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C’est fini : Suzuki quitte le monde des Grands Prix. Voici l’occasion de revenir sur les grandes dates du projet depuis le retour de la firme d’Hamamatsu en 2015. Au cours de ses huit années d’exploitation, la GSX-RR a connu de nombreux succès, des grands moments suspendus dans le temps. Vous pouvez trouver l’épisode d’hier en cliquant sur cette phrase en surbrillance. Aujourd’hui, penchons-nous sur un autre épisode doré de cette épopée : Le Grand Prix de Grande-Bretagne 2016.

La saison 2016 est historique à bien des égards. En effet, comme certains journalistes le prévoyaient à l’époque, l’électronique standardisée fut la modification du règlement la plus importante depuis le passage du deux au quatre-temps. Nous avons déjà longuement évoqué cette réforme majeure – ses avantages et surtout ses inconvénients – mais pour faire simple, désormais, tout le monde à sa chance. L’hégémonie des équipes d’usine prit fin, avec, en plus, l’apparition d’un nouveau manufacturier pneumatique unique, à savoir Michelin. Le modèle est plus uniformisé que jamais : Une aubaine pour Suzuki.

Si la saison 2015 avait plutôt bien commencée pour le « nouveau » constructeur, avec notamment un doublé en qualifications à Barcelone, le reste de l’année fut particulièrement frustrant. Oui, Aleix Espargaró et Maverick Viñales arrivaient à briller par moments, de par leurs profils très offensifs. Mais globalement, on ne remarque aucune progression effective après cette course en Catalogne. Aleix, comme souvent, a battu son coéquipier, mais les deux échouèrent aux 11e et 12e places. Un résultat encourageant, mais assez frustrant dans l’absolu.

 

Le Maverick était lâché. Photo : Michelin Motorsport

 

Une fois la campagne 2016 lancée, le changement fut immédiat. La GSX-RR fut tout de suite plus compétitive, le nouveau règlement permettant aux équipes du peloton de se rapprocher considérablement de la gagne. Une dynamique émergea peu à peu : Maverick devançait régulièrement Aleix. Dès lors, le champion du monde Moto3 2013 prit les devants. Cela n’était pas tant surprenant au vu de son immense talent que l’on avait pu observer dans les catégories inférieures.

Au fur et à mesure, le podium se rapprochait. D’une belle quatrième place aux USA, sur un circuit d’Austin peu favorable au quatre cylindres en ligne, Maverick enchaîna avec une sixième place à Jerez. Au Mans, sur un tracé qu’il affectionnait particulièrement, Viñales perturba la hiérarchie. Il engrangea son premier podium en catégorie reine. Le Grand Prix de France marqua aussi un tournant historique pour la discipline. À partir de ce moment, neuf pilotes différents ont remporté les neuf courses suivantes. Un record qui tient toujours.

En Italie, Jorge Lorenzo nous gratifia d’un immense exploit. Puis, Rossi s’imposa en Catalogne. Contre toute attente, Jack Miller prit le meilleur du plateau à Assen. Devant toutes ces surprises, on se doutait que la victoire n’était plus qu’une question de temps pour le prodige Viñales. Finalement, l’opportunité tarda à arriver. Après trois autres victoires de Marc Márquez, Andrea Iannone et Cal Crutchlow vint le Grand Prix de Grande-Bretagne.

Le tracé est très favorable à la Suzuki : Il récompense la stabilité, la vitesse de passage en courbe et le pilotage coulé. Soit toutes les cartes que « Top Gun » possède dans son jeu. Dès les qualifications, il s’illustre en terminant troisième. Attention : Dans cette folle saison, les places sur la grille ne reflétaient plus autant le niveau de performance de chaque pilote. Cal Crutchlow, fort d’une victoire à Brno, s’élance depuis la pole position, l’immuable Valentino Rossi est deuxième.

Voilà l’extinction des feux. Incroyable : Maverick bondit depuis sa place, et, en quelques mètres, se retrouve premier ! Il mène la charge dans l’enfilade Maggotts – Becketts – Chapel et s’apprête à souder dans la ligne droite de Hangar Straight. Mais à l’arrière du peloton, les esprits s’échauffent. Loris Baz et Pol Espargaró se télescopent. Immédiatement, le drapeau rouge est brandi.

 

Grande performance. Photo : Michelin Motorsport

 

Tout est à refaire. Lors du second départ, les vieux briscards que son Cal et Vale’ ne se font pas avoir une deuxième fois par le jeune loup. Viñales pointe troisième, en embuscade. En réalité, le suspens est de courte durée. Maverick, sur les phases de freinage, se joue littéralement de ses adversaires. Il est sur une autre planète. Même Márquez, passé deuxième, ne peut ramarrer son compatriote. Si la réalisation internationale se penche sur la bataille pour le podium, au bout de quelques tours, Maverick se dirige inéluctablement vers sa première victoire en MotoGP. À l’arrivée, il colle près de 3,5’’ à Crutchlow, deuxième. Rossi échoue à la troisième place après une bagarre d’anthologie.

Cette course et cette saison furent primordiales pour Suzuki. Outre le succès de la firme d’Hamamatsu, ce fut la révélation de Viñales, depuis longtemps pressenti chez Yamaha en lieu et place de Jorge Lorenzo. De l’autre côté du spectre, la méforme de Aleix Espargaró se fit remarquer. Du point de vue de la dynamique, il réalisa sans doute sa pire saison en MotoGP. C’était sur lui que Suzuki avait misé, alors qu’il était dans la force de l’âge. Pourtant, au soir de Valence, il était bien le seul pilote officiel sans victoire et sans podium de la campagne.

Viñales, fort d’une régularité étonnante et de deux autres podiums acquis plus tard, conclut la saison en 4e place. Aleix termina de nouveau 11e, mais avec une moyenne de points inférieure à 2015, alors que la machine était bien plus compétitive.

Toujours est-il que cette course de Silverstone fait assurément partie des cinq plus grands moments de Suzuki sur leur programme 2015-2022. Voyiez-vous un futur champion du monde en Maverick Viñales ? Dites-le nous en commentaires !

 

Inversion des rôles. Photo : Michelin Motorsport

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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