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Aleix Espargaró MotoGP

Quel bijou. À Silverstone, Aleix Espargaró a rendu une copie qui frôle le 20/20. Cela faisait assez longtemps que l’on avait pas vu une aussi grande course de la part d’un pilote autre que Pecco Bagnaia. Tout y était. Assurément l’une des performances référence en MotoGP du début de cette décennie. En 2023, il est clairement temps de considérer Aleix Espargaró comme un grand, un très grand pilote. Analyse.

 

Un succès que l’on osait plus attendre

 

Les qualités de sa machine sont identifiées depuis longtemps, et nous vous avions conseillé, quelques jours avant la course, de surveiller attentivement la firme de Noale du côté de Silverstone. C’est ici qu’il avait inscrit le premier podium de la marque en 2021. Plus globalement, les longues courbes, les changements d’angles ainsi que les freinages à plats transforment la RS-GP en machine de guerre. Pour preuve, les quatre finissent dans le top 10, dont trois très bien placées. Comme c’est le cas à Termas de Río Hondo ou à Assen, des circuits aux profils similaires, on était en droit de s’attendre à du grand Aleix. Mais à ce point là, il y avait de quoi être surpris.

 

Aleix Espargaró MotoGP

Le n°41 survivra à son départ, c’est une évidence. Photo : Michelin Motorsport

 

D’abord, car il n’est pas dans la saison de sa vie. Malgré un beau weekend aux Pays-Bas, Aleix s’approche doucement de la retraite du haut de ses 34 ans. D’ailleurs, il l’a déjà évoquée, avec un possible départ fin 2024. En parler, c’est déjà y être un peu. Sans prendre en compte ce paramètre, il paraissait moins incisif qu’en 2022, moins régulier aussi.

Ensuite, pour entrer dans le rendez-vous britannique, les qualifications ont été ratées, purement et simplement. L’Espagnol n’était pas à son aise, et même, assez furieux contre la direction de course à l’issue de la séance, jugeant qu’il y avait trop d’eau sur la piste. Dernier du groupe Q2, il s’élançait de la 12e position pour le Sprint, qu’il acheva cinquième. Un bon résultat, mais rien de transcendant, ces conditions facilitent les remontées. Pourtant, le soir, Aleix le sait, et le dit : « Demain, je pense que nous pouvons jouer la victoire ».

 

Sa meilleure performance en carrière ?

 

Et il avait raison. Ce qu’il réalisa est à peine croyable quand on y pense. À 34 ans, il rend ici sa meilleure copie, devant le Grand Prix d’Argentine 2022, mais encore mieux, devant le Grand Prix des Pays-Bas 2022, qui était, selon nous, la plus grande course de sa vie. Après dimanche, il n’y a plus d’hésitation à avoir.

Déjà, la capacité d’explosion et d’élimination. Même si le MotoGP est plus disputé de nos jours, gagner en partant d’aussi loin est très rare. Chris Vermeulen était le dernier à l’avoir fait au Mans en 2007, mais sous la pluie. Ensuite, il faut se frayer un chemin face à des pilotes très rapides, et surtout, au niveau plus homogène que jamais. Clairement, tous ceux qui ont suivi sa carrière de bout en bout savent que c’est l’un des meilleurs dans le trafic, mais c’était particulièrement flagrant ici.

Ensuite, la gestion. Installé derrière Pecco Bagnaia, il devait gérer la pression de ses gommes mais aussi l’état de la piste tout en préparant son attaque. Il eut la confiance d’attendre le dernier tour pour tenter, à l’expérience, un dépassement dans le changement d’angle de Maggots-Becketts, l’un des plus mythiques en sports mécaniques.

Ici, plusieurs trajectoires sont possibles mais une fois que vous ratez celle que vous aviez initialement choisi, votre tour est ruiné. Aleix Espargaró prit soin de tasser Pecco Bagnaia (champion du monde en titre et l’un des meilleurs en duel) à l’entrée de Maggots, pour le forcer à ralentir davantage dans Becketts. À la sortie de Chapel, l’ultime virage du complexe, il y avait jeu, set et match.

 

 

Il est difficile de reprendre son vis-à-vis dans Stowe, le virage au bout de Hangar Straight, car il faut conserver beaucoup de vitesse – demandez à Marco Bezzecchi. Reste la chicane « Club », et c’est terminé. Théoriquement, il est possible de tenter le blockpass ici dans la position de Bagnaia mais c’est tout de même dangereux, et pas sûr de fonctionner. Étant donné que c’est un pif-paf et non une épingle, plonger à l’intérieur signifie tout perdre en sortie, alors Aleix Espargaró, mieux placé à l’extérieur dans ce cas précis, aurait eu l’avantage dans la légère courbe à droite qui termine le tour. À ce moment de la saison, Pecco n’aurait eu aucun intérêt à tenter une manœuvre si hasardeuse. L’exécution était parfaite et c’est rare de voir cela, même au plus haut niveau mondial.

 

Aleix Espargaró MotoGP

Passione Italia. Photo : Michelin Motorsport

 

Le titre n’était pas trompeur : Aleix Espargaró est l’un des plus grands de tous les temps

 

Prenons cinq minutes pour réfléchir à la place d’Aleix Espargaró dans l’histoire. À vrai dire, nous avons déjà beaucoup écrit sur ce sujet, notamment dans un article que vous pouvez retrouver en cliquant ici. Notez qu’il n’avait pas encore gagné la moindre course quand il fut publié.

Car c’est exactement ce dont il est question : Même si l’on enlève ses succès, c’est un pilote qui marque, avec de nombreuses références. Aragón 2014, entre autres, et désormais, Silverstone 2022. En tout, on en compte au moins cinq, que peu peuvent se targuer d’avoir. À coup sûr, il restera l’incarnation de l’épopée Aprilia en MotoGP, sans aucune contestation possible. Oui, il est vocal, et on l’entend se plaindre, mais remarquez que c’est très souvent dans le sens des pilotes.

Au-delà de sa grande image, il faut ajouter la longévité à son dossier. Aleix Espargaró est le sixième pilote avec le plus de départs en Grands Prix derrière Thomas Lüthi, Simone Corsi, Loris Capirossi, Andrea Dovizioso et Valentino Rossi. Qui, dans cette liste, était plus fort qu’Aleix après 300 départs ? Valentino Rossi en 2014 ? Pas sûr. Andrea Dovizioso en 2019 ? Pas plus. Rossi a certainement été meilleur en 2015, et 2017 se discute. Dans le cas de « DesmoDovi », il y a match en raison de sa place de vice-champion, mais il faut prendre en compte le matériel dont bénéficiait l’Italien. Rappelons que Dovizioso termine avec le même nombre de victoires qu’Álex Rins sur Suzuki. Ici, Aleix chevauche la troisième meilleure machine du plateau, et réussit une performance énorme, supérieure, selon nous et pour tenir la comparaison, à ce dépassement un peu miraculeux de Dovizioso sur Márquez dans le dernier virage au Red Bull Ring.

Bien sûr, on dispute davantage de courses de nos jours, mais le sport est bien plus physique également. En clair, nous ne sommes pas loin d’affirmer qu’Aleix Espargaró a l’une des meilleures longévités de l’histoire de notre sport, ni plus, ni moins, ajouté au reste. Son talent, sa grinta, sa vitesse intrinsèque, son QI course, sa capacité d’adaptation (la meilleure de tous les temps ? Le débat existe, Mamola, Lawson et Fogarty ont leur mot à dire) et bien d’autres paramètres sur lesquels nous sommes revenus en long, en large et en travers dans d’autres articles.

Ce n’est que notre avis, mais il faut sérieusement prendre en considération l’héritage d’Aleix Espargaró, et simplement apprécier un pilote grandiose, capable de coups de génie. Il est vrai que les prochaines pistes risquent d’être moins adaptées à sa monture, mais malgré tout, sa place est déjà cimentée quoi qu’il se passe jusqu’à sa retraite.

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Ce n’est pas pour être blasphématoire, mais Fabio Quartararo a-t-il fait une course aussi parfaite que celle d’Aleix à Silverstone ? Les commentaires sont ouverts. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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