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Ce week-end, une des mille facettes de la Sunday Ride Classic 2022 sera constituée par une exposition assez exceptionnelle d’une quarantaine de motos françaises de compétition de vitesse, rassemblées au Paul Ricard par Yves Kerlo.

Mais pour les plus jeunes d’entre nous, le patronyme d’Yves Kerlo n’évoque sans doute le touche-à-tout qui a fait le bonheur de dizaines de pilotes de vitesse durant un demi-siècle, aussi lui avons-nous demandé de se présenter.

Yves Kerlo : « J’ai bientôt 70 ans et ça fait un demi-siècle que j’évolue dans le milieu de la moto de compétition, essentiellement dans l’atelier et un pue sur circuit. Pour l’anecdote, il y a exactement 50 ans, au mois de mai 1972, je participais à une de mes premières courses et je gagnais l’épreuve de 125 nationale à Pau.

Mon parcours de pilote fut néanmoins bref et je me suis rapidement orienté vers la préparation des motos de compétition, dès 1975, en fabriquant essentiellement des pots de détente, des cadres et du polyester pour une multitude pilotes. Au début des années 90, une transformation importante s’opère avec la création d’une société, KYF, Kerlo Yves Fabrication, pour faire un emprunt à la banque afin de pouvoir faire des courses d’endurance pour Bihr, avec qui nous avons gagné les 24 heures du Mans 1991, avec Rachel Nicotte, Philippe Monneret et Bruno Bonhuil comme pilotes. Cela nous a également permis, pour des raisons plus terre à terre, de faire pendant huit ans la sous-traitance du montage des pneus en Grand Prix pour Michelin, de 1990 à 1998.

A cette période nous étions passés de l’artisan tout seul dans son atelier à une quinzaine de salariés, la plus grosse partie étant dédiée à Michelin pendant la saison de courses, mais on a toujours fait énormément de prototypes à l’atelier, essentiellement autour de la moto mais aussi parfois des choses plus insolites, comme la ligne départ du tour de France cycliste, des armures pour le théâtre ou des véhicules électriques filoguidés pour la ligne Maginot. Mais dans tous les cas, c’était toujours le monde de la moto qui me mettait en contact pour ces projets, car la compétition moto apporte toujours une certaine crédibilité. »

Restauration de la BIHR FINACOR de 1991, photo Bruno Des Gayets

C’est cette crédibilité qui vous a permis aujourd’hui d’être la cheville ouvrière de l’extraordinaire exposition des motos françaises de Grand Prix qui sera exposée sur le circuit Paul Ricard les 11 et 12 juin prochain ?

« Tour à fait ! Je suis très ami avec Jean-Pierre Bonato (l’organisateur de la Sunday Ride Classic) depuis une trentaine d’années et j’avais déjà fait une petite exposition de motos de course françaises il y a 5 ou 6 ans, mais ça restait relativement discret. Il y a 2 ans, pendant la période de la covid, je lui ai proposé d’y réfléchir de manière un peu plus musclée, et Jean-Pierre a très rapidement adhéré à cette idée, c’est à dire à réunir le plus possible de motos de cours e françaises. Même s’il y en a assez peu avec des moteurs français, il y a énormément de prototypes avec des parties-cycles originales et il a fallu faire une sélection des modèles les plus emblématiques et les plus intéressants. Comme, bien qu’administrativement retraité depuis 7 ans, je continue à faire des restaurations, parfois de manière associative, parfois de façon plus professionnelle comme pour le musée de d’Hockenheim, je sais où sont les motos et cela m’a permis de réunir cet échantillon. »

Faites-nous saliver un peu et parlez-nous un peu de cet échantillon…

« Le cahier des charges était de ne mettre que des motos de vitesse mais c’est vrai qu’il y a des choses originales, qu’on ne voit pas souvent, comme une ELF X, qui est le tout premier modèle avec un moteur de TZ 750 utilisé par Michel Rougerie. Il y aura aussi une BUT 350 utilisée de manière très épisodique par Olivier Chevallier entre 1978 et 1979, une 500 Fior à moteur Honda RS utilisée par Marco Gentile par la saison de Grand Prix 1986.
Il y aura aussi beaucoup de motos intéressantes, donc 5 Chevallier, 5 Fior, une deuxième BUT, une KYF 77 pour que je me fasse plaisir, une Sambiase, une Droulhiole, 3 Nougier qui sont les plus anciennes de l’exposition. »

Une anecdote, concernant la préparation de cette exposition ?

«  Je trouvais qu’il était très important qu’il y ait une ELF, car c’est un sujet qu ia été très important et très médiatisé. Mais trouver une ELF de vitesse, ce n’est pas simple ! Il n’y en a quand même pas eu des quantités industrielles et sont pour certaines reparties au Japon chez Honda et pour d’autres au musée d’Hockenheim, et donc pas faciles à emprunter. Non pas qu’ils ne veulent pas, mais c’est loin et cela pose des problèmes de logistique. Il y en a aussi au musée de Lohéac en Bretagne, soit à 1000 kilomètres du Paul Ricard, donc 2000 kilomètres pour aller les chercher puis 2000 pour les rapporter. Mais j’ai fini par en trouver une par rebond : à ma connaissance ,la dernière qui restait appartenait à André de Cortanze qui a pris sa retraite à Bandol et il l’a vendue l’automne dernier. Mais en tirant sur le fil, par l’intermédiaire de Jean-François Baldé, j’ai fini par la retrouver… au Castellet, chez un professionnel de la voiture de course de collection ! Et il nous la prête très très gentiment.

Une question grand public qui pourrait intéresser ceux qui envisageraient de se lancer dans l’acquisition d’une moto de course de collection : c’est difficile à faire rouler ? On trouve encore les pièces ?

« Oui, en connaissant une bonne partie des acteurs du secteur, une liste qui diminue quand même progressivement, on trouve beaucoup de pièces comme les freins, les pneus ou les pièces moteur. Après, ce qu’on ne retrouve pas, c’est exactement mon domaine de compétence de reconstruire. Par exemple pour la BUT, j’ai reconstruit le carénage à partir de photos et j’ai reconstruit les échappements pour que la moto soit le plus conforme possible. Tout est possible mais il faut être très patient pour restaurer une moto. Non pas qu’il y ait un an de travail mais souvent ça s’étale sur un an, avec des grands blancs où on attend une pièce qu’on nous promet avoir trouvée et qu’on ne reçoit pas, ou alors c’est une pièce qu iest presque la bonne mais qu’il faut modifier, etc.
Donc présenter des motos de course, ce n’est pas très compliquée, car c’est essentiellement de la cosmétique, mais les faire rouler est quand même plus complexe. Entre une moto qui est sur sa béquille, jolie et conforme à son authenticité, et une moto qui roule, il faut que les freins soient en excellent état, tout comme les pneus, les roues, les pièces en fonderie de magnésium, le moteur, l’embrayage, la transmission, et là on grimpe d’un cran, pas forcément complexe car ça reste une moto avec deux roues ,des freins, des pistons, mais en excluant de prendre le moindre embryon de risques pour le pilote qui va s’asseoir dessus et prendre le guidon.
A la SRC, l’exposition des motos françaises de vitesse sera statique, avant tout parce que cela aurait demandé un travail énorme de les faire rouler, et aussi parce qu’il y aura déjà des centaines de motos de courses qui prendront la piste ce week-end. »

Liste prévisionnelle:

1/ 250 Chevallier Pernod
2/ 250 JBB Aermacchi
3/ 250 JBB V2
4/ 250 Chevallier Rougerie
5/ 500 Chevallier
6/ 250 Pernod
7/ 350 But
8/ 500 Fior
9/ 250 Germain Choukroun
10/ 250 Nougier
11/ Luciole
12/ 50 Scrab Plisson
13/ 125 Motobécane KYF
14/ 250 JBB Bolle
15/ 50 2L
16/ 250 Beko Lang
17/ 125 ABF
18/ 250 Chevallier
19/ 250 Fior Rotax
20/ 250 TZ Ducombs Igoa
22/ 125 Motobécane C
23/ 350 Motobécane Balloche
24/ 350 Motobécane
25/ 350 Droulliole Bouzanneµ
26/ 50 Nougier double arbre
27/ 350 Nougier 4 cylindres
28/ 250 Pernod
29/ 350 But  ???
30/ 250 Sambiase
31/ ELF « X »
32/ Moto2 Mistral
33/ Moto2 Transfiormer
34/ 250 Défi
35/ 500 Fior 1987
36/ 50 ABF coque ???
37/ 50 ABF Tubes
39/ 125 Motobécane Philips Bolle ???

3 ou 4 restent incertaines

C’est unique, c’est à la SRC à partir de demain, et il faudra bien en profiter !

11 / 12 Juin 2022 Circuit Paul Ricard

Vu à la SRC :