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Johann Zarco dieux

Aux 24 Heures, on dit souvent que « Le Mans choisit ses vainqueurs ». En général, je n’aime pas ces adages qu’on ressort à toutes les sauces ; d’abord, c’est énervant de les entendre à longueur de journée, mais aussi parce que, si c’est vrai, alors Le Mans choisit généralement assez mal. Cependant, cette fois-ci, j’ai l’impression que les dieux du MotoGP étaient du côté de Johann Zarco, que sa victoire était écrite tant elle était improbable et certaine à la fois.

 

Un exploit

 

Au Mans, Zarco a honoré l’amour du public. Cela faisait depuis 1954 qu’aucun pilote tricolore ne s’était imposé à domicile en catégorie reine, et l’attente fut très longue. Ces dernières années, on a connu beaucoup de déceptions au Mans, malgré plusieurs poles réalisées par Fabio Quartararo ou Zarco. À vrai dire, Le Mans était le circuit où un exploit de Zarco me paraissait le plus improbable, car il n’y avait encore jamais gagné en carrière.

 

Johann Zarco dieux

Avec un nouveau record du nombre de spectateurs présents sur trois jours. Historique. Photo : Michelin Motorsport

 

Alors qu’il s’élançait 11e, il fut directement impliqué dans l’accrochage entre Pecco Bagnaia et Enea Bastianini. Contraint de couper le bac à graviers de la chicane Dunlop, il est ressorti au fond du peloton, mais, contrairement aux pilotes devant, Johann avait fait le bon choix pneumatique en chaussant des gommes rainurées. Après l’arrêt au stand des favoris, il était en tête, et c’est là que le festival commença.

Marc Marquez était à environ huit secondes derrière. Afin de logiquement privilégier le championnat, l’octuple champion du monde a préféré ralentir. Honnêtement, au vu de la force qui animait Johann, je pense qu’il ne l’aurait même pas rattrapé. Sa victoire était évidente, rien ne pouvait lui empêcher de triompher.

Finalement, l’officiel Ducati termine à 20 secondes, très loin. Oui, on sait que Marquez n’a rien voulu tenter, mais je trouve cet écart saisissant ; j’imagine que Johann Zarco non plus n’attaquait pas comme si sa vie en dépendait. À force, je pense qu’il avait vu Lucio Cecchinello lui supplier de ralentir sur le pitwall, donc il avait sans doute de la marge, même si cela reste très relatif dans ces conditions – en témoignent les deux erreurs totalement inattendues commises par Alex Marquez.

 

 

Franchement, je tire mon chapeau à Johann Zarco. Il a été absolument monstrueux, un modèle de résilience et de détermination. Ce mec ne lâche jamais rien et reste authentique ; je crois que c’est pourquoi il plaît autant aux fans français, mais pas que – sa victoire a été célébrée partout dans le monde.

 

Peut-on en tirer quelque chose ?

 

Malheureusement, je crois qu’il est difficile d’en extraire des enseignements tangibles. Jusqu’au départ, Honda ne réalisait pas un grand week-end et cette victoire, aussi belle soit-elle, demeure circonstancielle. Un peu comme celle de Binder en Autriche en 2021, si vous voulez : c’est magnifique, mais pas représentatif des progrès de Honda. On sait que la firme ailée s’est améliorée, notamment aidée par des concessions très avantageuses, mais il serait déraisonnable d’attendre ce genre de résultats régulièrement – à moins que dame Nature ne pleure à nouveau.

 

Johann Zarco dieux

L’émotion était communicative. Photo : Michelin Motorsport

 

Zarco, Cecchinello et tous les employés Honda savent qu’il faut juste célébrer, sans essayer d’en tirer trop de conclusions. J’ai encore le souvenir d’une autre victoire retentissante, celle d’Alex Rins au Grand Prix des États-Unis 2023. L’Espagnol, excellent sur deux jours, s’est imposé sur le sec et ça n’a pas empêché Honda de réaliser une saison absolument catastrophique.

En revanche, je crois que ça favorisera le passage de Johann Zarco au sein de l’équipe officielle. Je me tue à le dire depuis le début de l’année passée, mais je ne comprends toujours pas pourquoi il n’est pas aux côtés de Luca Marini. Enfin, peut-être qu’on le devine. Comme le soulignait Sylvain Guintoli, ça n’apporterait pas forcément un plus en termes de potentiel technique, car il fait très bien son travail chez LCR. Mais être pilote d’usine Honda est une place prestigieuse ; je ne vois pas comment le HRC peut laisser son clair meilleur élément à une écurie privée. Que ce soit pour l’image de marque, les sponsors, et tout le reste. Après, c’est peut-être une volonté de Johann Zarco, et, dans ce cas-là, nous ne pouvons que la respecter.

 

La plus belle victoire française en MotoGP ?

 

Pour conclure, petit débat historique. Est-ce la plus belle victoire française en catégorie reine ? La plus belle du XXIe siècle, c’est sûr, d’après moi. En revanche, je trouve que le contexte et le déroulé du Grand Prix d’Allemagne 1985 500cc avec ce triomphe de Christian Sarron est plus iconique encore, même si ça n’était pas en France. En tout cas, c’est un débat intéressant.

Comment avez-vous vécu cette journée folle ? Dites-le-moi en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

Le moment où l’histoire fut écrite. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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