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L’histoire de Jacques Collot est à peine croyable. Entre résistance face à l’envahisseur allemand, spéléologie, archéologie et bien sûr, sports motos, le pilote vésulien eut une vie bien remplie. Hier, nous sommes revenus sur ses premières années, avant de se quitter sur la tragique catastrophe de Blamont. Vous pouvez retrouver cette partie en cliquant sur cette phrase en surbrillance.

Après ce triste 11 novembre 1950, Jacques retourne sur les circuits, plus déterminé qu’auparavant. Il est l’un des principaux animateurs du championnat de France, et court en 350cc comme en 500cc. Ses saisons 1950 et 1951 sont riches en victoires, dont une au mythique Circuit des Remparts à Angoulême, en catégorie reine. En 1952, alors âgé de 29 ans, il s’implique encore davantage. Grâce à une saison pleine, il devient champion de France Inters 500cc, son premier titre, exploit qu’il réitère en 1953, puis 1954.

La campagne 1955 démarre de la meilleure des manières, avec cinq top trois consécutifs. Au Grand Prix de Gênes, en Italie, il livre une prestation historique. Sur la grille, les officiels Gilera et MV Agusta, rien que ça. Libero Liberati, futur champion du monde 500cc, est de la partie. Dès le départ, il se transcende. Contre toute attente, il est en train de jouer la gagne avec une Norton bien inférieure. Les Italiennes repassent dans les lignes droites, mais les acrobaties de Collot dans le sinueux lui permettent de rester au contact. Devant un public estomaqué, le show Collot n’en finit plus.

 

Photo : Pascal Collot


Il freine bien plus tard que tout le monde afin d’effacer son déficit de vitesse de pointe, qui s’élève tout de même à 20 km/h. Aussi incroyable que cela puisse paraître, Jacques vient à bout des Italiens, chez eux. Les organisateurs fulminent, et tardent à publier les résultats officiels. Alors que le Franc-Comtois arrose généreusement sa victoire, les locaux inspectent sa moto à la recherche de la moindre faille. Ces contrôles se poursuivent jusque dans la nuit ! Une situation irrespectueuse, mais pas autant que le verdict final.

Trop fiers, il décident de remettre la coupe au premier Italien ! Face à cette injustice, Jacques s’en va trouver les responsables, et leur inflige un camouflet dont seuls les français ont le secret ; « vos corridors, c’est des rigolados » (vos coureurs, c’est des rigolos) invective-t-il au directeur de Gilera, avec cet « italien hispanisant » approximatif selon ses propres dires. D’après Jacques lui même, le message a bien été reçu… Assurément la plus belle victoire française sur l’Italie depuis la bataille de Menton en 1940.

Si l’âge commence à se faire sentir, son niveau ne baisse pas, bien au contraire. Il enfile les championnats de France comme des perles, en 350cc comme en 500cc. Malheureusement, nous ne le vîmes jamais au plus haut niveau ; bien qu’il fut appelé « championnat du monde », il faut entendre qu’à l’époque, cela n’était qu’un championnat d’Europe et nul doute que Collot aurait pu faire partie de l’élite à machines égales. Ce n’est qu’après la fin de saison 1958 qu’il lève le pied, à la suite d’un doublé. Au début des années 1960, il stoppe définitivement son activité de pilote. Le blond aux yeux bleus nous a quitté en 2003, à 80 ans, dans le village de Neurey-Lès-La-Demie, à côté de Vesoul.

Aujourd’hui méconnu, Collot est tout simplement l’un de nos plus beaux héros. La grandeur ne s’arrête pas au palmarès, et dans son cas, elle dépasse le simple cadre du sport. Un bon pilote, oui, mais un homme encore meilleur qui rendit fier toute une région. Nous devons aussi rendre hommage à sa famille, qui mit tout en œuvre pour faire connaître sa légende. Cela témoigne d’un grand respect de l’histoire.

 

Collot en scaphandre, au Frais-Puits de Quincey en 1946. Photo : Gilbert Kolb


Dites-nous ce que vous avez pensé de cette grande rétrospective en commentaires ! Retrouvez la deuxième partie dès à présent en cliquant sur cette phrase en surbrillance. 

Photo de couverture : Manx70