Parlons MotoGP : On ne vous a pas tout dit sur les frères Marquez

Depuis qu’Alex Marquez a décroché le titre de vice-champion du monde en Malaisie, on voit partout qu’il s’agit de la plus grande fratrie de la discipline, et, peut-être, du plus grand duo de frères de l’histoire des sports en général. Sommes-nous vraiment sûrs de ça ? Pas forcément, et c’est pourquoi j’ai décidé de vous concocter un petit article sur ce sujet passionnant. Et vous allez y contribuer aussi !

 

Critères

 

Pour la petite histoire, mon vrai métier est « historien du sport », en réalité, et c’est pourquoi j’adore dresser des parallèles avec le passé dans mes articles. Cependant, à chacun ses faiblesses : je ne connais rien à l’athlétisme, et je m’en remets donc à vous pour me dire si deux frangins ont déjà performé dans ces disciplines.

Pour les critères, que faut-il prendre en compte ? Eh bien, si l’on se base sur la saison 2025 des frères Marquez, il faut deux sportifs dans la forme de leur vie, qui évoluent en même temps, et qui se battent l’un contre l’autre (très important). Idéalement, il faudrait que dans le cadre d’une saison, sur au moins une année calendaire, on puisse considérer les deux comme les meilleurs du monde. Vous êtes prêts ? C’est parti !

 

 

L’exploit Marquez, du jamais vu en sport moto

 

Débutons d’abord avec la plus petite échelle, c’est à dire, les Grands Prix motos. Pour le coup, là, c’est facile de comparer : ça n’est jamais arrivé avant l’exercice 2025. Nous avions eu des fratries très performantes avant, comme les Aoki dont j’ai d’ailleurs déjà parlé, mais ils n’ont jamais régné sur la plus prestigieuse des catégories. On pourrait également citer les frères Sarron, mais, surtout, les frangins Espargaro, qui ont partagé une très bonne année 2013 (Pol titré en Moto2 et Aleix à son prime sur une Aprilia CRT très moyenne), mais rien de comparable avec l’exploit de Marc et Alex Marquez.

Si l’on reste dans le domaine motocycliste, mais que l’on élargit un peu le champ de vision, impossible de ne pas parler des frères Birchall, peut-être le meilleur duo de l’histoire du side-car, mais ils font équipe, ce qui les disqualifie.

 

Difficile de trouver mieux que les Marquez en sports mécaniques

 

Passons à l’échelle des sports mécaniques en tous genres. Là, nous devons au moins mentionner les Schumacher, mais Ralf n’a jamais fait mieux que quatrième du classement général en Formule 1. C’est très fort, mais rien à voir avec la performance d’Alex Marquez cette saison, qui était, lui, parfois, à la hauteur de son frère, et, surtout, bien plus régulier que Ralf en 2001, sa meilleure saison d’après moi. Les frères Geoff et David Brabham ont tous deux gagné les 24 Heures du Mans, mais, encore une fois, ils n’ont pas vraiment roulé l’un contre l’autre de manière aussi récurrente que les Marquez. Pareil pour les Whittington, vainqueurs aux 24 Heures en 1979. Il est possible de remonter le temps jusqu’aux Boillot, André et Georges, durant l’entre-deux-guerres, mais rien de comparable non plus de ce côté-là.

Je suis désolé, mais je vais devoir sortir un « code triche » : les familles de pilotes aux États-Unis. Rien qu’en évoquant les Unser, il est possible d’en extraire plusieurs exemples convaincants. Bobby et Al, par exemple, dominants en CART… mais jamais en même temps. Ça aurait pu le faire, notamment en 1968, dans le championnat qui précédait l’Indycar que nous connaissons aujourd’hui : Bobby l’a remporté haut la main, alors que Al a terminé troisième au terme d’une saison historique. Il ne manque pas grand-chose, mais les Marquez conservent l’avantage, et puis, le CART n’était pas la Formule 1 non plus. En 1969, ils étaient deuxièmes et troisièmes. Encore raté. Le constat est à peu près similaire chez les Andretti, une autre grande famille de sports mécaniques italo-américaine.

 

 

Étonnamment, je n’ai rien du côté du rallye, tout du moins en mémoire ; je ne suis pas infaillible. Il y en a eu, bien sûr, comme les Solberg, mais rien de notable. Il est courant que deux frères constituent un seul et même équipage, avec le pilote et le copilote – ce fut le cas des Panizzi, entre autres. Ma plus forte mention honorable, pour cette partie, est dédiée aux hermanos Ricardo et Pedro Rodriguez, héros des 24 Heures du Mans 1961.

 

Il faut se tourner vers d’autres horizons

 

Ce qu’ont fait Alex et Marc cette année est quand même assez unique, on le constate en les opposant au passé. Même dans d’autres sports, il est difficile de trouver mieux. Cependant, quelques exemples existent tout de même. Venons-en maintenant aux frères et sœurs qui rivalisent avec les Marquez. Juste avant, petite mention aux Manaudou, aux Schleck, aux Gasol, aux Mahre, aux Watt, aux Tuilagi (par leur nombre !) et aux Kelce. J’aurais bien aimé parler de Reggie et Cheryl Miller, en basketball, mais ça rendrait l’article trop long ; ils ne sont pas moins des prétendants à la couronne.

Tout d’abord, les sœurs Venus et Serena Williams. Les deux Américaines ont écrasé le tennis féminin au début des années 2000, et se sont affrontées au cours de neuf finales de tournois du Grand Chelem (dont quatre consécutives). C’est un record qui coche toutes les cases établies par nos critères en début d’article. Serena est d’assez loin la meilleure joueuse, mais, de deux choses l’une : lorsqu’elles se jouaient, c’était assez équilibré (Serena mène 19-12 en match officiel), et Marc, cette année, était également supérieur à son frère Alex.

Ensuite, les frères Wladimir et Vitali Klitschko. Les deux boxeurs poids lourds étaient fantastiques, d’ailleurs tous deux champions du monde. À bien des égards, c’est encore plus fort que les sœurs Williams, car Dr. Iron Fist et Dr. Steelhammer sont restés au sommet de leur art pendant près de 10 ans ! Certes, la catégorie heavyweight n’était pas des plus disputées durant les années 2000, lorsque les Ukrainiens sévissaient sur les rings, mais quand même ! Cet exploit, d’ailleurs entré dans le Guinness des records pour le plus grand nombre de défenses de titres par deux frères n’est pas prêt d’être égalé !

 

 

Vient finalement, selon moi, le plus beau duo de frères de l’histoire du sport. Le football américain est peut-être assez peu connu en France, mais je me dois de vous parler de Peyton et Eli Manning, deux quarterbacks iconiques. Peyton n’est autre que l’un des trois meilleurs joueurs de tous les temps, deux fois vainqueur du Superbowl avec les Colts d’Indianapolis et les Broncos de Denver, cinq fois nommé MVP de la saison, soit le meilleur joueur. Le deuxième, Eli, a remporté deux Superbowls à la même époque, et de manière absolument magnifique. Le premier d’entre eux a été décroché avec les New York Giants en 2008, après être venu à bout des New England Patriots invaincus de Tom Brady. Pour continuer la comparaison, eux se sont battus l’un contre l’autre (contrairement aux Klitschko), et, toujours d’après moi, la magnitude des exploits d’Eli Manning est supérieure à ceux de Venus Williams, notamment en raison de la compétitivité extrême du championnat NFL où il est très dur de s’imposer régulièrement pendant plusieurs années.

Ai-je oublié des duos iconiques ? Dites-le-moi en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport