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MotoGP meilleurs pilotes

J’en perds mes mots. Depuis l’Indonésie, j’ai l’impression qu’un nouveau héros est subitement apparu sur la grille. Encore auteur d’un excellent week-end à Valence, il mérite son volet de « Parlons MotoGP ». Au Qatar, il a prouvé qu’il pouvait discuter avec les meilleurs pilotes MotoGP, et pour la dernière sortie de 2023, Fabio Di Giannantonio a peut-être fait aussi fort. Analyse d’un Grand Prix maîtrisé de bout en bout, mais aussi, de sa signature chez Ducati Mooney VR46.

 

La maturité d’un homme

 

Je me suis permis ce titre car je le pense sincèrement. Au Qatar, déjà, il a prouvé qu’il n’était pas seulement une « surprise », un vainqueur anecdotique comme ont pu l’être certains sur ces dernières années. Depuis l’introduction de l’ECU unique en 2016, tout le monde est compétitif, ou presque. Encore cette année, vingt engagés différents sont entrés dans le top 5, et aucun ténor n’a réussi à remporter deux courses d’affilée pour la première fois depuis 1949. Mais c’est justement dans ces moments qu’il faut différencier des performances aléatoires, difficilement explicables au vu du contexte et de la dynamique, et des véritables coups de génie légitimes en tous points. Fabio Di Giannantonio en a réalisé un de plus.

D’abord, lors du Practice. Classé quatrième, il se dirigeait tout droit vers la Q2 au terme d’une séance parfaitement exécutée. Puis, lors des qualifications, un « mauvais pneu » l’empêcha de faire mieux que 11e. Il n’a aucune raison de mentir, et puis, si ça peut arriver à Jorge Martín, alors pourquoi pas aux autres. Valence, ce n’est pas Phillip Island, et encore moins Losail. Les dépassements y sont difficiles car la piste est étroite, d’une part, et comporte peu de virages arrêtés qui conditionnent des manœuvres classiques. Il faut prendre des risques, se faufiler, et penser au virage d’après tout en dépassant.

 

MotoGP meilleurs pilotes

Dans la roue du champion, et pas du tout ridicule. Photo : Michelin Motorsport

 

Et pourtant, quelle performance lors du Sprint. Même si la réalisation internationale ne s’intéressa pas à ses premiers tours, ils furent exceptionnels. Puis, on le vit, d’un coup d’un seul, derrière Pecco Bagnaia, l’homme qui jouait le titre mondial. Un temps bloqué, il ne pouvait risquer l’attaque, et on le comprend. C’est l’occasion de revenir sur ce point ; n’y voyez-pas là une sombre conspiration, « Diggia » avait déjà dit qu’il tentait uniquement si les conditions permettaient un dépassement propre, ce qu’il a prouvé le lendemain. Il est toujours très difficile de s’affranchir de Bagnaia car c’est le plus gros freineur du plateau, et aussi, contrairement à d’autres cadors dans cet exercice, il reste toujours en ligne avec une grande vitesse de passage en courbe. Sa propreté, sur un tracé aussi exigu que le Ricardo Tormo, le rend quasiment imprenable.

Puis, le Grand Prix. De la 11e place, il parvint à éviter la chute tout en remontant très fort sur les leaders, à son rythme, en gérant sa gomme. Ça paraît absolument fou à écrire, mais Jorge Martín aurait dû s’inspirer de Fabio Di Giannantonio après son « tout-droit » au virage n°1. Largement plus rapide sur les dernières boucles, il avala Binder en un éclair, et s’affranchit de Johann Zarco dans un dépassement aussi propre que foudroyant. Même quatrième après la pénalité, sa performance n’en restait pas moins stratosphérique.

 

 

Cela m’incite à dire que ce n’est pas un hasard ; il fait partie des meilleurs parce qu’il dispose d’un sens de la course absolument remarquable. Quand il est devant, il sait quoi faire, il sait doser son engagement alors qu’il ne joue aux avant-postes que depuis quelques semaines ! Sa justesse est exemplaire, et bien d’autres pilotes, présents depuis plus longtemps avec moins à prouver, devraient s’en inspirer. Je ne peux que le féliciter, encore et encore.

 

Un transfert gagnant-gagnant ?

 

Le voilà maintenant signé chez Ducati Mooney VR46 Racing Team aux côtés de Marco Bezzecchi. Je suis très heureux de le voir poursuivre en MotoGP, car sa seule performance sous les spotlights qataris devait lui assurer telle position. Le guidon est bon, au moins au niveau de son précédent, et l’environnement propice au succès. Valentino Rossi et ses équipes savent y faire avec les jeunes talents, et je ne doute pas une seconde que l’atmosphère très italienne, couplée à sa bonhomie apparente, lui servira plus qu’autre chose.

De l’autre côté, Uccio et ses troupes récupèrent l’homme du moment, et ont juste à espérer qu’il brille encore. C’est toujours l’inconnu avec ces profils ; ils ont éclaté si vite que l’on a peur qu’ils redeviennent moins performants aussi rapidement. Mais en prenant du recul, la VR46 academy fait une affaire. « Diggia » n’est pas cher au vu de sa situation, le contrat ne dure qu’un an et Marco Bezzecchi devrait normalement porter l’équipe vers le haut. Je suis satisfait de ce transfert, et il me paraît sain sur tous les plans.

 

Le n°49 sera en MotoGP l’an prochain, mais il a eu chaud. Heureusement qu’Honda Repsol a mis du temps à trouver un pilote pour remplacer Marc Marquez. Photo : Michelin Motorsport

 

Je pensais Luca Marini plus fort jusqu’à maintenant, mais le plafond de Di Giannantonio, de fait, semble désormais bien plus élevé même s’il subsiste des doutes concernant sa régularité. C’est un pari, mais le retour sur investissement pourrait s’avérer exceptionnel. Les deux parties n’ont pas grand-chose à perdre de toute manière, alors, c’est un bon coup.

 

Aparté

 

C’est tout pour aujourd’hui ! D’ailleurs, la saison est maintenant terminée depuis hier soir, et les déclarations des pilotes se font de plus en plus rares. Nous entrons dans l’hiver, mais rassurez-vous ! « Parlons MotoGP » sera là, chaque soir, à 20 h 30, pour essayer d’apporter un autre regard sur les Grands Prix. Je voulais vous remercier, tous autant que vous êtes, pour les débats, les arguments, les points de vue partagés depuis le début de cette saison 2023. Merci aussi pour votre indéfectible soutien, et nombre de vos commentaires chaleureux.

Alors rendez-vous demain pour un autre épisode !

 

La transformation d’un homme. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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