdotique, nous voyons-là une potentielle grande rivalité, qui manque au MotoGP actuel.

 

I) Pourquoi cela pourrait profiter à l’écosystème

 

Nous sommes déjà revenus sur l’importance des rivalités dans les sports au fil d’une précédente analyse. Le MotoGP ne fait pas exception, et, lui aussi, s’est construit sur de grands affrontements. Le départ de Jorge Lorenzo et Valentino Rossi signait, en un sens, la fin d’une ère sacrée, marquée par des joutes légendaires, titanesques. Plus particulièrement, les saisons 2013 et 2015 sont de véritables films qu’Hollywood n’aurait osé produire.

Depuis, nous avons moins d’accrocs, une meilleure ambiance sur les podiums. Aussi en raison de l’homogénéité de la grille, nous voyons moins souvent les mêmes pilotes se disputer les places les plus intéressantes. Ceci n’aide pas à créer une rivalité entre deux hommes – ou trois, ce qui est plus rare encore. Par exemple, en piste, nous n’avons encore jamais vu un affrontement Pecco Bagnaia – Fabio Quartararo alors que les deux se sont partagés deux titres mondiaux, un fait que nous n’aurions jamais pu constater il y a dix ans.

 

Bagnaia célèbre sa victoire au Grand Prix d'Italie 2023.

Pas facile d’atteindre Pecco. Photo : Michelin Motorsport

 

Mais Bagnaia et Márquez, eux, ont quelques antécédents comme nous le verrons dans quelques instants. Sur le simple plan dramaturgique, une telle rivalité pourrait être très sympathique, car les histoires respectives se croisent. Bagnaia, élève de Valentino Rossi, qui poursuit son combat contre Marc Márquez après les incidents de 2015 et 2018. Le pilote sage, appliqué, contre le sanguin, l’impulsif. De son côté, Marc Márquez pourrait vaincre une troisième génération de pilotes après celle de Valentino Rossi et de Jorge Lorenzo/Dani Pedrosa/Andrea Dovizioso. Puis, continuer à chasser le neuvième puis dixième titre que « The Doctor » n’a jamais réussi à décrocher. Sur le papier, reconnaissez-que ça claque.

 

II) Déjà de la matière

 

Nous avons relevé quelque chose de très intéressants lors de cette séance de qualifications. Pecco Bagnaia, en voyant Marc sortir devant lui, s’énerva. En piste, c’est extrêmement rare, pour ne pas dire inédit. Comme tous les élèves de la VR46, « Go Free » est très calme, humble, et ne laisse rien transparaître. En revanche, sa sortie sur les pilotes satellites face caméra (avant de se raviser) montre qu’il est prêt à s’affirmer davantage. C’est un paramètre à surveiller, car nous assistons peut-être à l’éclosion d’un nouveau grand personnage en catégorie reine, sans même parler du pilote exceptionnel qu’il est.

De l’autre côté, Marc Márquez continue sur sa lancée, débutée en 2013 lorsqu’il accéda au MotoGP. L’Espagnol se fourvoie depuis dix ans ; il est l’antagoniste principal, mais veut tout faire pour éviter ce statut. Quoi qu’il fasse, sa nature de champion ne fera jamais l’unanimité, et c’est dommage qu’il n’embrasse pas pleinement le rôle du « méchant » comme ont pu le faire ses compatriotes Jorge Lorenzo et Fernando Alonso en Formule 1. Au lieu de cela, il préfère l’esquiver, quitte à jouer profil bas une fois le casque ôté. La rivalité viendra à lui, qu’il le veuille ou non.

 

Marc Marquez au Grand Prix d'Italie 2023.

Marc peut-il revenir dans un semblant de course au titre ? Photo : Michelin Motorsport

 

Les deux se sont déjà rencontrés sur le bitume, à quatre reprises, avec un seul duel pour la victoire. Il s’agissait du Grand Prix d’Aragon 2021, quand Pecco avait dominé son vis-à-vis, après avoir subi une pression folle de la part du génie espagnol. Puis, nous avons eu le Grand Prix d’Émilie Romagne 2021, où la encore, Marc chassait l’Italien, en train de perdre le titre face à Fabio Quartararo à Misano. Cette fois, Bagnaia chuta, au profit de Márquez. Impossible d’oublier le Grand Prix de Thaïlande 2022, sous la pluie, où l’officiel Ducati assura à la troisième place. Ici, pour une fois, Marc, cinquième, ne prit aucun risque et déclara après coup que c’était la meilleure chose à faire. Comme quoi, sa philosophie a bien changé. Finalement, en Australie l’an passé, dans cette course folle qui sacra Álex Rins, les deux se battirent pour la deuxième place mais on sentait un Pecco sur la retenue, pas prêt à prendre des risques inutiles avec un championnat en jeu.

 

III) Une nouvelle rivalité est-elle envisageable ?

 

Deux arguments solides vont à l’encontre cette théorie.

  1.  C’est surtout les actes de l’Espagnol en qualifications dont il est question. Selon nous (soit l’auteur de cet article), un tel comportement n’est en aucun cas réprimandable mais simplement petit ; le fait que Marc Márquez, huit fois titré, ait besoin d’un autre pilote – quel qu’il soit – pour faire un temps n’est pas très glorieux. Il n’y a rien de personnel avec l’Italien : il prend sa roue car c’est le plus rapide, pas parce que c’est Bagnaia. Il faut reconnaître que c’est arrivé souvent, parfois avec succès pour le pilote Honda (Qatar 2022, Australie 2022, Italie 2023), et parfois moins (Saint Marin 2021, Espagne 2022). Mais le jour où Marco Bezzecchi, à tout hasard, sera significativement plus véloce, Marc lâchera Pecco.
  2. Pour qu’il y ait une rivalité, il faut que les deux soient aussi forts l’un que l’autre. En ce moment, il n’y a pas photo. Le champion du monde en titre est à des années lumières de Marc Márquez sur absolument tous les plans. Il est plus vite, plus régulier, plus incisif, meilleur sur les phases de freinage, en rythme de course, en qualifications, en Sprint, et surtout, mentalement. Bref, intouchable, et il l’a encore prouvé sur les collines toscanes.

D’ailleurs, signalons que c’est la première fois en carrière que Márquez chute lors de quatre Grands Prix consécutifs (Valence 2022, Portugal 2023, Le Mans 2023 et Mugello 2023), ce qui devrait l’alerter sur son approche, comme nous l’avons signalé après le Grand Prix de France. Pour l’instant, donc, une rivalité n’est pas à l’ordre du jour étant donné qu’un seul de ces deux larrons se bat en tête.

Qu’en pensez-vous ? Aimeriez-vous voir une saison disputée entre ces deux géants ? Dites-le nous en commentaires !

 

Pecco Bagnaia arrive dans le parc fermé au Grand Prix d'Italie 2023.

Le roi. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

Tous les articles sur les Pilotes : Francesco Bagnaia, Marc Marquez

Tous les articles sur les Teams : Ducati Team, Repsol Honda Team