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Pecco Bagnaia dit

En Indonésie, Pecco Bagnaia a dit : « ça suffit ». C’est difficile de s’en rendre compte pour l’instant, mais nous venons d’assister à l’une des performances les plus incroyables de tous les temps, ni plus, ni moins. Après Misano et Sepang l’an dernier et Jerez en 2023, il nous offre une performance monumentale. Le championnat vient de connaître son deuxième tournant.

 

Pecco Bagnaia dit « stop », la planète moto se tait

 

Il n’y a rien à redire sur son exploit. Rien. Je parle ici de sa course du dimanche, car son début de week-end était plus que délicat avec un vendredi raté, mais surtout, un samedi en dedans ; même pas qualifié en Q2, et bloqué derrière son coéquipier Enea Bastianini pendant le Sprint. Dès lors, les commentaires négatifs n’ont cessé de pleuvoir, remettant encore en question son mental.

Je vais l’affirmer ici, et le redirai s’il le faut ; non seulement Pecco Bagnaia a du mental, mais c’est celui qui en a le plus sur cette grille. Ce mythe doit cesser. Un pilote qui a remonté plus de 90 points sur une demi-saison, qui s’est déjà trouvé dans des situations dos au mur – notamment à Sepang l’an dernier, avec une victoire somptueuse depuis le milieu du peloton – est tout sauf fébrile.

 

Pecco Bagnaia dit

Une pose qui en dit long. Photo : Michelin Motorsport

 

Mandalika 2023 n’est qu’une énième illustration de ce phénomène. Alors que tout le monde commence à parier contre lui, qu’il paye encore son état d’esprit plutôt tranquille et réservé, que Jorge Martín et Marc Márquez lui mettent une pression supplémentaire dans les médias, il délivre tout de même un chef d’œuvre. Que vous faut-il de plus ? Quand il est en état de grâce, la planète moto doit se taire et apprécier.

 

Jorge Martín n’en aurait point été capable

 

Revenons rapidement sur ce bijou de maîtrise. De maîtrise, car malgré un engagement assez impressionnant notamment sur les premiers tours, Pecco Bagnaia ne semblait jamais en catastrophe. C’est l’efficacité incarnée, le contraire de Brad Binder. Malgré la pression, il a prouvé, une fois de plus s’il en fallait une, qu’il était le meilleur pilote du monde.

Car selon moi, cela ne fait aucun doute. C’est un choix assumé mais la subjectivité est l’âme de cette rubrique. Champion ou pas, je pense que Pecco est le meilleur, le n°1. Jorge Martín est excellent et j’avais déjà écrit sur son potentiel infini fin 2022, avant qu’il ne montre réellement ce dont il était capable. Mais Bagnaia est un cran au dessus, partout. Beaucoup prétendent que le « Martinator » est plus rapide, plus explosif ; les résultats concrets et froids ne corroborent pas ce point de vue. Je doute qu’il eut été capable d’une telle percée depuis la 13e position car on l’a déjà vu en difficulté quand il part de loin, même si son QI course n’est plus à démontrer.

 

Pecco Bagnaia dit

Finalement, ça ne s’est pas passé loin avec la remontée de Maverick et Fabio sur la fin. Mais pour doubler un pilote dans cet état, bonne chance. Photo : Michelin Motorsport

 

Avantage Bagnaia

 

Même Francesco n’aurait osé rêver d’un tel scénario sur le plan de la dynamique. Le momentum a changé de côté en une chute ; non pas parce que l’officiel Ducati a gagné, mais parce que Martín est tombé « comme Pecco ».

 

 

Voilà ce qu’il faut retenir de cette manche. Jorge Martín perd plus que la tête du championnat ; c’est presque anodin avec huit courses à disputer en comptant les Sprints. Il perd son totem d’invincibilité. Sur le format court, notamment, tout ce qu’il touchait se transformait en or. Le départ ubuesque, les freinages d’outre tombe, les dépassements à la limite ; il ne pouvait rien lui arriver. Jusqu’à cette erreur. Le « Martinator » est touché.

Maintenant, il sera très intéressant de voir comment il réagit, à son tour, car il a toujours moins de pression que Bagnaia en raison de son statut de pilote satellite. Luca Marini, le samedi, disait que Pecco devait battre Jorge en duel pour retrouver de la confiance et le chemin vers le titre. C’est encore mieux que ça, c’est un KO debout.

Depuis le début de saison, j’étudie la dynamique et celle-ci vient de s’affirmer en faveur de l’Italien, c’est une certitude. Traditionnellement, dans l’histoire des sports, il est rare qu’elle change trois fois de camp à l’échelle d’une saison. Ici, on a déjà assisté à la domination Bagnaia avant sa chute à Barcelone, puis à la démonstration Martín qui suivait les qualifications de Misano. Maintenant, elle est de nouveau en faveur de Bagnaia mais rien n’est joué ; pour rappel, il est possible d’être titré contre la dynamique – 2013 est un très bon exemple, avec une fin de saison presque parfaite de Jorge Lorenzo, alors que Marc Márquez prit la couronne MotoGP. Ou, plus récemment, Fabio Quartararo en 2021.

En tout cas, cela nous offre un combat titanesque. Qui voyez-vous titré en fin de saison ? Dites-le moi en commentaires !

 

Pour rappel, l’an dernier, il n’avait pas si bien performé en Indonésie. Il est parvenu, en une course, à tout renverser. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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