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Après avoir été sacré Champion du Monde d’endurance en 2016 avec R2CL sur Suzuki et le GMT94 sur Yamaha, et gagné deux courses en Superstock 1000 à Misano et Magny-Cours, tu es devenu le deuxième pilote français à remporter le titre mondial dans deux catégories différentes* quand tu t’imposais en 2017 en Supersport sur une R6 du GRT Yamaha Official WorldSSP Team avec 190 points. Tu réalisais presque le même total en 2018 avec 185 points, en remportant deux victoires (Portugal et Qatar), soit autant qu’en 2017 (Aragon et Qatar) mais Sandro Cortese te subtilisait le titre.

*Le premier étant Raymond Roche, Champion du monde en endurance en 1981 et en Superbike en 1990.

Tu créais ensuite la surprise en annonçant ton passage pour 2019 au sein de l’équipe de Manuel Puccetti, sur une Kawasaki. Pourquoi avoir choisi la ZX-6R alors que la Yamaha semble difficile à battre ?

« Je voulais monter avec Yamaha en Superbike mais tout ne s’est pas passé comme je le voulais. La proposition ne me convenait pas sur de nombreux points techniques et financiers, donc pour moi il était hors de question de monter dans ces conditions-là. On n’a pas réussi à trouver d’accord.

« Je savais qu’il restait éventuellement la Kawasaki en Supersport. Je ne voulais surtout pas quitter un team officiel, parce qu’il y en a de moins en moins. Pour moi, être officiel d’une marque est vraiment un avantage. Et des teams officiels, il n’en restait pas des milliers puisqu’après Yamaha il n’y avait plus que Kawasaki.

« J’avais un bon retour du team et je pense que c’est aussi une belle histoire : Je me suis battu avec Sofuoglu pour un titre, je l’ai battu en 2017, et passer dans l’équipe pour laquelle il courait est la suite d’une belle aventure. »

Kawasaki domine nettement depuis 4 ans le Championnat du Monde Superbike. Penses-tu que ça les motive pour gagner également en Supersport, ou que ça risque de disperser leurs efforts ?

« Non, c’est vraiment l’inverse, au contraire. Ça fait partie des raisons aussi pour lesquelles j’ai signé chez eux. Ils ont la volonté de gagner le Championnat. Contrairement aux autres marques, elle n’est pas présente en MotoGP. Elle court uniquement en Superbike et en motocross. Donc pour moi ce n’est que du positif.

« L’année dernière ils ont gagné le Superbike et le SSP 300, raté le 600, donc il y a une véritable volonté de Kawasaki de regagner ce Championnat. C’est vraiment une des raisons qui a pesé dans la balance pour ma signature chez eux. »

La Kawasaki ZX-6R modèle 2019 est une 636 cm3 (67 x 45,1 mm), donc à priori c’est le modèle utilisé en 2018 (officiellement nommée « ZX 600 R F ») qui devrait bénéficier d’une prolongation d’homologation d’un an et courir la saison prochaine. N’y a-t-il pas de nouveau modèle en 600 prévu pour la compétition ?

«  Non, malheureusement la nouvelle est encore une 636, donc on utilisera l’ancienne version. Dans les projets, je sais qu’en 2020 il est question de faire courir la 636 en Supersport. Donc pour l’année prochaine ce sera encore l’ancien modèle, est-ce que ce sera bien ou non, je ne sais pas.

« Ce qui est sûr, c’est qu’il n’y aura pas de mauvaise surprise. La moto est aboutie et le boulot c’est à moi de le faire pour l’instant. Il n’y a pas à retourner la moto dans tous les sens, je pense qu’au fur et à mesure des années, ils ont déjà fait ça. »

Lors des deux journées de test fin novembre à Jerez, tu réalisais – malgré une chute le premier jour – le 2e temps en 1’43.574, à 0.515 de Raffaele de Rosa sur MV Agusta. C’était 0.3 plus vite que le record du tour établi en 1’43.922 par Federico Caricasulo. As-tu été satisfait de ce premier contact avec l’équipe et la moto ?

« Oui. Il était très important d’aller faire ce test à Jerez en fin d’année, déjà pour ne pas gamberger pendant tout l’hiver dans le doute. Ce qui est sûr, c’est qu’on n’a absolument pas cherché à faire un chrono. Il y avait tellement de paramètres et de pièces à valider que je n’ai jamais fait plus de cinq tours consécutifs avec la même moto. Donc aller chercher un chrono dans ces conditions-là n’était pas possible. Et ce n’était surtout pas l’objectif.

« Je suis tombé le premier jour sur une tache d’eau, ce qui a ruiné ma journée entière. Le but était de faire des tours, de comprendre et d’essayer toutes les pièces qu’il y avait à tester, donner un ordre d’idée du travail à faire à l’équipe pour l’hiver.

« MV avait un pilote qui connaissait la moto par cœur, avec déjà l’expérience d’une saison. Je pense que lui a vraiment poussé pour faire un chrono, d’ailleurs il a chuté après l’avoir réalisé.

« Non, je n’étais pas inquiet des chronos, je n’ai pas plus de soucis que ça et pour l’instant le premier contact s’est bien passé. Maintenant, c’est sûr qu’il y a beaucoup de choses à modifier dans ma façon de piloter car les deux motos sont complètement différentes.

« Le point fort de la Kawasaki pour moi ce sont vraiment les freinages, elle a une stabilité incroyable sur les gros freinages droits. Le train avant me parait aussi vraiment bien. Je n’ai pas encore réussi à le cerner entièrement, mais j’ai vu qu’il avait de nets avantages comparé à la R6. Tout ce qui me pose problème actuellement, c’est le milieu et la sortie du virage, mais j’ai fait très peu de tours en deux jours, or il faut du temps pour comprendre comment ça fonctionne, mais il n’y a pas de gros problème. Ce n’est pas une mauvaise moto et je pense que j’aurai du matériel pour me battre devant ».

En annonçant ton arrivée, Puccetti a précisé que « Mahias s’est associé à l’équipe de Manuel Puccetti pour un contrat d’un an, avec une option dans le cas du passage de Lucas en Championnat du Monde Superbike et avec un renouvellement automatique en cas de victoire au Championnat du monde Supersport ». Cela signifie quoi précisément pour 2020 ?

« Moi, ce que je sais surtout, c’est que j’ai un objectif l’année prochaine qui est d’être Champion du Monde. 2018 se termine et mon but c’est 2019. On verra alors en milieu de saison ce qu’il en est. Je sais que si je fais du bon boulot, si je fournis un travail correct, j’aurai ma place chez Kawasaki pour 2020 et pour le futur. Maintenant c’est juste à moi d’assurer.

« Dans quelle catégorie ? Je ne sais pas. Je ne ferai pas tout pour aller en Superbike. Aller en WSBK sur une moto qui n’est pas gagnante, ça ne m’intéresse pas. Je ne veux pas courir dans n’importe quelle condition. Sinon je serais resté chez Yamaha, en SBK sur la R1 avec le Team GRT. Ce n’est absolument pas une fin en soi que d’aller en Superbike. Je préfère me battre pour le titre mondial en Supersport que pour une dixième place en Superbike. »

 

Photos extraites des pages Facebook de Lucas Mahias et Kawasaki Puccetti Racing

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