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MotoGP Aprilia

Vous la sentez, la fin de saison compliquée pour Aprilia en MotoGP ? Je n’ai pas de boule de cristal, mais force est de constater que la firme de Noale patauge un peu depuis trois Grands Prix, soit six courses. La fin de saison 2022 avait été absolument catastrophique, et le début de 2023, pas beaucoup mieux au vu des avancées techniques réalisées pendant l’hiver. Il y a quelques mois, on les a vu renaître mais est-ce déjà fini ? Analyse.

 

Bis repetita ?

 

Aleix Espargaró le mentionnait à Motegi ; cela ressemble à 2022. Sans doute la seule machine à pouvoir battre l’armada Ducati, l’Aprilia RS-GP est redoutable, mais des éléments extérieurs compliquent la tâche. Le problème, c’est que l’on a déjà vu ça il y a un an à peine. C’est comme s’ils ne pouvaient pas tenir sur la longueur, comme s’il y avait encore une marche à franchir non pas au niveau du développement intrinsèque, mais plutôt de la préparation, des détails.

Prenons Misano par exemple, où pour une raison qui échappait aux pilotes, la moto ne fonctionnait pas correctement, tout simplement. Certains évoquaient le grip trop important de la piste, ce qui est assez inédit, mais pourquoi pas. En Inde, là où il y avait moins de grip, les pilotes blâmèrent la chaleur pour expliquer la contre-performance des RS-GP. À Motegi, les explications n’étaient pas plus convaincantes.

 

MotoGP Aprilia

Finalement, Aleix prend quand même la cinquième position à Motegi, un résultat plus qu’honorable. Mais en tant qu’équipe, c’est différent. Photo : Michelin Motorsport

 

S’il est normal d’essayer de trouver le problème, il vient peut-être de l’équipe. Celui-ci est forcément plus dur à pointer dans un sport où tous doivent être soudés. Sur le plateau, c’est la seule qui commet des erreurs assez grossières. Nous pensons, bien évidemment, à cet envoi en piste hâtif d’Aleix Espargaró en Inde, qui provoqua la colère de ce dernier… mais pas que.

Beaucoup furent choqués de sa réaction, assurant même qu’il exagérait. Sauf que c’est ça, le très haut niveau. Le geste du grand frère Espargaró était tout à fait compréhensible car une équipe MotoGP ne peut pas se permettre ceci si elle prétend à devenir la meilleure. On se rappelle aussi des qualifications de Maverick Viñales au Mans, où la deuxième moto n’était pas prête en cas de chute, sans remonter jusqu’à l’erreur humaine à Motegi en 2022 qui priva Aleix de prendre de gros points sur le sol japonais.

Il faut absolument corriger cela. Même s’il est toujours possible d’expliquer les différents abandons mécaniques (comme celui subi par Aleix samedi), tout rentre dans la même catégorie ; le manque de préparation. Largement illustré fin 2022, et qui, de toute évidence, a la dent dure.

 

Aprilia en MotoGP, le grand écart

 

C’est comme s’il y avait un écart conséquent entre les ingénieurs et plus globalement, tout ceux qui sont chargés de construire la moto, et ceux qui doivent la faire fonctionner. Attention, nous ne blâmerons jamais les mécaniciens car c’est un métier extrêmement difficile ; ils ne sont pas à remettre en cause. Nous parlons davantage de ceux qui leur disent quoi faire.

 

MotoGP Aprilia

Maverick Viñales à la bonne place ? Photo : Michelin Motorsport

 

D’un côté, Aprilia commet des erreurs assez flagrantes. Anecdotiques de prime abord, mais ô combien préjudiciables et énervantes pour les pilotes. Comme le soulignait Aleix Espargaró, c’est l’accumulation qui crée la frustration. De l’autre, leur moto est un bijou technologique, sans doute la plus avancée aérodynamiquement sur la grille. Capable d’exploits assez nets comme à Barcelone (succès que l’on peut attribuer à la machine au vu de la domination des deux officiels) mais aussi de performances très solides sur des profils de circuits qui ne lui correspondent pas nécessairement.

 

Revoir le casting ?

 

Quand j’évoquais les « hommes qui font fonctionner la moto », je parlais aussi des pilotes. Nous ne parlerons pas de l’équipe RNF, car la physionomie de sa saison est trop singulière pour être significative. D’un côté, Aleix Espargaró est monstrueux, c’est sûr, mais Aprilia doit réfléchir à « l’après-lui » pour reprendre une formule bien connue. C’est un peu comme ces grands entraîneurs de football qui performent bien, mais stagnent. On ne sait jamais quand s’en séparer, ni si c’est la bonne solution, et parfois, ça marche. C’est assez contre-intuitif car j’ai déjà beaucoup écrit sur la légende d’Aleix, mais est-il vraiment celui qui pourra faire passer un nouveau cap à Aprilia, après en avoir déjà franchi un – à savoir placer la marque très haut dans la hiérarchie ?

De toute manière, lui a déjà évoqué sa retraite, et nous ne parlons même pas de le virer. D’ailleurs, les deux sont sous contrat. Juste, l’accompagner pour lui offrir ses derniers tours de roue en MotoGP ; la création de légende est essentielle pour toute entreprise qui souhaite s’installer durablement dans un paysage sportif, pas seulement en MotoGP. Mais le cas de Maverick Viñales doit interroger les recruteurs. L’Espagnol est bon, ce n’est pas le souci, mais il n’est pas assez fort pour faire passer Aprilia dans une autre dimension, celle des marques prétendantes au titre mondial.

C’est triste à dire mais il retombe dans ses travers. Alors, oui, il s’est fait harponner par Marco Bezzecchi au départ du Grand Prix (ce qui aurait d’ailleurs mérité une pénalité) mais cette mésaventure s’explique, en plus de porter un poids symbolique. Elle s’explique d’abord par la position de départ. Forcément, en se qualifiant huitième, on est plus exposé au danger, et « Top Gun » le sait parfaitement car ce n’est pas la première fois qu’il se fait piéger de la sorte. D’ailleurs, il faudrait revenir sur son manque d’incisivité en début de course, un point faible criant depuis longtemps maintenant. Symboliquement, aussi, car on sent la dynamique leur échapper. Pannes, erreurs, chutes malheureuses… cela ressemble à un début de spirale négative. Mais quand on fait les comptes, hormis le Grand Prix du Portugal (deuxième) et des Amériques (quatrième), il n’a jamais été exceptionnel lorsque son Aprilia ne l’était pas non plus.

 

Au vu de ce qui arrive du Moto2, il y aura du choix. Photo : Michelin Motorsport

 

Selon moi, il n’est pas l’homme de la situation et son statut mérite d’être remis en question à la fin de son contrat. Depuis le début de sa carrière, j’ai remarqué qu’il jouissait d’une certaine immunité assez difficile à expliquer au regard des nombreuses polémiques et autres résultats moyens. Si Aprilia veut jouer dans la cour des grands, et surtout, ne pas attendre de se faire rattraper par KTM sur le moyen-terme, il faudra y réfléchir.

Que pensez-vous de la situation chez Aprilia ? Les voyez-vous sombrer en fin de saison comme en 2022 ? Dites-le nous en commentaires.

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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