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MotoGP

Dans l’article d’hier, j’ai vaguement évoqué mon désintérêt pour cette fin de saison MotoGP. En tant que passionné, cette année fut particulièrement difficile à suivre, pour plusieurs raisons. Pourtant, si l’on regarde les faits, nous avons déjà eu sept vainqueurs différents, dont six sur les six dernières manches. Alors, il n’y a pas de quoi se plaindre, non ? Aujourd’hui, je vous propose une petite réflexion sur un sujet qui me tient à cœur : qu’est-ce qu’une bonne course ? La réponse que je vais vous proposer est éminemment subjective, vous l’aurez compris. Aussi, j’aimerais beaucoup avoir votre définition en commentaires.

 

Des croyances qui ont la dent dure chez les fans de MotoGP

 

A priori, répondre à cette épineuse question est facile. Beaucoup pensent qu’il suffit de regarder l’action en piste, les dépassements, les chutes. Disons, la course dans tout ce qu’elle propose de plus naturel, sans tenir compte d’éléments extérieurs. Mais c’est malheureusement faux. Certes, les dépassements et les bagarres aident à rendre une course plus belle, c’est un facteur déterminant, mais ce n’est certainement pas une condition essentielle.

 

MotoGP

La course de dimanche était une vraie purge. Photo : Michelin Motorsport

 

Pour vous convaincre de cela, je vous invite à regarder des épreuves de la fin des années 1980, assurément l’une des plus belles époques de l’histoire du championnat. Vous constaterez par vous mêmes que les dépassements pour la tête de course étaient parfois assez rares, ce n’était pas comme beaucoup l’imaginent, c’est à dire, un festival de freinages, d’échanges de peinture, etc. Pas du tout.

De nombreuses courses de cette époque dorée mettaient en scène deux à trois hommes forts, qui se suivaient, sans relâche, et se battaient à coups de dixièmes. Et cela se vérifie aussi durant d’autres saisons fortes à travers l’histoire. Prenez 2013 et 2015, par exemple, soit deux de mes exercices favoris. À l’époque, quand Lorenzo, Rossi, Pedrosa ou Marquez gagnaient, ils le faisaient souvent avec de l’avance, beaucoup d’avance. Ce n’était pas forcément serré ou à couteaux tirés. Et pourtant, je considère le Grand Prix d’Aragon 2015 comme une course excellente, tout comme Valence, dernière manche de la saison qui a couronné Jorge Lorenzo. Cela se vérifie aussi en Formule 1 (revoyez les manches de la saison 2021, et vous serez surpris) et dans d’autres sports mécaniques.

 

La différence majeure

 

Alors, pourquoi je qualifie des courses sans nombreux dépassements comme historiques – voire, légendaires –, et celle de la saison 2025 absolument inintéressantes, alors qu’elles permettent à de nombreux pilotes différents de s’illustrer ? La raison est assez complexe.

La principale différence, d’après moi, c’est qu’une bonne course s’inscrit parfaitement dans une dimension plus large, elle doit être soumise à des facteurs qui dépassement les simples 45 minutes d’épreuve. Voilà tout. En 2015, il n’y avait pas beaucoup d’action, certes, mais la tension inhérente à la bataille pour le titre rendait tout départ irrespirable. Idem en 1987 ou 1989, deux années historiques. C’est parce qu’on retrouvait toujours les mêmes acteurs devant qu’on pouvait sentir des rivalités fortes, qui décuplaient nos émotions et notre stress en regardant ces tours d’observation. Chaque tentative, chaque chute pesait plus lourd.

Lorenzo et Rossi qui se suivent à quelques dixièmes, avec un peu moins de dix ans de rivalité derrière eux, c’est plus intéressant, pour moi, qu’Alex Marquez et Marco Bezzecchi qui s’échangent la première position. Voilà ce que beaucoup n’arrivent pas à saisir, et c’est exactement pourquoi le Moto3 n’attire pas davantage de spectateurs. Si ce n’était qu’une question de dépassements, de lutte, alors la plus petite des catégories serait en tête des audiences ! Mais pourquoi préfère-t-on le MotoGP, moins intense ? Parce qu’il s’agit de la plus prestigieuse des classes, là où sont les meilleurs, les plus talentueux ; où se battent, toutes les deux semaines, les plus grands noms de la discipline. Ceci signifie donc que cet aspect macroscopique compte, inconsciemment, pour beaucoup.

 

Un MotoGP dévalué

 

Passons maintenant au problème d’avoir autant de vainqueurs différents en une année. Je considère ça comme un point faible pour une saison, contrairement à beaucoup de fans. Les exercices 2016, 2020 et 2021 dans une moindre mesure ne m’ont pas plu pour cette exacte raison. Après la victoire de Raul Fernandez en Australie, de nombreux commentaires reprochaient mon manque d’enthousiasme quant à son exploit. Et je vous comprends, mais laissez-moi vous expliquer le fond de ma pensée en reprenant les éléments précédemment expliqués.

 

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J’aime bien Bezzecchi, mais dire que sa victoire m’a ému aux larmes serait vous mentir. Photo : Michelin Motorsport

 

Pourquoi les courses de la fin des années 1980 et du début des années 2010 étaient aussi bonnes ? Parce que les batailles, parfois à distance, opposaient les meilleurs pilotes du monde, à chaque GP. Il s’agissaient de vrais rivaux, de personnalités fortes. On attendait pas le Grand Prix, mais un nouvel épisode de la série Lawson-Gardner, Rainey-Schwantz, Lorenzo-Rossi ou Rossi-Marquez. Cette tension me faisait languir pendant les semaines de repos. Avant Valence 2015, je ne pensais qu’à ça, si bien que mon prof de physique-chimie me demandait ce qu’il se passait. La course allait être légendaire, peu importe ce qui allait s’y dérouler. Tout le monde allait la suivre, ce n’était pas une question de dépassements ou de freinages d’outre tombe. Et d’ailleurs, ça n’a pas manqué. C’est là un très bel exemple de l’importance de ces facteurs macroscopiques, à savoir, la légende des pilotes impliqués, les rivalités en cours, et la tension au championnat.

Vient maintenant la saison MotoGP 2025. D’abord, sur la fin, le champion n’est pas là. Le champion précédent non plus. Puis, celui d’avant connaît des problèmes graves avec sa moto. On assiste donc à des courses remportées par des pilotes avec qui nous n’avons pas pu nouer d’attache émotionnelle, car ils ne sont pas régulièrement devant, ils tournent constamment. Alors, oui, la bataille était intrinsèquement belle entre Alex Marquez et Pedro Acosta lors du Sprint à Portimao. Mais est-ce que j’ai vibré pour ces deux pilotes ? Non. Car l’enjeu le plus grand s’arrêtait aux simples dépassements.

Si, tous les week-ends, Alex Marquez et Pedro Acosta faisaient de même, ça serait déjà mieux. Mais, là, avec autant de vainqueurs différents, impossible de garder le même niveau d’intérêt et de tension. Le MotoGP se voit dévalué par le nombre de vainqueurs, qui diluent, justement, l’impact émotionnelle d’une victoire. Un autre paramètre n’aide pas : le nombre de courses, bien trop élevé, dont nous reparlerons d’ici peu.

 

Conclusion

 

De mon vivant, je n’ai jamais connu de saison plus ennuyeuse que celle que nous allons conclure à Valence dimanche soir. Rassurez-vous, je ne suis pas mauvais public au point de croire que seules des exercices avec des bagarres magnifiques, une tension pour le titre et des légendes me conviennent. Les années 1989, 2013 et 2015, entre autres, sont des exceptions, comme 1989, 2012 et 2021 en F1. J’ai d’ailleurs plutôt apprécié des années où il n’y avait qu’une seule condition de remplie. Je garde un bon souvenir de 2019 pour les bastons, même s’il n’y avait pas de rival à la hauteur de Marquez et encore moins de suspense pour la course au titre. De même, j’ai apprécié 2022 pour la tension au championnat en deuxième partie de saison et les batailles serrées entre quelques pilotes seulement alors qu’il n’y avait pas réellement d’élément légendaire aux commandes.

Le problème, c’est qu’en 2025, il n’y a rien en MotoGP. Ni bataille en piste, ni tension, ni grandeur, ni rivalité. Et chaque course qui passe avec un nouveau vainqueur imprévisible au possible renforce cette théorie, malheureusement.

Que pensez-vous de cet exposé ? Dites-le-moi en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

Espérons que la saison MotoGP 2026 soit un meilleur cru. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport