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Pecco Bagnaia prouver

Quelle bataille. Le Grand Prix d’Espagne 2024, dans son ensemble, restera à jamais gravé en lettres d’or dans le grand livre du MotoGP. Marc Márquez, octuple champion du monde, n’est pas arrivé à venir à bout de Pecco Bagnaia, malgré des tentatives répétées devant son public ; ce dernier n’a plus rien à prouver. Non seulement l’Italien se relance totalement dans une course au titre qu’il avait brièvement abandonnée, mais il envoie un message fort, comme s’il en avait besoin. Analyse.

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

Deux qualités phénoménales

 

Je vais tâcher de faire court concernant sa prestation, même s’il y a beaucoup à dire. Tout d’abord, je voulais souligner deux points essentiels qui ont fait la différence. Premièrement, sa qualité d’énorme freineur.

C’est son atout n°1, un as dans sa manche. Aux freins, il est absolument imprenable quand il est en confiance. À Jerez, un circuit qui lui a déjà réussi en 2022 et 2023, il ne pouvait qu’exceller. d’autant plus que les problèmes de vibrations de sa Desmosedici GP24 semblent partiellement réglés. Au virage n°6 « Dry Sack » , celui qui fait suite au bout droit de retour, il nous a offert l’un des plus beaux freinages de toute l’histoire des Grands Prix. Il passa non pas un, mais deux concurrents – et pas de moindres, Marco Bezzecchi et Jorge Martin – par l’extérieur, avant de replonger en deuxième place au point de corde.

 

 

Je pense que c’est pour ceci que sa place au départ n’est pas si importante. Le dimanche, il est toujours un danger même si ses capacités en qualifications sont assez limitées depuis un an (une pole sur les treize derniers Grands Prix). Pourquoi ? De mon humble avis, c’est davantage grâce à sa qualité de freineur qu’à « lâcher d’embrayage ». Son explosion à l’extinction des feux est très bonne bonne, certes. C’est plutôt son placement dans les premiers virages et sa capacité à faire la différence dans le trafic qui le rendent si fort en début d’épreuve. Enfin, ça et autre chose.

C’est justement le deuxième point que je désirais aborder. Depuis plusieurs années, on le voit progresser, sans cesse. Mais là, je ne l’attendais pas si dur sur l’homme avec Marc Marquez. L’Espagnol a un très mauvais bilan en carrière concernant les duels rapprochés (il en perd beaucoup plus qu’il n’en gagne, croyez-le ou non), mais cette capacité à répliquer instantanément quitte à échanger de la peinture est assez phénoménale.

 

Pecco Bagnaia prouver

Shrug game. Photo : Pecco Bagnaia

 

Il jouit d’une science de la course rarement vue ; la sienne est bien meilleure que celle de Marquez, qu’il bat encore pour la victoire en un-contre-un comme à Aragon en 2022. Il est toujours difficile d’expliquer pourquoi un pilote gère mieux les batailles qu’un autre. Mais sans prendre de risques, je pourrais affirmer que Bagnaia est calme, une qualité indéniable, et extrêmement propre. Son dédoublement dans le virage n°10 « Peluqui » était musclé, mais dans les règles.

À l’échelle de l’histoire des Grands Prix, les plus durs, hargneux, coriaces – Marc Marquez et Brad Binder dans le MotoGP actuel – sont statistiquement plus souvent perdants dans ces situations que les justes, les propres et les sages – Bagnaia et Martin, principalement. C’est paradoxal, mais c’est ainsi.

 

 

Qu’est ce que tout cela signifie ? Qu’il a encore passé un cap dans l’engagement sur la moto, qu’il n’a rien perdu de ses qualités en ce début d’année 2024 et qu’il a définitivement roulé comme un champion du monde… qui désire le rester.

 

Le maître de la dynamique

 

Au-delà de la simple performance, il est intéressant de se pencher sur sa dynamique. Elle est totalement illisible. De mémoire d’homme, jamais un pilote de ce calibre n’avait autant laissé planer le doute sur sa puissance à l’instant T ! Chaque course, ou presque, on se demande encore si Bagnaia sera dans les prétendants à la victoire. Alors que cela devrait nous apparaître comme une évidence, aussi claire que deux et deux font quatre.

 

Pecco Bagnaia prouver

Comme s’il voulait rester outsider. Photo : Michelin Motorsport

 

Ses mauvais résultats précédents ne semblent pas avoir d’influence sur ses futures prouesses. Chaque course, il pilote comme si le championnat n’était composé que d’une épreuve, celle-là. C’est une nouvelle année qui débute chaque dimanche. C’est bluffant ; moi-même, fervent défenseur de sa grandeur objective en raison de ses exploits passés, ai failli me faire berner. Avant le départ, je me voyais déjà écrire un article sur la domination de Jorge Martin, et si, avec une cinquantaine de points d’avance, Bagnaia allait seulement pouvoir le rattraper au cours de cette saison.

Mais j’étais devant le Grand Prix des Pays-Bas 2022, où, totalement dos au mur, Bagnaia a brillamment remporté la course et entamé une remontée de plus de 90 points sur Quartararo. J’étais devant le Grand Prix d’Indonésie 2023 lorsqu’il a triomphé depuis la 13e place sur la grille à un moment absolument critique. Je n’aurais pas du me faire avoir.

 

 

C’est comme s’il ne pouvait pas être battu sur le long terme. C’est la marque des grands, et cette victoire sur Marc Marquez prouve qu’il a sa place parmi les géants.

Qu’avez-vous pensé de son Grand Prix d’Espagne ? Dites-le nous en commentaires !

 

Ne sous-estimez jamais l’âme d’un champion. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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