La Sunday Ride, qui se déroulera le week-end du 18/19 mai sur le circuit Paul Ricard, permet quasiment tout à un passionné de motos de vitesse: voir un millier de motos de course, éventuellement les toucher et parler à leur propriétaires, côtoyer et converser avec des pilotes de haut niveau, des champions, et même d’illustres champions du monde. Ça, vous le savez déjà…

Mais quand parmi ces derniers vous avez accès un l’un d’entre eux qui a été titré dans des disciplines aussi différentes que le Cross, le Supermotard, le Supersport et l’Endurance, un peu à la manière des pilotes américains de la bonne époque, vous ne pouvez que saisir l’occasion de lui poser quelques questions pour essayer de comprendre de quelle bonne matière l’homme est constitué.

C’est évidemment ce que nous avons fait avec Stéphane Chambon, qui nous a très gentiment répondu avec son accent du midi. Merci à lui !

Stéphane Chambon, c’est :
– Champion de France de Motocross 250 (1988)
– 5 fois champion de France de Supermotard (1989, 1990, 1992, 1993 et 1994)
– Champion de France Supersport & Superbike (1996)
– Champion du monde Supersport (1999)
– Vainqueur des 24 Heures du Mans en 2004
– 4 victoires au Guidon d’Or


Vous avez un palmarès très brillant dans 2 disciplines complètement différentes quand même. Faut-il des qualités différentes pour y briller, ou celles nécessaires dans l’une sont également utiles dans l’autre ? Stéphane Chambon : « Evidemment en vitesse ça va quand même beaucoup plus vite qu’en Supermotard et les deux catégories sont complètement différentes bien sûr, mais on va dire que ce qui m’a apporté à la  vitesse, c’est toujours d’être sur le fil de la glisse au niveau du Supermotard. En vitesse, ça glisse beaucoup moins. ça glisse facilement au freinage bien sûr, mais après, à l’accélération, c’est tout bon car les 600, ce n’était pas vraiment très puissant. En Supermotard , il y a aussi beaucoup de bagarres, très proches les uns des autres pilotes. En vitesse aussi, mais bon, 100 km/h plus vite, donc avec plus de marge.
Donc non, c’est surtout, je dirais, la glisse, maîtriser la glisse en Supermotard, ça apporte un peu de de sécurité en vitesse, parce qu’avec la moto de Supermotard on peut se permettre d’arriver vite et de glisser dans un virage, et si l’avant un petit peu, avec le pied, on se rattrape, parce que ça va beaucoup moins vite qu’une moto de vitesse.” 

Oui, ça on le fait pas trop, de mettre le pied pour se rattraper en vitesse (rires)… 
“Non, mais ça peut arriver de glisser de l’avant légèrement, et puis de légères dérives de l’arrière quand on est vraiment à l’attaque sur un tour chrono. A ce moment-là, on est quand même sur le fil  du rasoir avec une moto de vitesse. Donc là, du coup, le Supermotard sert un petit peu, quoi.” 

Vos meilleurs souvenirs viennent du Supermotard ou de la vitesse ? 
“Ah… J’en ai dans les deux disciplines différentes. Se battre avec des Koinski et des Jean-Michel Bayle en Supermotard, et avoir eu des victoires et un Guidon d’or face à ces pilotes-là, ça a été un bonheur fou. Et puis en vitesse, ben oui, d’être champion du monde déjà, mais surtout de gagner des grands prix et des manches, parce que nous à l’époque on n’avait qu’une manche alors que maintenant ils en ont deux en Supersport mondial.
Mais je dirais que j’ai d’aussi bons souvenirs et que les sensations de la victoire sont les mêmes, que ce soit en Supermotard ou en vitesse. En fait, je pense que c’est surtout que du moment où il y a une belle bagarre avec un autre pilote, et qu’à la sortie il y la victoire, c’est aussi bon en Supermotard et en vitesse (rires.” 

Aujourd’hui, Stéphane Chambon suit quoi comme compétition, en tant que passionné ?
“Et bien, le problème du Supermotard, c’est à part peut-être des sites internet où on doit trouver les courses, c’est beaucoup plus facile de suivre le Superbike, le Supersport et le MotoGP à la télé que que le Supermotard, malheureusement. Donc aujourd’hui je m’intéresse plus à regarder les courses de vitesse en général, Supersport, Superbike et MotoGP, que le Supermotard. Et le Supermotard, ça a quand même bien changé par rapport à mon époque où il y avait beaucoup de glisses, de dérives au freinage, à l’accélération. Aujourd’hui, les motos ont progressé, les pneus ont progressé, et puis je pense qu’ils cherchent plus l’efficacité que nous à l’époque. Bon, on arrivait à aller très vite en glissant aussi, hein, mais voilà, ça a beaucoup changé et c’est beaucoup moins spectaculaire à voir qu’à notre époque, donc je suis un peu moins le Supermotard. » 

Alors vous allez être présent pour la première fois à la SRC. Qu’est-ce que vous en attendez ?
« Surtout de passer un bon weekend avec le public et les autres pilotes invités, Christian Sarron, Giacomo Agostini, Didier de Radigues que je connais un petit peu. Et après, je sais qu’il y a une parade (pour l’anniversaire de la belle Ducati 916), et Jean-Pierre (Bonato) m’a dit que c’était doucement, pas besoin d’aller très vite. Voilà, partager le weekend avec tout ce beau monde, que ce soit les autres pilotes ou le public. Après, par contre, je sais que je ne vais pas faire de courses, car j’ai quand même bien donné dans ma carrière. Avant le Supermotard, il y a eu quand même le Motocross et le Supercross, donc j’ai un genou très fatigué et plus de disques dans le dos. J’ai aussi un problème à l’avant-bras droit et dès que je fais 2 ou 3 tours d’un circuit, ça le me gêne pour désaccélérer et freiner. Donc du coup, je ne ferai pas les courses, ça c’est sûr. Je m’amuserai pas à jouer avec le feu et de toute façon je n’ai plus de cuir, plus de bottes de vitesse. J’ai un peu donné tout ça à mon neveu (Matéo Pédeneau) quand il a commencé et il m’a tout usé (rires), et je n’ai surtout pas envie d’aller mettre une moto qu’on m’a prêtée par terre, ni de me blesser. Donc j’y vais juste pour passer un bon weekend en dilettante avec tout ce beau monde et voir beaucoup de belles motos de course anciennes.” 

Merci à Stéphane Chambon que nous aurons plaisir à rencontrer à la Sunday Ride Classsic, le week-end après le Grand prix de France.

Crédit photo ouverture : Etienne Maurin


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