Marc Marquez a dominé le Grand Prix de Thaïlande, personne ne peut contredire ce constat ; pour autant, Marco Bezzecchi aura peut-être son mot à dire en Argentine. Alors qu’il n’a disputé qu’une seule course avec l’Aprilia RS-GP, je crois en l’Italien, d’autant plus que les conditions semblent réunies pour qu’il fasse un grand week-end. Je vais tenter de vous convaincre à travers plusieurs points.
La bonne moto
Quand un circuit sied à une moto, c’est plus facile, comme quand un tracé correspond au pilote. Et quand les deux facteurs sont réunis, ça peut faire mouche. Premièrement, la moto. L’Aprilia RS-GP25, l’une des meilleures MotoGP actuelles, est bien née. En Thaïlande, sur un circuit qui ne lui a jamais souri, Ai Ogura et Marco Bezzecchi se sont illustrés. C’est déjà un bon point : Bezzecchi s’est donc adapté à cette machine, dont il assume seul le développement jusqu’au retour de Martin.

Le week-end de Bezzecchi a été compromis par un mauvais départ en Sprint, mais il était compétitif. Photo : Michelin Motorsport
Si nous n’avons pas été en Argentine lors de la saison 2024, Termas de Rio Hondo a souvent souri à la moto de Noale. C’est ici, souvenez-vous, qu’Aleix Espargaro avait imposé l’Aprilia pour la première fois en 2022. Il avait d’ailleurs réalisé un magnifique hat-trick qui comprenait la victoire, donc, mais également la pole position et le meilleur tour en course. Certes, cela fait maintenant trois ans, mais au vu de la performance à Buriram, où Maverick Vinales n’avait jamais fait mieux que septième en course pour le compte d’Aprilia, c’est encourageant.
Domination
Puis vient le pilote. En 2023, pour la dernière représentation du MotoGP à Termas de Rio Hondo en date, Marco Bezzecchi s’était imposé. Et pas de n’importe quelle manière, s’il vous plaît. Il s’était qualifié deuxième derrière Alex Marquez, avait terminé deuxième en Sprint derrière un infernal Brad Binder, et, le dimanche, sous une pluie battante, avait annihilé la concurrence pour s’offrir sa première victoire en MotoGP. Johann Zarco, deuxième, pointait à quatre secondes derrière. Une véritable démonstration.
Pour l’instant, la pluie n’est pas au programme, mais nul doute que Bezzecchi a une affinité avec ce tracé, où il a déjà gagné en 2018 lorsqu’il courait en Moto3. Il s’agissait de sa première victoire en carrière ; ne décelez-vous pas un pattern ? Le « Bez » est plutôt à l’aise sur les circuits plats, où pullulent les grandes courbes, les freinages longs, les changements d’angles lents. Comme Silverstone ou Assen, Termas de Rio Hondo est fait pour lui.
Le circuit préféré de personne
Un autre élément pourrait aider Bezzecchi : je ne vois pas d’autre pilote nettement plus à l’aise que lui sur ce circuit. Bien évidemment, le principal favori reste Marc Marquez ; je ne me risquerais pas à parier sur un autre pilote. Mais l’octuple Champion du monde a connu son lot de déconvenues en Argentine : depuis 2014, soit l’introduction du circuit au calendrier, c’est soit il gagne (2014, 2016 et 2019), soit il abandonne, et parfois pas de la plus joyeuse des manières. Ce n’est pas comme si c’était le COTA d’Austin, ou le Mugello pour Bagnaia.

Bezzecchi, cavalier solitaire d’Aprilia, peut profiter d’un contexte étrangement favorable. Photo : Michelin Motorsport
Bagnaia, d’ailleurs, parlons-en. Lui aussi peut toujours gagner, il devrait jouer devant. Mais il n’a jamais connu la victoire sur le sol argentin : au contraire, de nombreuses désillusions, comme cette chute depuis la deuxième place en 2023. Alex Marquez a les capacités pour y briller, même si lui non plus n’est jamais monté sur la plus haute marche de ce podium, malgré ses deux titres mondiaux en 2014 et 2019.
Je ne dis pas que les Marquez et Bagnaia seront à la ramasse, car les Demosedici sont rapides partout. Juste, qu’il s’agit, sur le papier, de l’une des meilleures chances de Bezzecchi cette année… et ce n’est pas fini !
Un contexte favorable
Peut-être le point le plus important de cette analyse. Depuis la sixième place du général, Bezzecchi ne paye pas de mine. Mais le contexte peut favoriser l’exploit, car la hiérarchie n’est pas encore clairement établie. Aprilia a tendance à perdre en performance sur la dernière moitié de saison ; coup de chance, l’Argentine arrive au début, période où l’on a déjà vu la RS-GP rivaliser avec les Ducati (2022 et 2024 sont de bons exemples).
Ensuite, d’autres grands noms sont absents ou blessés. Ai Ogura est encore un rookie, difficile de dire s’il pourra réitérer l’exploit d’il y a quinze jours. Jorge Martin, son coéquipier champion en titre, sera devant sa télé. Fabio Di Giannantonio, possesseur de la seule GP25 non officielle cette saison, est encore convalescent : nous avons pu constater que la blessure était grave en Thaïlande. Ce n’est pas tout. KTM a subi une dégradation pneumatique très importante tout au long du week-end d’ouverture. La performance des Autrichiens n’était pas comparable à celle des Aprilia sur un circuit qui, historiquement, lui était plus favorable. Yamaha, dont on annonce le retour depuis longtemps, s’est troué à Buriram : rien n’indique que la situation s’améliore en Argentine. Pour Honda, sur la pente ascendante, même constat : Zarco était rapide, oui, mais loin de la tête de course.
Conclusion
Pour toutes les raisons exposées ci-dessus, je pense que Bezzecchi peut frapper fort. Sa nouvelle mission lui plaît : il a l’air déterminé, prêt à faire passer un cap à Aprilia, et l’absence du « Martinator » a sans doute son côté bénéfique. Ne pariez pas vos économies sur lui non plus, car l’Italien a ses défauts. Vitesse sur un tour, propension à chuter, et mauvaise dynamique depuis début 2024. Simplement, jetez-y un œil et ne soyez pas étonné s’il casse la baraque.
Pensez-vous, comme moi, qu’il peut être la surprise de ce début d’année ? Dites-le-moi en commentaires !

Le « Bez », très charismatique, serait-il enfin de retour ? Photo : Michelin Motorsport
Photo de couverture : Michelin Motorsport